Foire aux questions
Dernière mise à jour : 18 juin 2025, 13h07
Les CV descriptifs des trois organismes fédéraux (le CRSH, le CRSNG et les IRSC) et du Fonds de recherche du Québec
« CV descriptif » ou « CV narratif » ? En Europe, le terme « CV narratif » est plus couramment utilisé, mais au Canada les trois organismes subventionnaires fédéraux (le CRSH, le CRSNG et les IRSC) et le Fonds de recherche du Québec utilisent le terme « CV descriptif ». Ces deux termes ont la même signification. Dans le cadre de cette foire aux questions, on utilise le terme « CV descriptif ». CVTO = CV descriptif des trois organismes fédéraux ; CV-FRQ = CV descriptif du Fonds de recherche du Québec (FRQ).
Les réponses fournies ici aux questions sur les nouveau CV descriptifs au Canada et au Québec reflètent les informations les plus récentes en date d’avril 2025. Toutefois, au fur et à mesure que les trois organismes fédéraux et le FRQ appliquent l’exigence de CV descriptif, il est probable que des changements – mineurs ou potentiellement plus importants – soient apportés aux conditions requises. Les futures mises à jour, y compris les directives à venir relatives à l’évaluation des CV descriptifs, pourraient nécessiter des révisions correspondantes de ces réponses.
N.B. Les réponses fournies ici ne constituent pas des positions officielles des trois organismes subventionnaires fédéraux ni du Fonds de recherches du Québec. Elles reflètent plutôt le point de vue d’un administrateur de recherche universitaire, informé par l’expérience acquise en travaillant avec des chercheur·euses à l’élaboration de CV des trois organismes et d’autres CV descriptifs, par les réflexions menées dans le cadre d’une initiative de réforme de l’évaluation universitaire d’une durée de deux ans, et par les discussions continues avec l’équipe de direction du projet « Pathways to Impact » (Chemins vers l’impact), à l’Université Concordia à Montréal. Toute erreur est de mon fait.
— Eli Friedland, Conseiller principal, Initiatives d’équité et de reconnaissance institutionnelles, Service de la recherche, Université Concordia
Pour nous contacter: impact@concordia.ca.
Répertoire des questions
Il est peu probable que le contenu d’un quelconque domaine confère à ses chercheuses et chercheurs des avantages ou des inconvénients pour développer leur CV descriptif.
Cependant, certains domaines (en particulier quelques-uns dans les sciences sociales et humaines) :
- impliquent l’écriture narrative dans la pratique professionnelle quotidienne,
- utilisent moins de langage technique et de symboles, et
- ont tendance à exiger une large contextualisation des contributions lorsqu’elles sont faites.
D’autres domaines (en particulier quelques-uns dans les sciences naturelles et l’ingénierie) n’impliquent pas beaucoup d’écriture narrative, utilisent un langage et des symboles plus techniques de façon systématique et ont tendance à exiger une contextualisation plus étroite des contributions. Pour les demandes de subvention pour lesquelles le CV descriptif sera examiné par un comité multidisciplinaire, et pour la section de déclaration personnelle (CVTO) / parcours et compétences de la personne candidate (CV-FRQ) en général, les chercheuses et chercheurs des premiers domaines peuvent trouver qu’un CV descriptif est plus facile à aborder.
Les chercheuses et chercheurs doivent toutefois se rappeler que de nombreux styles d’écriture différents peuvent être utilisés pour le CV descriptif, et que les membres des comités d’évaluation de leur propre domaine sont habitués aux conventions d’écriture de ce domaine.
Des ateliers sur le CV descriptif adaptés aux facultés spécifiques sont probablement une bonne idée.
Cette section ne doit pas du tout être personnelle dans le sens où vous pourriez demander à un.e ami.e si vous pouvez lui dire quelque chose de « personnel », c’est-à-dire de privé et qui ne doit pas être divulgué à d’autres. Ce sens du mot est confessionnel, et n’est pas le sens du mot « personnelle » employé pour le CV des trois organismes (CVTO) ni pour tout autre CV narratif. La section correspondante dans le CV du Fonds de recherche du Québec (CV-FRQ) est intitulée « parcours et compétences de la personne candidate », ce qui exprime la fonction d’une telle section pour tout CV descriptif. Le FRQ précise en fait qu’« aucune information personnelle sensible [devrait] se retrouver dans le CV descriptif », ce qui s’applique, en tant que conseil judicieux, à tout format de CV descriptif.
La déclaration personnelle est destinée à fournir de la place pour une description de votre parcours professionnel unique et pour décrire « les raisons pour lesquelles vous êtes apte à occuper le rôle proposé dans le cadre de la demande » (Instructions, CVTO) ou plus précisément « comment et en quoi votre parcours académique, professionnel ou personnel vous permet d’atteindre les objectifs du programme et de réaliser la présente proposition de recherche » (Instructions, CV-FRQ).
