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Le diplômé en journalisme Bogdan Lytvynenko est le nouveau boursier Rhodes de Concordia

« Le formidable soutien que j’ai reçu m’a fait comprendre que je ferai toujours partie de la famille de Concordia. »
5 décembre 2023
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Par Ian Harrison, B.Comm 2001


Bogdan porte une chemise bleue à rayures et a des cheveux bruns courts. Bogdan Lytvynenko, B.A. 2023, est le nouveau boursier Rhodes de Concordia

Bachelier en journalisme de la promotion de 2023, Bogdan Lytvynenko a reçu une bourse Rhodes, l’une des plus anciennes et plus prestigieuses bourses d’études supérieures au monde. Il devient ainsi le douzième boursier Rhodes de l’histoire de Concordia et le premier depuis 2021.

Né en Ukraine, le récent diplômé du Département de journalisme a déménagé au Canada lorsqu’il avait 12 ans. M. Lytvynenko se joint à une brillante cohorte de 100 universitaires du monde entier — dont seulement deux du Québec et 11 du Canada — qui entreprendront des études supérieures à l’Université d’Oxford en 2024.

« La réussite de nos étudiantes et étudiants contribue à façonner notre réputation ici et à l’étranger », a déclaré le recteur Graham Carr aux diplômés rassemblés à l’occasion de la cérémonie de la collation des grades de l’automne tenue le 28 novembre. « Félicitations Bogdan! »

Andrea Hunter, directrice du département de journalisme, ajoute : « Nous sommes très fiers de Bogdan. C’était un étudiant et un membre de la communauté de Concordia tout à fait exceptionnel. Il était constamment parmi les premiers de sa classe et ses professeurs le reconnaissaient pour son intelligence, sa compassion et son dévouement. Je me souviens qu’un professeur l’a qualifié de « star » et je suis tout à fait d’accord avec lui. Il s’intéresse aux gens et à leurs histoires, et sa force réside dans son empathie et sa passion pour la narration. »

Tout juste après l’annonce de sa bourse, M. Lytvynenko s’est entretenu avec nous de son parcours à Concordia et, bientôt, à Oxford, ainsi que de ses projets d’études supérieures.

Bogdan Lytvynenko, boursier Rhodes. Qu’est-ce que cela signifie pour vous?

Bogdan Lytvynenko : Je n’oublierai jamais le jour où j’ai annoncé la nouvelle à ma famille au téléphone. La première chose que j’ai dite a été « Nous avons réussi! ». Je considère que cette bourse est le résultat du travail de tous les membres de ma famille, car ils m’ont soutenu sans relâche tout le long de mon parcours vers Oxford.

À l’âge de neuf ans, je suis allé étudier les langues pendant un été au Royaume-Uni, et j’ai rapporté un chandail d’Oxford en souvenir. J’étais loin de me douter que, 14 ans plus tard, je retournerais là-bas en tant que Québécois boursier d’Oxford!

Il m’a fallu quelques jours pour digérer la nouvelle, mais les premières réactions de Concordia m’ont fait chaud au cœur, c’est le moins qu’on puisse dire. J’ai reçu beaucoup de soutien de la part de professeurs et de personnes qui ont joué un rôle crucial pour que je puisse me rendre jusque-là. Je tiens tout particulièrement à exprimer ma gratitude à Aphrodite Salas (M.A. 1999), Andrea Hunter et Kristy Snell du Département de journalisme. Elles m’ont guidé tout au long de ce processus et m’ont grandement aidé à franchir cette étape clé de mon parcours scolaire et professionnel.

Je suis aussi reconnaissant à Graham Carr et à Julie Foisy, directrice du Centre de réussite universitaire. Leur soutien montre la volonté de Concordia de fournir un encadrement personnalisé à ses étudiants, à les guider et à les conseiller lorsqu’ils posent leur candidature pour une bourse. Bien que je sois maintenant diplômé, je me sens encore très lié à ce groupe de gens. Le formidable soutien que j’ai reçu au cours des derniers mois m’a fait comprendre que je ferai toujours partie de la famille de Concordia.

Parlez-nous de votre parcours et de votre enfance

B. L. : Je suis né et j’ai grandi à Dnipro, en Ukraine, et j’y ai passé mon enfance jusqu’à l’âge de 12 ans. Mon éducation a forgé mon caractère.

À cette époque, la danse sociale et la danse latine occupaient une place importante dans ma vie. J’ai d’ailleurs atteint la finale des championnats européens et j’ai remporté la médaille de bronze en duo aux championnats nationaux ukrainiens. Mon esprit compétitif, la sensation que procure l’adrénaline et le soutien indéfectible de ma famille se sont transposés dans mes études et m’ont aidé à surmonter bien des obstacles. Toutefois, en 2012, en raison de la corruption généralisée et de risques pour la sécurité de l’entreprise de mes parents en Ukraine, ceux-ci ont décidé de m’envoyer au Canada où vivait déjà ma sœur aînée.

À l’âge de 12 ans, j’ai pris l’avion seul de Dnipro pour Ottawa où j’ai commencé une nouvelle vie et où j’ai passé quatre ans éloigné de mes parents. Lorsque nous nous sommes finalement retrouvés dans cette ville et que nous sommes devenus citoyens canadiens, nous avons tous eu le sentiment d’avoir réussi quelque chose d’important.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous inscrire en journalisme à Concordia et quels aspects de votre parcours scolaire ont joué un rôle décisif pour le comité Rhodes?

