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Branché sur la communauté

En conversation —  Valerie MILLETTE et Alison STEVENS

Écoutez le balado

Valerie Millette and Alison Stevens

Caché au 6e étage du pavillon Hall au centre-ville, le modeste bureau de Valerie Millette ressemble aux dizaines d’autres éparpillés sur les deux campus de l’Université. Cependant, tout visiteur réalise rapidement qu’il vient de pénétrer au cœur d’une tradition de bénévolat qui remonte aux origines de Concordia.

En outre, pour mesurer la compassion et l’engagement d’une communauté envers le reste du monde, il pourrait être utile de calculer son nombre de bénévoles. Justement, à Concordia, le Centre LIVE serait un bon indicateur.

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Un centre unique

 

Après avoir attrapé la piqûre du bénévolat, Mme Millette a décidé de nourrir sa passion en suivant une maîtrise en management à l’École de gestion John-Molson. Son sujet de mémoire : accroître la motivation et la satisfaction des bénévoles.

Aujourd’hui coordonnatrice du Centre de bénévolat LIVE, elle est bien consciente de la tradition qu’elle doit perpétuer. Premier du genre parmi les universités québécoises, le Centre propose à la fois des ressources et des occasions de bénévolat sur les deux campus, à Montréal et même à l’étranger.

En plus de répondre aux demandes et d’agir comme personne-ressource,Mme Millette anime régulièrement des ateliers et conseille les professeurs et le personnel pour qu’ils profitent pleinement du Centre.

« Les étudiants viennent non seulement pour se renseigner, mais aussi pour se faire guider, ajoute-t-elle. »

En outre, les professeurs et le personnel peuvent s’adresser au Centre pour prendre contact avec des étudiants motivés par le bénévolat.

 

Retour aux sources

 

Avant de déménager à Montréal, Mme Millette a vécu sa première expérience de bénévolat avec l’organisme de repas à domicile Meals on Wheels, grâce auquel elle apportait nourriture et réconfort aux personnes âgées seules. Cette initiative, admet-elle aujourd’hui, était également stratégique tant sur le plan personnel que professionnel. Comme nombre d’étudiants, elle voulait « expérimenter et voir ce qu’elle pouvait en retirer ».

Depuis, son parcours fulgurant lui a valu d’assumer bénévolement les rôles de coordonnatrice, de recruteuse, de formatrice et de membre de différents conseils et de comités sans but lucratif.

Dernièrement, sa passion a connu un retour aux sources auprès des personnes âgées, à qui elle va chaque semaine tenir compagnie.

 

Un centre qui voit grand

 

Durant sa première année d’activité sous la direction de Valerie Millette, le Centre LIVE de Concordia a servi plus de 1 200 étudiants. Quelque 600 autres ont également bénéficié d’une consultation personnalisée pour les aider à profiter au maximum des possibilités de bénévolat répondant à leurs compétences, à leurs intérêts et à leurs objectifs.

Le site Web du Centre LIVE et sa page Facebook attirent pour leur part des milliers d’autres visiteurs qui découvrent et partagent de l’information sur leur façon de redonner à la collectivité.

 

 

En conversation — Au-delà des manchettes

 

Au cours d’une rencontre aussi éclairée que passionnée à Concordia,Valerie Millette et Alison Stevens ont abordé les défis et le pouvoir de transformation du bénévolat.

À l’instar des technologies, les besoins des bénévoles évoluent en fonction de la démographie et de l’engagement des entreprises au pays. Les individus et les organisations qui redonnent à la collectivité continuent toutefois d’en retirer un mérite durable.

Alison Stevens dirige le Centre d’action bénévole de Montréal (CABM), qui célébrera son 75e anniversaire en 2012, alors que le Centre LIVE deValerie Millette vient tout juste d’achever sa première année d’activité.

Informer le monde

Mme Stevens souligne d’entrée de jeu qu’« il serait fantastique que chaque université possède une sorte de centre de bénévolat […], parce que [le CABM] n’est pas spécialisé dans le milieu universitaire […] et n’a pas l’expérience ni les connaissances nécessaires à ce sujet. »

En outre, les deux femmes précisent qu’elles travaillent toutes deux activement à promouvoir le bénévolat.

A. S. : Nous élargissons notre rôle […] pour qu’il devienne éducatif et permette d’informer le public et les organismes des meilleurs moyens d’encourager le bénévolat […] et d’en enrichir l’expérience.

V. M. : Le Centre LIVE joue un rôle semblable […]. Il collabore avec du personnel désireux de stimuler le bénévolat et [d’appliquer] les meilleures pratiques en matière de gestion de bénévoles.

Combler le fossé

Mmes Millette et Stevens discutent ensuite de Combler les lacunes, étude menée en 2010 sur le bénévolat au Canada, et des stratégies pour satisfaire tant les besoins des organismes que les objectifs personnels et professionnels des bénévoles.

