Le processus s’articule autour de la réalisation d’un portfolio dans lequel les personnes candidates réfléchissent à leurs expériences et à leurs apprentissages.
« Après avoir soumis leur portfolio, les personnes candidates sont invitées à un entretien de validation avec un spécialiste du domaine, poursuit M. Cornu. Cet échange est en fait une conversation entre deux professionnels, qui s’assurent que les acquis de la personne intéressée cadrent avec les résultats d’apprentissage de la formation ».
Cette méthode permet aux personnes participantes de progresser plus efficacement vers leurs objectifs de carrière. Au lieu d’avoir à entreprendre des années d’études supplémentaires, elles peuvent démontrer en toute confiance que leurs compétences actuelles sont conformes aux normes de formation. Plutôt que de refaire des travaux de cours, elles peuvent attester que leurs compétences équivalent à celles enseignées dans un programme d’études structuré.
« Environ 200 000 personnes sont actuellement en recherche d’emploi au Québec, indique M. Cornu. Beaucoup d’entre elles possèdent déjà une expérience ou une formation appréciable, mais qui n’est pas nécessairement reconnue d’emblée par les employeurs. »
« La formation continue comme cadre de référence »
M. Cornu estime que le programme de reconnaissance des acquis s’inscrit dans un changement plus large quant à la manière dont les gens envisagent leur formation tout au long de leur carrière.
« Nous vivions auparavant dans une société où les parcours d’apprentissage étaient linéaires : nous naissions, nous allions à l’école, nous commencions à travailler, puis nous prenions notre retraite. Aujourd’hui, c’est plutôt un schéma itératif qui prévaut : nous fréquentons l’école pendant un certain temps, nous commençons à travailler, nous retournons aux études, nous reprenons le travail, et ainsi de suite », illustre-t-il.
Cette souplesse leur donne la possibilité d’obtenir une qualification étape par étape, notamment en mettant à profit le programme de reconnaissance des acquis et des compétences, les programmes de microdiplôme et les cours de perfectionnement afin de façonner leur parcours professionnel.
Par ailleurs, M. Cornu souligne que le concept de reconnaissance des acquis et des compétences existe sous diverses formes depuis des décennies.
« En Europe, il remonte au début du 20e siècle, et en Amérique du Nord, il est apparu juste après la Seconde Guerre mondiale, relate-t-il. L’idée n’est pas de remplacer les diplômes, mais de revoir la façon dont ils sont décernés. »
Créer des systèmes qui fonctionnent
M. Costanzo souligne que les entreprises ont un rôle à jouer dans la promotion d’une culture de l’apprentissage continu. En investissant dans l’éducation, elles peuvent en effet constituer des équipes plus fortes et plus résilientes.
La crise de la main-d’œuvre au Québec appelle une approche globale axée sur l’innovation, l’amélioration des compétences et la reconnaissance des acquis.
« Les gens vivent de la frustration lorsqu’ils ne se sentent pas reconnus à leur juste valeur », déplore M. Cornu. » La valorisation change la donne. Elle ouvre des portes et multiplie les possibilités.
M. Costanzo partage cet avis.
« Il ne s’agit pas simplement de pourvoir des postes, avance-t-il, mais de donner aux gens les moyens de s’épanouir. »