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Une étoile de YouTube troque son succès viral pour une carrière en marketing numérique

Après avoir développé sa marque personnelle jusqu’à atteindre un million d’abonnés sur YouTube et collaboré avec des entreprises telles qu’Apple et Netflix, Sadie Aldis passe du statut de créatrice à celui de stratège
April 23, 2025
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Par Giordano Cescutti


Sadie Aldis « J’étais au sommet de ma vie, sur le plan tant professionnel que financier, mais je n’avais jamais été aussi malheureuse », se souvient Sadie Aldis.

Elle voulait simplement jeter un coup d’œil à son téléphone durant le cours, mais le chiffre qui s’affichait sur l’écran de Sadie Aldis a retenu son attention. Les yeux rivés sur l’écran, elle a donné un petit coup de coude à son amie pour lui montrer son cellulaire. Les yeux écarquillés, les deux adolescentes de 16 ans ont alors tenté de contenir leur joie devant l’exploit de Sadie : sa vidéo avait récolté 50 000 vues.

« C’est comme ça que ça se passe, comme tout le monde le dit, a déclaré son amie. Tu es en train de devenir célèbre. »

Sadie Aldis a balayé ce fantasme d’un sourire timide, mais au cours de la semaine suivante, il a commencé à se concrétiser. Au fil des heures, le nombre de ses abonnés a grimpé en flèche, dépassant les 75 000 en quelques jours. C’est à ce moment-là, dit-elle, que son adolescence a pris un nouveau tournant et que sa vie d’influenceuse a débuté.

« Je n’ai jamais eu de travail à temps partiel normal quand j’étais enfant, car j’ai toujours dirigé ma propre entreprise, explique-t-elle. J’avais besoin de créer, et j’étais tellement excitée d’avoir quelque chose qui m’appartenait entièrement et sur lequel je pouvais travailler. »

Après avoir passé son adolescence à se constituer une communauté d’admirateurs en tant que vlogueuse spécialisée dans les styles de vie, Sadie a atteint le million d’abonnés sur YouTube. Son ascension fulgurante s’est toutefois accompagnée d’une pression incessante, qui a fini par la mener à l’épuisement professionnel. Aujourd’hui âgée de 22 ans, la créatrice originaire de Burlington, en Ontario, s’éloigne des caméras pour se tourner vers le marketing numérique.

« Toute la chaîne était centrée sur ma vie : ce que je portais, ce que je mangeais, avec qui je sortais… Et j’avais toujours l’impression de ne pas en montrer assez, raconte-t-elle. On se sent observée, et je me suis dit que cela pourrait nuire à ma santé mentale à long terme. »

Une ascension fulgurante au rang d’influenceuse vedette

Alors qu’elle était encore au secondaire, Sadie Aldis a vu sa communauté virtuelle d’admirateurs croître de manière exponentielle, ce qui lui a valu un contrat de commandite avec Apple. À mesure que son influence grandissait, d’autres marques comme Netflix ont suivi. Mais ces contrats ne faisaient que renforcer son sentiment d’obligation.

Lorsqu’elle a été choisie comme égérie de la Banque TD pour une campagne publicitaire sur Instagram Reels en 2024, Sadie a dû se conformer à des exigences strictes qui ont nécessité quatre révisions de la vidéo. Contrairement à ses précédentes collaborations avec diverses marques, elle a dû travailler de concert avec l’équipe juridique de TD, fournir un scénarioapprouvé et s’assurer que ses vêtements correspondaient exactement à la nuance de vert requise.

Alors que sa notoriété grandissait au même rythme que le nombre de ses admirateurs, Sadie a commencé à faire l’objet de critiques universelles, sa vie étant exposée au grand jour par l’intermédiaire des mentions « J’aime », des vues et des commentaires sur sa chaîne.

« C’est comme si tout le monde pouvait consulter votre bulletin scolaire, ce qui est terrifiant, confie-t-elle. Cela ajoute une pression supplémentaire à tout ce que vous faites, et vous commencez à trop réfléchir à votre contenu. J’étais au sommet de ma vie, sur le plan tant professionnel que financier, mais je n’avais jamais été aussi malheureuse. »

Une nouvelle aventure numérique

Le 16 janvier 2025, Sadie Aldis a supprimé tous ses comptes sur les réseaux sociaux, à l’exception de YouTube, laissant une seule note sur son profil Instagram pour répondre aux spéculations et aux inquiétudes de ses admirateurs. Elle y annonçait la fin de sa carrière sur YouTube. La même semaine, elle a néanmoins refait surface en ligne, cette fois dans un cours de marketing numérique donné par Formation continue Concordia. Elle a ainsi décidé de se concentrer sur la création de marques plutôt que sur la promotion de sa propre image.

