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Anthony Di Mascio, Ph.D.

Dr. Lorraine O’Donnell

Professeur agrégé, Faculté des sciences de l’éducation, Université Bishop’s

février 2020

Quel est l’objet de vos recherches à l’heure actuelle?

Mes recherches actuelles portent sur une analyse historique des systèmes scolaires distincts au Canada. Je m’intéresse particulièrement à l’influence qu’a eue l’article 93 de la Constitution canadienne, lequel garantit une éducation religieuse à certains groupes au sein de la population du pays. J’examine l’impact de l’article sur l’évolution de l’enseignement public et m’interroge sur les motifs qui incitent certaines provinces à continuer de soutenir la séparation des écoles. Il s’agit certes d’un débat contemporain; j’essaie toutefois de mieux cerner le contexte du 19e siècle dans lequel l’article 93 a été pensé, ainsi que la manière dont les tribunaux l’ont interprété depuis l’époque.

Ces recherches me servent en outre à étoffer un projet connexe, dans lequel j’envisage la fin de l’enseignement confessionnel au Québec – une province où le système scolaire a connu de profonds changements entre les années 1960 et 1990. J’examine l’opinion publique pour ce qui est de mettre fin à l’enseignement confessionnel, et je la juxtapose au discours politique entourant l’école laïque au Québec. Cela suppose de prendre en considération la mesure dans laquelle le consensus qui a finalement émergé dans les années 1990 était basé sur un maintien des droits des minorités, anciennement appelés « droits des protestants », au sein des nouvelles commissions scolaires linguistiques. J’explore les conséquences possibles que cette prise de conscience peut avoir sur les droits des minorités en matière d’enseignement dans le Québec d’aujourd’hui.

Quelles est la valeur de la recherche en sciences de l’éducation dans le contexte social actuel?

Que ce soit pour mieux comprendre la situation d’hier ou contribuer à une prise de décisions éclairées aujourd’hui, il importe de recadrer les débats contemporains en matière d’éducation dans leur contexte historique. Par exemple, dans le cas du projet de loi 40 sur l’abolition des commissions scolaires, il n’est pas possible de saisir tout à fait ce que cela signifie sans comprendre les raisons pour lesquelles les commissions scolaires ont été créées en premier lieu.

Cela ouvre la porte à un univers de débats entourant la centralisation – ou la décentralisation – des pouvoirs, une discussion qui dure depuis l’avènement de la scolarité de masse au 19e siècle. Je crois que ce type de recherche est particulièrement important pour les anglophones et leur compréhension des droits historiques accordés aux minorités linguistiques en matière d’enseignement, à savoir notamment en quoi les lois modernes reflètent ces droits ou, au contraire, vont à l’encontre de ceux-ci.

Que révèlent vos recherches à propos de la situation des anglophones des Cantons de l’Est?

Sur le plan de l’éducation, la population anglophone des Cantons de l’Est a eu à faire face à des enjeux comparables à ceux avec lesquels ont dû composer d’autres groupes ailleurs dans la province. Toutefois, les townshippers constituent une population de plus en plus vulnérable. De vaste majorité au 19e siècle, les anglophones des Cantons de l’Est ne représentent aujourd’hui qu’une petite minorité. En conséquence, les questions entourant la communauté et sa vitalité prennent une tout autre signification. En effet, de leur propre aveu, les anglophones de cette région ont de moins en moins la parole et l’énergie requises en tant que communauté pour militer ou défendre leurs droits.

Avez-vous fait des découvertes surprenantes dans le cadre de vos travaux?

Historiquement parlant, j’ai été étonné du nombre de parents des Cantons de l’Est habitant le long de la frontière canado-américaine – tant francophones qu’anglophones – qui envoyaient leurs enfants à l’école publique aux États-Unis plutôt qu’au Canada. Jusque dans les années 1970, des autobus scolaires du Vermont venaient même au Québec pour cueillir et déposer des écoliers dans leur communauté.

Il est en outre surprenant de constater toute l’importance qu’accordent les parents anglophones d’aujourd’hui, dans les Cantons de l’Est, au choix de l’établissement scolaire que fréquenteront leurs enfants, étant donné qu’ils ont accès à la fois aux écoles francophones et anglophones. Beaucoup d’enfants amorcent leur scolarisation dans le système anglophone, puis passent au système francophone afin de devenir parfaitement bilingues. Les parents veulent soutenir le système scolaire anglophone, mais s’ils ont la possibilité d’augmenter de façon substantielle les chances de prospérité de leurs enfants en leur faisant fréquenter le système francophone, cette considération revêt alors une très grande importance.

Participez-vous à d’autres projets à l’heure actuelle?

Je suis membre du conseil consultatif de QUESCREN ainsi que de la Table d’éducation interordres (ILET). Je siège depuis tout récemment au comité du programme de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques. J’y représente la communauté anglophone du Québec.

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