Bogdan se tient devant une caméra, un micro à la main. Bogdan Lytvynenko a reçu la bourse Joan-Donaldson de CBC News en 2023.

B. L. : Mon intérêt pour les élections américaines de 2016, et particulièrement pour la course à la présidence entre Hillary Clinton et Donald Trump, a suscité chez moi une fascination pour la responsabilité des journalistes. J’ai été intrigué par le pouvoir qui découle du fait d’informer le grand public et de rendre les politiciens redevables en leur posant des questions difficiles.

Ma décision s’est affirmée lorsque j’ai participé aux journées portes ouvertes de Concordia. Le fait de rencontrer l’ancien directeur du département, David Secko, et de constater que la formation était ancrée dans le concret — ce dont témoignaient la présence d’un bureau de chef d’antenne et de cabines d’enregistrement radio — a été déterminant. La vie étudiante stimulante et la combinaison d’influences européennes et nord-américaines m’ont poussé encore davantage à choisir Montréal.

Pendant mes études, mon passage au journal The Concordian a joué un rôle crucial. J’y suis entré comme rédacteur en chef adjoint, puis je suis devenu le rédacteur en chef couvrant l’actualité et je m’y suis découvert une passion pour le journalisme international. Mon entrevue avec une étudiante afghane piégée à Kaboul pendant la reprise du pouvoir par les talibans m’a fait comprendre que les journalistes jouissent du pouvoir d’informer la planète. J’ai noué des liens avec cette personne, relaté sa fuite du pays et suis revenu sur cette affaire pour CTV, ce qui a mis en évidence la portée que peut avoir le journalisme.

Lors de ma dernière année, dans mes fonctions de directeur de la rédaction pour The Concordian, je me suis efforcé d’apporter des changements qui seraient profitables aux futures générations d’aspirants journalistes. À la suite de négociations avec le conseil d’administration, j’ai réussi à rénover notre environnement de travail, à implanter des technologies de pointe et à organiser le voyage en avion de notre équipe talentueuse vers Hamilton, en Ontario, où se tenait la NASH85, la plus importante conférence de journalisme étudiant au Canada. Ces réalisations ont été mentionnées dans ma candidature pour une bourse Rhodes.

Comment entrevoyez-vous le futur, à Oxford et par la suite?

B. L. : À l’Université d’Oxford, je souhaite faire une maîtrise en politique internationale, plus précisément en politique européenne ou en relations internationales. La guerre qui sévit dans mon pays d’origine, l’Ukraine, explique mon intérêt pour le sujet et ma motivation à l’explorer à fond.

Dans le cadre d’un échange étudiant, alors que j’étudiais à l’Universidad Carlos III, à Madrid, la capitale de l’Espagne, je me suis inscrit par pure curiosité à un cours intitulé Organismes internationaux. Nous sommes partis de principes théoriques pour ensuite examiner ce que les membres de la communauté internationale, y compris des organismes comme les Nations Unies et son Conseil de sécurité, peuvent faire pour prévenir les conflits, et quelles sont les responsabilités de chacun.

Un mois après le début des cours, la théorie a été rattrapée par la réalité. J’ai reçu un appel de l’Ukraine à 4 h du matin. Une de mes tantes m’a alors dit que la guerre avait commencé, et je pouvais entendre les sirènes d’alerte antiaérienne pendant qu’elle me parlait.

J’ai tout de suite pris conscience que je devais m’impliquer personnellement. La guerre a éveillé mon intérêt pour les relations internationales et m’a incité à examiner comment le Conseil de sécurité des Nations Unies pouvait être réformé afin d’empêcher des atrocités alors que la Russie était en train d’envahir l’Ukraine et que des millions de vies étaient en jeu. En tant que Canadien d’origine ukrainienne ayant passé la moitié de ma vie en Ukraine, j’ai personnellement le devoir de faire tout ce que je peux pour contribuer à garantir la paix et la sécurité.

Capture d'écran d'un article que Bogdan a écrit pour la CBC. « En tant que Canadien d’origine ukrainienne ayant passé la moitié de ma vie en Ukraine, j’ai personnellement le devoir de contribuer à garantir la paix et la sécurité », déclare M. Lytvynenko.

Vous avez toujours de la famille et des amis en Ukraine. Comment vont-ils?

B. L. : Heureusement, les membres de ma famille qui se trouvent en Ukraine se portent relativement bien compte tenu de la guerre en cours. Au cours des premiers mois de ce qui était une invasion à grande échelle, ils ont été nombreux à trouver refuge dans l’Union européenne, et nous sommes reconnaissants à toutes les nations qui accueillent des millions de réfugiés et leur fournissent une aide vitale encore aujourd’hui.

De mon côté, je continue à rendre compte de la réalité des réfugiés ukrainiens, notamment de ceux qui ont échappé de justesse aux bombardements russes et qui ont dû réinventer leur vie loin de chez eux.

La plupart des membres de ma famille sont retournés à Dnipro, ma ville natale. Malgré les bombardements qui se poursuivent depuis un an et demi, ils restent forts et déterminés à reconstruire l’économie. Leur résilience et leur solidarité face à des défis et des risques considérables continuent de m’inspirer alors que j’entame un nouveau chapitre crucial de ma vie.

Le parcours de Bogdan Lytvynenko en tant qu'étudiant de premier cycle à Concordia a également été facilité par la bourse d'études en journalisme Stephen Halperin, créée en 2016 par Stephen Halperin, B.A. 72, un donateur de la Campagne pour Concordia.



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