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Le bonheur et l’estime de soi des enfants dépendent fortement de leurs amis, selon un chercheur de Concordia

Le psychologue William Bukowski affirme que des relations solides avec les pairs sont un bon indicateur de la stabilité émotionnelle et de la perception positive de soi
4 septembre 2019
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William Bukowski : « Les enfants qui sont appréciés de leurs pairs sont protégés de multiples formes de risques. »
William Bukowski : « Les enfants qui sont appréciés de leurs pairs sont protégés de multiples formes de risques. »

Les jeunes adolescents peuvent avoir une vie émotionnelle chaotique, vivant des hauts et des bas à quelques heures d’intervalle. Certains affichent cependant une volatilité émotionnelle plus importante que d’autres.

Pourquoi? La réponse se trouve probablement du côté de leurs amitiés, selon une récente étude codirigée par William Bukowski, professeur de psychologie à la Faculté des arts et des sciences et titulaire de la chaire de recherche de l’Université Concordia en développement des jeunes adolescents.

« De nombreuses études montrent que les contacts avec les pairs pendant l’enfance sont le meilleur indicateur du bien-être à l’âge adulte, explique le professeur.

Tout indique que les enfants qui sont appréciés de leurs pairs ou entretiennent des amitiés solides jouissent d’une protection contre de multiples formes de risques. »

L’étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Psychologica Belgica, portait sur les expériences au quotidien d’un groupe de jeunes adolescents et sur la fluctuation de leur niveau d’anxiété au cours d’une journée comme les autres. 

M. Bukowski et sa coautrice, Sabine Nelis, boursière postdoctorale à l’Université Concordia venue de l’Université catholique de Louvain, en Belgique, ont évalué 94 enfants de cinquième et sixième années (âge médian : 10,8 ans). Ils leur ont posé des questions cinq fois par jour pendant quatre jours consécutifs. Les jeunes fréquentaient une école anglophone de la région de Montréal qui accueille des élèves de tous les groupes socioéconomiques.

« Nous leur avons posé des questions sur leurs émotions, positives et négatives. Nous cherchions à savoir ce qui fait fluctuer leur niveau d’anxiété », relate le professeur.

Les chercheurs ont également analysé des données tirées de questionnaires remplis par les élèves. Les questions portaient sur leurs émotions, leur degré de popularité, leur estime de soi et l’évaluation qu’ils faisaient de leurs pairs selon divers critères.

L’amitié, gage de stabilité

L’analyse des données a révélé que les enfants qui sont appréciés de leurs pairs et présentent des liens d’amitié solides sont plus susceptibles de déclarer un affect positif (en d’autres mots, des sentiments heureux) et moins susceptibles de déclarer un affect négatif que les enfants qui sont moins bien entourés. Surtout, les enfants qui avaient des amis affichaient également de moins grandes fluctuations de leurs expériences émotionnelles. Plus précisément, ces enfants étaient beaucoup moins susceptibles d’indiquer un affect négatif et de passer d’un extrême à l’autre dans leurs émotions.

« Les résultats de l’étude montrent clairement que les amitiés pendant l’enfance agissent comme des fondations, explique M. Bukowski. Ils atténuent les variations et favorisent la stabilité. »

Le chercheur souligne qu’une instabilité constante chez l’enfant peut avoir des conséquences à long terme. Outre un sentiment général d’insatisfaction, elle peut entraîner des effets physiologiques, comme une érosion du système de réaction au stress de l’organisme. C’est pour cette raison que les chercheurs sont partis de l’hypothèse que la stabilité émotionnelle est positive dans l’ensemble.

Être seul, ce n’est pas la fin du monde

M. Bukowski souligne que les enfants qui sont moins populaires auprès de leurs pairs ne sont pas toujours à risque.

« Tout parent doit savoir que chaque enfant se retrouve sans ami à un moment ou à un autre. Ainsi va la vie, tout simplement. De même, chaque enfant se fait un ami à un moment ou à un autre. Les enfants doivent absolument réfléchir au type d’amis qu’ils recherchent et à l’équilibre général dans leurs relations. »

Il ajoute que les parents peuvent aider leurs enfants en leur demandant, au début de l’année scolaire, quel type d’amis ils veulent avoir. Cherchent-ils des amis qui sont populaires, ou des amis qui ont des centres d’intérêt, des habiletés et des valeurs semblables aux leurs?

Le chercheur espère pousser plus loin ses travaux en utilisant la même approche auprès d’enfants jugés à risque, en particulier ceux qui proviennent de milieux défavorisés et les réfugiés.


Lire l’étude citée (en anglais seulement) : « 
Daily Affect and Self-Esteem in Early Adolescence: Correlates of Mean Levels and Within-Person Variability »

 



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