Un bon baromètre général pour évaluer ce qu’il convient de révéler à propos de vous est de se demander si vous vous sentiriez à l’aise de rendre public votre CV descriptif, tout comme la plupart des chercheuses et des chercheurs rendent public leur CV traditionnel. Si vous vous sentez à l’aise pour le partager publiquement, vous êtes probablement dans le champ de ce que le CV des trois organismes considère comme « personnel » au sens professionnel du terme.
Si votre « déclaration personnelle » contient des éléments qui vous inciteraient à garder votre CV descriptif strictement privé, il vaut la peine de vous interroger soigneusement sur la nécessité de l’inclure. Le CV descriptif n’est pas un instrument parfait, et en le soumettant avec votre demande de financement, vous le rendez, dans une certaine mesure, public.
La « déclaration personnelle » du CVTO est l’occasion de mettre en évidence les compétences et les expériences qui sont essentielles pour votre projet, en particulier celles qui ne sont peut-être pas visibles dans un CV traditionnel. C’est l’occasion de les faire valoir. Vous n’êtes pas du tout obligé de partager des détails de votre vie privée pour ce faire, et vous ne devriez probablement pas le faire, sauf si vous pensez vraiment que cela apporte un contexte significatif nécessaire à connaître.
Bien entendu, pour certain·es, les premières expériences de jeunesse, telles qu’un événement formateur dans l’enfance, peuvent avoir profondément marqué leur parcours professionnel. L’une des plus grandes éducatrices du Canada, par exemple, a été profondément marquée par son expérience d’enfant autochtone survivante de la rafle des années soixante. L’un des plus grands scientifiques canadiens spécialisés dans les batteries de véhicules électriques a été inspiré vers sa carrière par son expérience d’asthmatique confronté à la pollution de la ville de son enfance. Ni l’un.e ni l’autre ne devrait utiliser le CVTO pour raconter toute son histoire, car ce n’est pas l’endroit pour le faire (même si nous devrions être reconnaissant.e.s à chacun.e de raconter toute son histoire ailleurs, pour notre plus grand bien). Mais ces expériences ont tout à fait leur place dans la déclaration personnelle du CVTO, ou la section « parcours et compétences » du CV-FRQ, s'elle ou s’il veut les inclure, et si tel est le cas, elles doivent être immédiatement reliées à ce qu’elles-ils ont fait grâce à ces expériences, et à la raison pour laquelle cela est important pour leurs projets.
Mais les expériences privées et d’enfance de la plupart des chercheuses et des chercheurs peuvent ne pas avoir une telle place par rapport à leur carrière professionnelle et au projet de recherche proposé. Vous n’êtes pas obligé.e de les raconter si vous ne le souhaitez pas. La description de vos intérêts et activités de recherche généraux est plus que suffisante pour la déclaration personnelle – cette déclaration peut tenir sur une demi-page si vous le souhaitez, tant que vous la reliez à la raison pour laquelle elle est importante pour votre projet.
La déclaration personnelle du CVTO fait partie d’un CV qui est aussi professionnel, en tant que récit, qu’un CV traditionnel l’est en tant que série de listes. Elle doit être traitée de manière professionnelle.
Il existe de nombreuses façons d’aborder cette question, et le choix de l’une d’entre elles peut dépendre de la capacité à faire tenir ces informations dans l’espace limité dont vous disposez. Mais n’oubliez pas que le CV descriptif doit être complet : toutes les informations relatives aux citations, dans leur intégralité, doivent figurer quelque part dans votre CV descriptif. Vous ne pouvez pas vous référer à la bibliographie que vous soumettez avec votre proposition de recherche, et vous ne joignez pas votre CV traditionnel au dossier comme référence.
La première section de votre CV descriptif est une introduction, et tant que vous fournissez des informations complètes sur une contribution ultérieurement (citation d’article, détails de l’exposition, informations sur le document de politique, etc.), dans la section « contributions et expériences », vous pouvez la mentionner dans la première section sans la fournir à cet endroit. Une autre option consiste à terminer votre CV descriptif par un tableau numéroté de toutes les citations, et d’ajouter un numéro de note de fin de document chaque fois que vous mentionnez une contribution répertoriée dans ce tableau. Un tel tableau peut également être présenté dans une taille de police légèrement réduite, mais selon les trois organismes « le texte doit être clair et lisible lorsque la page est affichée à sa taille normale (100 %) ».
Les notes de bas de page sont également une bonne option, dans la section « contributions et expériences », mais n’oubliez pas qu’elles doivent respecter toutes les normes de présentation du reste du CV (pas de taille de police réduite). Les citations dans le texte peuvent être utilisées, mais elles risquent d'être difficiles à manier en tant que citations complètes dans votre exposé.
