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« Cette idée selon laquelle on est scientifique ou artiste est fausse »

Étudiante aux cycles supérieurs à Concordia, Bettina Forget œuvre à briser les stéréotypes sur les STIM.
May 1, 2017
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By Andy Murdoch


Bettina Forget s’est fixé une mission de longue haleine : attirer davantage de femmes en science grâce à l’art.

L’étudiante aux cycles supérieurs à l’Université Concordia est propriétaire et directrice de la galerie Visual Voice, établissement du centre-ville de Montréal qui sert à la fois d’atelier, de laboratoire de recherche et de lieu d’exposition. Il s’agit également de la seule galerie au Canada qui se consacre à l’exposition d’œuvres d’art ayant un lien avec la science.

Étant donné qu’un nombre croissant d’artistes intègrent la science dans leur travail, la galerie Visual Voice voit grandir sa réputation internationale. D’ailleurs, la galeriste reçoit de plus en plus de demandes de la part d’artistes canadiens et étrangers qui souhaitent exposer dans son petit local situé dans l’édifice Belgo.

Pour Bettina Forget, l’interaction entre la science et l’art est une nouvelle tendance. « Cela se fait déjà en Europe depuis un certain temps, mais c’est tout nouveau ici, explique-t-elle. Une foule d’artistes pleins d’avenir commencent à s’y intéresser.

« Je crois que les universités jouent un rôle très important, car, du point de vue des artistes, elles constituent un endroit idéal pour découvrir les différentes sciences et faire ce genre d’expérimentation », ajoute-t-elle.

« Un moyen détourné de réconcilier les femmes avec la science »

Sur le point de terminer sa maîtrise en éducation artistique, Bettina Forget commencera un doctorat à Concordia cet automne. À son avis, l’art est pour les femmes une voie d’accès à la science.

Ses travaux sont axés sur la question de savoir si la fusion de l’art et de la science pourrait renverser les stéréotypes qui empêchent souvent les femmes de choisir le monde de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM).

« Cette idée selon laquelle nous avons une nature essentielle d’un genre particulier ou encore de scientifique ou d’artiste – je pense qu’elle est foncièrement fausse », avance l’étudiante.

Les études montrent que, sur le plan scolaire, les filles sont aussi bonnes en sciences que les garçons. Pourtant, à l’adolescence, les filles ont tendance à s’orienter vers les arts plutôt que de choisir la physique, le génie ou l’informatique.

L’idée de faire entrer la science dans les arts constitue, aux dires de Bettina Forget, « un moyen détourné de réconcilier les femmes avec la science ».

« J’ai eu le coup de foudre »

Issue d’une famille d’artistes, la galeriste n’a jamais envisagé de choisir la science plutôt que l’art.

« D’ordinaire, les enfants doivent insister auprès de leurs parents pour aller dans une école d’art, affirme-t-elle. Pas moi, j’ai suivi la tradition familiale. »

Bettina Forget a fréquenté Central Saint Martins, un collège d’art et de design situé à Londres, en Angleterre. Elle a ensuite dirigé une agence de graphisme, fait de l’art et voyagé pendant une dizaine d’années avant de s’installer à Montréal. Son engouement pour la science lui est venu à Singapour après s’être acheté un télescope et inscrite à un club d’astronomie.

« J’ai eu le coup de foudre, raconte-t-elle. L’astronomie est si pratique et si visuelle. Je l’ai abordée du point de vue d’une artiste en art visuel ».

Après s’être installée à Montréal, Bettina Forget a assisté à un cours d’astronomie que suivait une connaissance à McGill. Devenue membre de la Société royale d’astronomie du Canada, elle a même présidé pendant un certain temps le RASC Montreal Centre, antenne de la société à Montréal.

Sa passion pour l’astronomie a été récompensée en 2016 lorsqu’elle est devenue chercheuse-résidente en art et science à l’Institut SETI, un centre international de recherche sur l’espace lointain situé en Californie.

« Tout s’emboîte désormais parfaitement »

Bettina Forget a ouvert la galerie Visual Voice il y a dix ans pour gagner de quoi payer son loyer. Mais elle a changé de cap et entrepris de faire dialoguer l’art et la science il y a deux ans, à peu près au moment où elle est entrée au programme en éducation artistique de Concordia.

« Tout s’emboîte désormais parfaitement, affirme la galeriste. Avant je m’éparpillais, alors qu’aujourd’hui, tout s’ajuste à merveille : mon travail artistique parle d’art, d’astronomie et de féminisme, et ma recherche y transparaît aussi. »

Selon elle, « il est intéressant de voir comment les artistes mêlent l’art et la science, et quelle relation ils entretiennent avec ce genre d’expérimentation. Le reste en découle. »

« Une dimension humaine à la recherche scientifique »

Bettina Forget participe à l’initiative Convergence, un projet qui met des étudiants en beaux-arts de Concordia en relation avec des neuroscientifiques du Programme en réparation du cerveau et en neurosciences intégratives (RCNI) de l’Université McGill. Dans le cadre de cette initiative, la galeriste a organisé une visite de sa galerie et assisté à des cours durant lesquels les étudiants et étudiantes présentaient leurs travaux.

« J’ai vraiment été très impressionnée de voir à quel point les étudiants en beaux-arts se sont plongés dans la recherche scientifique, raconte-t-elle. Ils ont compris le sujet en profondeur et trouvé une façon d’ajouter une dimension humaine à la recherche scientifique. Ce faisant, ils lui ont donné des formes intrigantes. »

Les œuvres d’art de l’initiative Convergence sont exposées à la galerie Visual Voice jusqu’au 20 mai.

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