Évoquant ses débuts dans le milieu, Mme Millette affirme que la plupart des étudiants « souhaitent développer leurs compétences. Il y a par conséquent une plus forte demande pour ce genre de projet. […] Malheureusement, les occasions de bénévolat […] ne sont généralement pas axées sur des aptitudes 
particulières. »

Une partie de son travail consiste donc, conclut-elle, à faire en sorte que les organismes comprennent mieux les aspirations des étudiants bénévoles afin de réduire ce fossé.

Mme Stevens acquiesce et ajoute que de nos jours, « les jeunes, les professionnels et les nouveaux retraités recherchent un engagement à court terme. Ils souhaitent voir les effets de leurs actes, tandis que les bénévoles traditionnels […] sont juste heureux d’apporter leur aide à long terme. »

S’enrichir de compétences générales

Même si la plupart des étudiants s’intéressent au bénévolat principalement pour acquérir de l’expérience et des compétences, Mme Stevens précise qu’ils apprennent souvent bien plus qu’ils ne le pensaient. En fait, suggère-t-elle, ils devraient faire constamment preuve d’ouverture face à ce que le bénévolat leur apportera.

A. S. : Il est très difficile d’inculquer des compétences générales. Or, l’un des avantages du bénévolat est de travailler […] en équipe […] pour développer de précieuses aptitudes en communication.

V. M. : Les compétences générales dont vous parlez sont ce que j’appelle des compétences transférables, mais il s’agit de la même chose. C’est justement ce que je veux faire comprendre à mes étudiants […] : réfléchir aux aptitudes dont ils auront besoin pour décrocher un emploi […]. Car même s’ils aspirent à se spécialiser dans les TI, à faire partie d’un laboratoire pharmaceutique ou à devenir ingénieurs, ils devront travailler en équipe.

Concordia, une université multiculturelle

Durant l’échange, Mme Stevens décrit les profonds changements démographiques et culturels qui n’appuient plus le modèle traditionnel du bénévolat canadien. Le vieillissement de la population, par exemple, accroîtra la pression exercée sur les organisations bénévoles. L’immigration joue également un rôle dans cette évolution. En effet, même si les nouveaux Canadiens se portent volontiers volontaires, ils le font pour des causes et des raisons différentes.

Mme Millette ajoute que Concordia accueille des étudiants de plusieurs dizaines de pays, mais que ceux-ci se heurtent à de nombreux obstacles. Les étudiants internationaux, par exemple, font face à une barrière linguistique de taille – en anglais comme en français – et doivent être soigneusement guidés vers les organisations pertinentes. Et malgré leur bonne volonté, ils ont d’autres défis à relever, tels que le manque d’expérience de travail au Canada.

« Même si nous avons des ressources, il est nécessaire […] d’accroître le nombre d’organisations qui accueillent les étudiants internationaux, les nouveaux immigrants et les différentes générations […] afin de mieux intégrer les gens et de les préparer à affronter ces défis au cours des prochaines années. »

Les super bénévoles

La génération qui a précédé les bébé-boumeurs a produit un grand nombre de« super bénévoles » reconnus pour avoir consacré énormément de temps, d’argent, de compétences et d’énergie aux organisations à but non lucratif.Mme Stevens nous avertit que ces donateurs exceptionnels n’ont pas eu de relève.

En effet, explique-t-elle, « la diversité de cultures, de valeurs et d’intérêts » provoque un changement radical dans le bénévolat, et c’est aux organisations qu’il revient de s’adapter pour répondre aux besoins futurs.

Du point de vue de Concordia, Mme Millette se montre à son habitude optimiste : « Je vois tellement d’étudiants qui veulent s’impliquer ou qui apportent déjà leur contribution. Beaucoup sont même prêts à créer leurs propres projets si aucun ne convient à leurs attentes. »

« Cette génération, plus jeune, conclut-elle, est loin d’être apathique. »

 

Alison Stevens

Alison STEVENS

Bénévole depuis toujours, Alison Stevens a commencé comme aide-infirmière dans un hôpital torontois. Elle est aujourd’hui directrice générale du plus vieux centre de bénévoles du Canada, le Centre d’action bénévole de Montréal (CABM), qui collabore avec près d’un millier d’organisations.

Les questions d’environnement, d’éducation, de justice sociale et de santé qu’elle a défendues au sein de sa collectivité l’ont amenée à suivre une maîtrise en intervention dans les systèmes humains à Concordia. Elle a ensuite été consultante dans les secteurs public et privé avant d’entrer au service du CABM. Elle est actuellement présidente du Conseil consultatif des centres d’action bénévole de Bénévoles Canada et vice-présidente de l’association Administrateurs canadiens des ressources bénévoles.

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