« Je savais comment commercialiser une marque personnelle et tisser des liens avec les gens, mais je voulais apprendre à commercialiser des produits et des services plutôt que ma personne », explique l’étudiante, qui s’est inscrite au programme de diplôme en marketing numérique de l’Université Concordia afin de poursuivre une carrière hors caméra dans le domaine du marketing stratégique. « J’ai une grande expérience des médias sociaux, mais je voulais combler mes lacunes, mieux comprendre mes connaissances et les maîtriser. »

Elle a notamment gagné en confiance grâce au cours Social Media – Strategies and ROI (« stratégies et retour sur investissement des médias sociaux »). Pour son projet final, Sadie a dû réaliser un audit complet des réseaux sociaux d’une marque existante. Elle a choisi d’analyser les comptes de The Pearle Hotel & Spa, situé à Burlington, en Ontario. Elle a ensuite élaboré un calendrier pour les réseaux sociaux de l’établissement en s’appuyant sur les fondements ducontenu afin d’accroître la notoriété de la marque et de répondre aux préoccupations de son public.

Cette approche structurée a complètement transformé le regard de Sadie sur la création de contenu.

« On obtient un cadre pour la production de contenu, indique-t-elle. C’est très différent du métier d’influenceur, où il suffit de se réveiller, de filmer tout ce qui se passe, puis de décider de ce qui vaut la peine d’être publié. Le fait d’établir un plan vous permet de savoir avec certitude quelle est votre voix, comment vous allez vous différencier, sur quelles plateformes vous allez publier et comment vous réutiliserez votre contenu. J’ai désormais le sentiment que je peux commercialiser n’importe quoi. »

Calendrier de Sadie Aldis pour les réseaux sociaux de The Pearle Hotel & Spa Calendrier de Sadie Aldis pour les réseaux sociaux de The Pearle Hotel & Spa

Des compétences d’influenceuse mises à profit

La confiance que Sadie a acquise grâce à son diplôme l’a incitée à lancer sa propre entreprise de gestion des réseaux sociaux. Moins de quatre mois après avoir annoncé la fin de sa carrière sur YouTube, elle a repris ses activités d’autopromotion. Espérant dévoiler son entreprise d’ici la fin du mois de mai, elle a élaboré un dossier de présentation destiné aux petites et moyennes entreprises, soit son nouveau public cible.

Pour se lancer, elle savait toutefois qu’elle devrait recadrer ses compétences d’influenceuse afin de surmonter les préjugés omniprésents qui, selon elle, dévalorisent ce métier.

« Je ne me contentais pas de filmer des vidéos pour YouTube, relate Sadie. Je m’occupais aussi du montage, de la production, de l’optimisation et de la promotion. Toutes ces activités, en combinaison avec les revenus tirés de la vente de mes produits sur Etsy, se sont traduites par des indicateurs de performance clés, dont les entreprises tiendront compte. »

Sadie attribue ces réalisations à sa mentore, Damali Thomas, responsable du référencement naturel à Scotiabank, avec qui elle a été jumelée dans le cadre du programme de diplôme. Ensemble, elles ont transposé le succès de Sadie en tant qu’influenceuse dans son profil LinkedIn remanié afin de mieux mettre en valeur ses compétences pertinentes.

« Je tenais à ce que Sadie mette en avant ses compétences, car je pense qu’elle doutait de son image d’influenceuse, précise Damali Thomas. Il n’y a pas beaucoup d’employés en marketing qui ont un million d’abonnés, alors je voulais qu’elle montre qu’elle connaît très bien ces plateformes et qu’elle a su fidéliser son public sur le long terme. Cette expérience d’influenceuse est très précieuse, car elle touche à de nombreux domaines du marketing. »

Dans le cadre de cette réorientation professionnelle, Sadie s’est spécialisée dans la création de contenu et le marketing d’influence. Si ces domaines constituaient autrefois pour elle une source de défis en matière de santé mentale, elle estime que c’est grâce au programme de diplôme qu’elle a pu trouver un nouvel équilibre.

« Chaque cours comportait une section consacrée à la santé mentale dans les médias sociaux, ce qui était vraiment novateur, se réjouit-elle. Les enseignantes et enseignants étaient conscients de ce qui pouvait arriver et voulaient nous aider à mener une carrière fructueuse à long terme, de manière saine. C’était vraiment spécial. »

La vidéo virale qui a propulsé Sadie Aldis au rang d’influenceuse est passée de 50 000 vues ce jour-là en classe à 5,4 millions aujourd’hui. Il s’agit d’un exploit qu’elle espère réitérer, mais cette fois-ci dans les coulisses.

« Je suis très reconnaissante de pouvoir tirer parti des compétences que j’aime, comme la création de contenu, la planification et l’élaboration de stratégies, sans que ma vie soit le centre de l’attention. »



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