Alors que des milliers d’étudiants, d’employés, de professeurs et de visiteurs déambulent quotidiennement sur les campus de l’Université Concordia cet automne, une diplômée de la Faculté des beaux-arts se consacre tranquillement à un projet qui transformera la façon dont ils perçoivent l’Université et interagissent avec elle.
Laurence Gagné, B. Bx-arts 2012, cofondatrice et présidente de DL HERITAGE et titulaire d’une maîtrise en conservation d’œuvres d’art de l’Université Queen’s, s’est donné comme mission d’aider à préserver la vaste collection d’art public de son alma mater.
Il s’agit d’une tâche herculéenne qui va bien au-delà de la simple élimination de graffitis.
« Il y a autant de techniques de conservation pour restaurer une œuvre endommagée et dégradée qu’il y a de sculptures sur le campus, explique Mme Gagné. Chacune d’entre elles nécessite des outils, des produits et des matériaux différents. C’est un domaine très spécialisé – il faut acquérir ces techniques au fil du temps, à force d’expérimentations et d’essais minutieux. »
« Comparativement à de nombreux établissements, Concordia a une approche très avant-gardiste quant à la préservation de ses œuvres d’art public et s’est montrée réceptive à nos propositions, ajoute-t-elle. En tant que diplômée, je suis particulièrement fière de prendre part à cette initiative. »
« 34 installations créées par 40 artistes »
La collection d’art public à Concordia est d’une richesse remarquable. On y trouve notamment une œuvre de Kenneth Hensley Holmden, 3 Scenes of Nymphs in Canadian Landscapes (vers 1938), exposée dans le pavillon EV, de même qu’une imposante sculpture de Marc-Antoine Côté, Montre-moi par où on commence. Dis-le-moi au creux de l’oreille (2020), qui surplombe l’entrée du Centre des sciences appliquées.
La collection de l’Université englobe des pratiques artistiques traditionnelles et contemporaines, des peintures abstraites et figuratives, des bustes en bronze, des procédés de sculpture cinétique, ainsi que des œuvres photographiques de grande dimension, et plus encore.
Sandra Margolian, responsable de l’art public à Concordia, travaille en partenariat avec Mme Gagné et l’équipe de DL HERITAGE depuis plusieurs années. En coordination avec le Service de gestion immobilière, elle a dirigé la mise en œuvre d’un plan d’entretien et de conservation afin d’assurer la pérennité de la collection permanente de l’Université.
« On dénombre 34 installations créées par 40 artistes, et toutes ces œuvres sont accessibles au public, explique Mme Margolian, qui est entrée en fonction en 2020. On en trouve à l’extérieur comme à l’intérieur, dans de nombreux pavillons, dans des tunnels, dans des atriums. Et depuis le lancement des projets d’agrandissement de nos campus au début des années 2000, la collection a plus que doublé. »
Mme Margolian ajoute que, bien qu’un certain nombre d’entreprises offrent des services de conservation, très peu d’entre elles disposent d’une équipe de professionnels accrédités, d’une expertise et d’approches diversifiées comme celles proposées par DL HERITAGE – des atouts indispensables pour préserver l’intégralité de la collection de Concordia.
La conservation d’œuvres d’art est une pratique bien établie dans certaines régions du monde, comme l’Europe occidentale, mais elle n’est pas encore très bien comprise de ce côté-ci de l’Atlantique, selon Laurence Gagné.
« Il m’arrive souvent de devoir expliquer la nature de notre profession à des clients potentiels. Un grand travail de sensibilisation est nécessaire pour faire comprendre aux gens la différence entre un artisan qui répare des œuvres d’art, par exemple, et une entreprise comme la nôtre qui suit un code déontologique afin de garantir que les œuvres sont manipulées dans les règles de l’art et dans le respect de la volonté de l’artiste. »