Les projets d’urbanisme promettent souvent de donner la parole aux communautés, mais dans quelle mesure la participation citoyenne influe-t-elle réellement sur le cours des choses? Gideon Abagna Azunre, doctorant au Département de géographie, urbanisme et environnement, a cherché à répondre à cette question en étudiant divers programmes internationaux, dont le programme Greater Accra Resilient and Integrated Development (GARID). Cette initiative de la Banque mondiale vise à réhabiliter les bidonvilles d’Accra, au Ghana.
Les conclusions de M. Azunre révèlent une réalité complexe. Les réunions, les comités et les plateformes numériques visent à impliquer les résidents dans ce type d’initiatives. Or, beaucoup estiment que leur participation n’a pas vraiment de poids, et évoquent la fatigue, les pressions politiques et l’influence écrasante des bailleurs de fonds internationaux.
Dans cet entretien, M. Azunre présente les conclusions, les défis et les recommandations émanant de ses recherches.
Qu’est-ce qui vous a incité au départ à étudier les processus participatifs liés à la revitalisation des quartiers informels, en particulier à Accra?
Gideon Azunre: Ayant grandi dans différentes villes du Ghana (Bolgatanga, Tamale et Kumasi), j’ai été frappé par l’ampleur des bidonvilles et le désintérêt flagrant des autorités nationales et municipales à leur égard. Accra est encore plus problématique, car c’est la capitale du pays et la principale destination des migrants pauvres, en particulier ceux venant du nord, d’où je suis originaire. Bien que ces quartiers offrent à des millions d’habitants des logements abordables, leur gouvernance peut être brutale, se manifestant entre autres par des expulsions et des expropriations militarisées.
Mes recherches doctorales portent sur l’élaboration de stratégies inclusives et équitables permettant la revitalisation de ces quartiers. La rénovation participative des bidonvilles, souvent financée par des fonds internationaux, est largement saluée dans les milieux universitaires et politiques. Je me suis demandé dans quelle mesure ces programmes étaient réellement « participatifs » et comment les résidents vivaient les processus de planification, de conception et de mise en œuvre.
Mon travail s’appuie sur une perspective décoloniale du Sud, une approche orientée vers l’action qui s’oppose aux structures de pouvoir dominantes et exclusives dans les sociétés postcoloniales. L’objectif est de fournir des preuves détaillées sur la manière dont les programmes financés par la Banque mondiale et ONU-Habitat fonctionnent dans des contextes informels. Cette démarche remet en question les approches courantes en matière de participation, et ce, en mettant l’accent sur les expériences des résidents et en renforçant leur influence dans les processus essentiels à leur survie.
Ces communautés sont souvent confrontées à des inégalités intersectionnelles liées à l’ethnicité, au genre et au revenu. Dans ce contexte, mes recherches mettent en lumière des moyens culturellement adaptés pour impliquer les groupes vulnérables.
Les recherches de Gideon Abagna Azunre portent sur l’élaboration de stratégies inclusives et équitables pour la revitalisation des quartiers urbains pauvres.
« La participation semblait souvent inclusive à première vue, mais elle était vécue très différemment par les résidents », témoigne Gideon Abagna Azunre.