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Qui est considéré comme multilingue? Une nouvelle étude de l’Université Concordia révèle que certaines personnes étudiantes hésitent dans leur réponse

Une personne sur cinq a indiqué manquer de confiance dans ses autres langues, même en répondant aux normes de compétences universitaires
December 15, 2025
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Trois femmes portant des lunettes de soleil, debout à l'extérieur, devant des cactus et diverses plantes. « Aucun membre de notre communauté ne devrait sentir qu’une langue utilisée – peu importe le degré de compétence – n’est pas un atout », affirme Heike Neumann. Dans la photo, l'équipe MUSE : Sandra Zappa-Hollman (UBC), Heike Neumann (Concordia) et Saskia Van Viegen (Université York), lors du symposium sur l'écriture en langue seconde à l'Université d'État de l'Arizona en octobre 2023.

Une nouvelle étude menée par le Département des sciences de l’éducation de l’Université Concordia révèle que pour de nombreuses personnes étudiantes, le fait de parler plusieurs langues ne signifie pas nécessairement être bilingue ou multilingue.

Dans le cadre d’un projet collaboratif entre trois universités canadiennes, l’équipe de recherche a sondé 173 personnes inscrites à des cours de soutien en anglais, y compris celui d’anglais, langue seconde, et celui d’apprentissage de l’anglais comme langue d’étude. Tous les répondants et répondantes satisfaisaient aux normes de compétences en anglais pour les études universitaires et parlaient au moins une autre langue.

Alors que l’équipe de recherche s’attendait à ce que les participants se définissent comme étant bilingues ou multilingues, elle a obtenu des résultats inattendus : une personne étudiante sur cinq a déclaré qu’elle ne se considérait pas comme multilingue ou qu’elle n’était pas sûre de l’être. 

« Cela nous a vraiment étonnés », commente Heike Neumann, professeure au Département des sciences de l’éducation de Concordia. « Ces étudiantes et étudiants sont clairement multilingues; alors pourquoi ne le pensent-ils pas? »

Qu’entend-on par « parler assez couramment une langue »?

Pour la plupart des 20 % de personnes qui hésitent à se dire bilingues ou multilingues, les réticences découlent d’un manque de confiance dans les compétences en anglais. Ces personnes se disent inquiètes de faire des erreurs; elles se comparent à des modèles imaginaires de locuteurs natifs et ont souvent l’impression de ne pas parler assez couramment, ce qui les empêche de satisfaire à leurs propres critères internes en matière de multilinguisme.

Certains nouveaux arrivants dont la langue maternelle n’est pas l’anglais ont déclaré avoir vécu un choc culturel en réalisant que la préparation linguistique fondée sur des tests, comme les examens du Système international d’évaluation de la langue anglaise (IELTS), ne les avait pas forcément préparés à la façon dont l’anglais est utilisé dans leur nouvel environnement universitaire. 

Le contexte est également un facteur important. Par exemple, une étudiante pensait que le multilinguisme à Montréal prendrait la forme d’un bilinguisme parfaitement équilibré entre le français et l’anglais. Or, bien que parlant plusieurs langues, elle ne pense pas être considérée comme multilingue au Québec. Un autre étudiant a confié qu’il n’était plus certain de pouvoir considérer l’arabe comme sa première langue, après des années d’études en anglais.

« Cela illustre parfaitement à quel point les répertoires linguistiques peuvent être dynamiques et complexes au cours de la vie d’une personne », explique la professeure Neumann. 

Soutenir les identités multilingues dans l’enseignement supérieur 

Chaque année, les universités canadiennes accueillent des milliers d’étudiantes et étudiants multilingues. Un sentiment d’appartenance solide – notamment la fierté de parler sa propre langue – favorise la réussite universitaire et le bien-être (Rutgers et coll., 2024). 

Se considérer multilingue n’est pas seulement une question de ressenti personnel, sinon aussi une expérience façonnée par la communauté au sens large et par la façon dont les autres réagissent à l’utilisation de la langue (Ayres-Bennet et Fisher, 2022; Darvin et Norton, 2015). Les locuteurs très compétents jouent un rôle dans la création d’espaces où les locuteurs moins compétents se sentent à l’aise de parler (Griffiths et coll., 2025).  

L’équipe de recherche souligne que le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR) encourage la valorisation des « compétences partielles » et la reconnaissance des atouts interlinguistiques. En vertu de ce cadre, le multilinguisme englobe toutes les langues qu’une personne peut utiliser, même à des niveaux débutants.

Le CECR invite la communauté universitaire à adopter un « état d’esprit multilingue », dans lequel les locutrices et locuteurs compétents favorisent un environnement propice aux locuteurs moins compétents. 

« Aucun membre de notre communauté ne devrait sentir qu’une langue utilisée – peu importe le degré de compétence – n’est pas un atout », insiste Heike Neumann. 

L’équipe de recherche prévoit de concevoir un outil numérique gratuit qui aidera les personnes étudiantes multilingues à gérer la transition vers des études dans un idiome qui n’est pas leur langue principale.

« Le multilinguisme constitue non seulement une compétence, mais aussi un élément essentiel de l’identité », conclut la professeure Neumann.

 

Apprenez-en plus sur les recherches menées au Département des sciences de l’éducation.



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