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Les phénotypes corporels en disent beaucoup sur l’état de santé d’une personne, mais pas tout, selon une nouvelle recherche de l’Université Concordia

Les résultats d’une analyse de données sur la masse musculaire et la masse adipeuse réalisée auprès d’un vaste échantillon de population n’offrent qu’un aperçu limité des risques cardiométaboliques
25 janvier 2023
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Sylvia Santosa dans son laboratoire
Sylvia Santosa:« Nous souhaitions découvrir si la catégorisation proposée allait s’avérer plus efficace que l’indice de masse corporelle pour prédire ces résultats cardiométaboliques ».

Dans le cadre d’une récente étude sur les phénotypes corporels – soit l’ensemble des traits observables, comme la taille, le comportement, l’apparence et d’autres caractéristiques mesurables – des chercheuses de Concordia ont découvert qu’une masse adipeuse élevée est associée à une santé globale déficiente, et ce, quelle que soit la masse musculaire de la personne.

Publiés dans le journal Preventive Medicine, leurs résultats se fondent sur des données tirées d’une recherche longitudinale menée aux États-Unis. L’objectif consistait à montrer qu’une importante masse musculaire ne suffit pas à compenser les effets néfastes qu’exerce sur la santé métabolique une adiposité – ou quantité de tissu adipeux – excessive.

Aux fins de l’étude, l’équipe s’est appuyée sur des données provenant du NHANES, un échantillon transversal représentatif de la population américaine constitué à partir de données recueillies de 1999 à 2006. La collecte de données a été réalisée par absorptiométrie à rayons X en double énergie, un cadre diagnostique analysant l’adiposité et la masse musculaire. Selon qu’elles se situaient au-delà ou en deçà du 50e percentile, les personnes participantes étaient classées dans une des quatre catégories de phénotypes suivantes : faible adiposité/masse musculaire élevée, adiposité élevée/masse musculaire élevée ou faible adiposité/faible masse musculaire.

L’équipe a étudié le lien entre ces phénotypes et divers facteurs, dont les taux de lipides (y compris le cholestérol et les triglycérides), la glycémie et la pression artérielle. Les résultats ont été pondérés en fonction de l’âge, du sexe, de la race et du niveau d’éducation.

« Nous souhaitions découvrir si la catégorisation proposée allait s’avérer plus efficace que l’indice de masse corporelle (IMC) pour prédire ces résultats cardiométaboliques », indique Sylvia Santosa, professeure agrégée au Département de santé, de kinésiologie et de physiologie appliquée et coauteure de l’étude.

Contre toute attente, l’équipe a découvert que l’IMC, un indicateur pourtant très imparfait, se révélait dans certains cas un meilleur prédicteur des risques cardiométaboliques, comme le diabète et l’hypertension.

Les auteures de l’étude sont Lisa Kakinami, professeure agrégée et diplômée de Concordia, l’étudiante Sabine Plummer, actuelle boursière Rhodes de Concordia, la doctorante Jessica Murphy ainsi que Tamara Cohen, professeure adjointe à l’Université de la Colombie-Britannique.

Les avantages de l’IMC

Malgré tout, l’analyse des données recueillies a mené à plusieurs constats significatifs. Notamment, en comparant les sujets de la catégorie « faible adiposité/masse musculaire élevée » à ceux des autres groupes, l’équipe a fait les observations suivantes :

  • Dans les deux groupes de personnes ayant une adiposité élevée, les sujets étaient moins susceptibles de faire de l’activité physique et d’avoir de saines habitudes alimentaires, et plus susceptibles d’afficher un taux anormal de lipides.
  • Les personnes du groupe « adiposité élevée/faible masse musculaire » présentaient des taux globaux de cholestérol plus élevés, de faibles niveaux de cholestérol non-HDL (le « bon » cholestérol) et un faible apport en nutriments. En outre, ces personnes étaient de 56 à 66 pour cent moins susceptibles de suivre les recommandations en matière d’activité physique sur une base hebdomadaire.
  • Les personnes du groupe ayant une adiposité et une masse musculaire élevées obtenaient des résultats insatisfaisants dans toutes les mesures concernant l’adiposité et les fonctions cardiométaboliques. Elles présentaient également un plus faible apport en nutriments. De plus, ces sujets étaient de 49 à 67 pour cent moins susceptibles de respecter les recommandations en matière d’activité physique; ils étaient environ 80 pour cent plus prédisposés à l’hypertension et étaient de 23 à 35 pour cent plus susceptibles de dépasser l’apport quotidien recommandé en gras saturés. De façon générale, les personnes associées au phénotype « adiposité élevée/masse musculaire élevée » étaient les moins enclines à suivre les recommandations en matière d’activité physique et d’apport nutritionnel; elles couraient également un risque accru de présenter des problèmes de santé d’ordre cardiométabolique.
  • Les personnes du groupe « faible adiposité/faible masse musculaire » affichaient un IMC et un tour de taille significativement plus faibles. Parmi les quatre phénotypes étudiés, ce groupe se classait au dernier rang pour ce qui est de la force de préhension.

« Lorsqu’il s’agit d’estimer le risque cardiométabolique d’une population donnée, l’IMC constitue un moyen rapide et bon marché d’obtenir un portrait réaliste de la situation », conclut la Pre Santosa, Chaire de recherche du Canada, Nutrition clinique.

Lisez l’article cité : Body-composition phenotypes and their association with cardiometabolic risks and health behaviours in a representative general US sample



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