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Les consommateurs font leurs provisions différemment durant une pandémie, selon une chercheuse de Concordia

Pour Xiaodan Pan, professeure à l’École de gestion John-Molson, les effets d’une perturbation durable comme la COVID-19 seront plus difficiles à comprendre que ceux d’une urgence environnementale
21 avril 2020
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« La collaboration entre représentants du gouvernement, organismes de secours, directeurs de magasin et citoyens peut permettre une meilleure répartition des produits essentiels », affirme Xiaodan Pan. | Photo by Scott Warman on Unsplash
« La collaboration entre représentants du gouvernement, organismes de secours, directeurs de magasin et citoyens peut permettre une meilleure répartition des produits essentiels », affirme Xiaodan Pan. | Photo: Scott Warman

Les images des premières semaines du confinement entraîné par la COVID-19 étaient frappantes : d’innombrables étalages d’épicerie dépourvus de denrées de base telles les pâtes, le riz, la farine, l’eau en bouteille et le papier hygiénique. Ces produits se sont en effet envolés en un clin d’œil, alors que des consommateurs en proie à la panique en achetaient autant qu’ils le pouvaient pour attendre la fin de la pandémie.

La plupart des Canadiens n’ont que très peu d’expérience, voire aucune, en matière de constitution de réserves. Pour les chercheurs et chercheuses qui, comme Xiaodan Pan, étudient le comportement des consommateurs avant, durant et après les crises, ces images s’avèrent toutefois familières.

Professeure adjointe de gestion de la chaîne d’approvisionnement et des technologies d’affaires à l’École de gestion John-Molson, Mme Pan s’intéresse à la constitution de réserves par les consommateurs et à la vente au détail durant les périodes de stress environnemental – généralement une récession ou un ouragan. Dans le cadre de son plus récent projet, mené en collaboration avec ses collègues Martin Dresner, de l’Université du Maryland, et Benny Mantin, de l’Université du Luxembourg, elle analyse les données de 60 chaînes de magasins de détail dans 963 comtés aux États-Unis.

Pour l’heure, la chercheuse applique cependant ses travaux à la pandémie du nouveau coronavirus.

Dans ce contexte, les détaillants et les administrations locales doivent relever des défis sans précédent selon elle.

À la différence des urgences environnementales, « l’étendue de la pandémie pourrait entraîner des pénuries mondiales dont l’envergure, de loin supérieure à celle des pénuries en cas d’ouragan, pourrait empêcher les grandes chaînes de détail de transférer les stocks d’un magasin à l’autre pour répondre à la demande régionale », explique la Pre Pan.

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Comment établir des prévisions durant une pandémie

D’après son expérience, Xiaodan Pan soutient que la propension des consommateurs à faire des réserves en situation d’ouragan est la plus élevée dans les pharmacies. Les gens tendent en effet à amasser d’abord des stocks d’urgence d’eau embouteillée, de médicaments sur ordonnance et de produits d’hygiène.

Une fois l’ouragan passé, les magasins à un dollar et à prix réduit ont généralement très peu à offrir aux clients. Le restockage de leurs produits est d’ailleurs plus susceptible de tarder, car les grands fournisseurs préfèrent parfois vendre à leurs meilleurs clients et aux plus fiables. Les ruptures de stock chez les détaillants au rabais peuvent donc persister des semaines après un ouragan.

L’effet domino du prix

Xiaodan Pan prédit que le portefeuille des consommateurs pourrait en outre se ressentir de la pandémie pour deux raisons.

« Premièrement, parce que les produits les moins chers se vendent plus rapidement. Les consommateurs n’ont donc d’autre choix que de finir par acheter les produits moins bon marché, soutient-elle. Deuxièmement, les vendeurs peuvent tirer profit du déséquilibre entre l’offre et la demande. Les détaillants peuvent aussi faire grimper les prix parce que leurs fournisseurs l’ont fait, c’est-à-dire parce que les coûts ont augmenté dans la chaîne d’approvisionnement. »

Sensibilisation à la frugalité

Xiaodan Pan souligne que les consommateurs défavorisés ne peuvent faire des provisions si facilement.

« Les consommateurs frugaux ne sont pas en mesure de consacrer beaucoup d’argent à des articles essentiels en raison de contraintes budgétaires, affirme-t-elle. Ils doivent s’aventurer dehors plus fréquemment pour effectuer de petits achats qui coûtent plus cher à l’unité, s’exposant ainsi à un risque accru de contracter le coronavirus. »

Appel à la collaboration

Les gouvernements, les détaillants et les consommateurs ont tous un rôle à jouer dans la gestion de leur réponse à la pandémie actuelle.

Par exemple, les annonces et les avis publics des autorités locales comme les obligations de distanciation sociale et d’isolement peuvent influer sur la constitution de réserves par les consommateurs et les détaillants. Ces derniers doivent en outre suivre de près le processus de diffusion afin de prendre des décisions de stockage à court et à moyen termes. Les consommateurs pourraient quant à eux se comporter de manière plus rationnelle et empathique en modérant leur désir de faire des provisions.

« La collaboration entre représentants du gouvernement, organismes de secours, directeurs de magasin et citoyens peut permettre une meilleure répartition des produits essentiels en préparation et en réponse à la pandémie du coronavirus », conclut Xiaodan Pan.
 

Renseignez-vous sur le Département de gestion de la chaîne d’approvisionnement et des technologies d’affaires.



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