Quel que soit le format choisi pour citer vos contributions, il est important d’utiliser le même format tout au long de votre CV descriptif. Les instructions relatives à la citation de vos contributions ne sont pas les mêmes pour le TCV et le CV-FRQ.
Il y a trois exigences des trois organismes en matière de citation dans le TCV, pour tous les types de contributions :
- Suivez le style de citation courant dans votre domaine.
- Ajoutez un astérisque (*) à la suite du nom de chacun des membres du personnel hautement qualifié que vous supervisez (p. ex. Prénom Nom* ou Nom, Prénom*).
Font partie du personnel hautement qualifié les membres du corps étudiant des collèges et des universités (premier cycle et cycles supérieurs), les chercheuses et chercheurs de niveau postdoctoral, les techniciennes et techniciens, la main-d’œuvre qualifiée (artisanat, travail manuel, communauté), les assistantes et assistants et les associées et associés de recherche. Ces personnes peuvent être d’un établissement d’enseignement supérieur ou d’autres groupes prenant part à la recherche, notamment des groupes communautaires ou des organismes partenaires (privés, publics ou sans but lucratif). - Si l’auteure principale ou l’auteur principal ne figure pas en tête de liste (p. ex. si les auteures et auteurs sont énumérés en ordre alphabétique), indiquez son nom en caractères gras (différent du CV-FRQ !)
Les exigences du Fonds de recherche du Québec en matière de citations dans le CV-FRQ dépendent du genre de contribution citée.
Si vous incluez des publications dans le CV-FRQ:
- Suivez la plus récente version des normes de l’American Psychological Association (APA), ou toute autre norme de citation reconnue dans votre discipline de recherche ;
- Ajoutez un astérisque (*) à la suite du nom de chacune des personnes que vous supervisez (p. ex. Prénom Nom* ou Nom, Prénom*). Sont visés ici la relève étudiante des collèges et des universités (premier cycle et cycles supérieurs), les postdoctorantes et postdoctorants, ainsi que le personnel hautement qualifié. Ces personnes peuvent être d’un établissement d’enseignement supérieur ou d’autres groupes prenant part à la recherche, notamment des groupes communautaires ou des organismes partenaires (privés, publics ou à but non lucratif).
- Identifiez vos Nom et Prénom en gras, ainsi que celui des cochercheuses et des cochercheurs identifiés dans la demande de financement, le cas échéant (différent du TCV !) ;
Si vous incluez des œuvres ou des performances dans le CV-FRQ, les références doivent être complètes, incluant :
- le titre de l’œuvre ou de la performance,
- une description succincte (maximum 5 lignes),
- l’année et le lieu de première diffusion de l’œuvre ou de la performance,
- dans les cas de création collective, signaler le créateur principal ou la créatrice principale en gras,
- les crédits photos et vidéos, s’il y a lieu.
Les instructions relatives au CV descriptif des trois organismes (CVTO) font référence (en avril 2025) à « une expérience concrète » en français mais à « lived or living experience », c’est à dire à l’expérience vécue, en anglais, dans la section « déclaration personnelle » du CVTO. Par contre, les instructions relatives au CV descriptif du Fonds de recherche du Québec (CV-FRQ) font référence à « des aptitudes et compétences acquises qui découlent de vos expériences ou accomplissements personnels » dans la première section du CV-FRQ. L’expérience vécue a certainement sa place dans cette section, mais elle peut également faire partie des autres sections du CV descriptif. L’espace qui lui est consacré est variable.
Si l’expérience vécue a joué un rôle important dans la détermination de l’orientation ou de la trajectoire de votre recherche, par exemple, il conviendrait de l’inclure dans la section consacrée à la déclaration personnelle. La pertinence de votre projet de recherche est une considération essentielle : l’objectif général de la première section d’un CV descriptif est de décrire « les raisons pour lesquelles vous êtes apte à occuper le rôle proposé dans le cadre de la demande » (instructions, CVTO) ou plus précisément « comment et en quoi votre parcours académique, professionnel ou personnel vous permet d’atteindre les objectifs du programme et de réaliser la présente proposition de recherche » (instructions, CV-FRQ). Un participant à un atelier a cité un exemple hypothétique utile, celui d’une généticienne qui a mis au point une méthode unique et dont un membre de la famille est atteint de paralysie cérébrale. Dans le cadre d’un projet de recherche directement lié à la paralysie cérébrale, le partage de cette expérience vécue pourrait être très pertinent. Cependant, le même contexte personnel pourrait ne pas être pertinent à inclure dans un projet axé sur la recherche en cardiologie sans lien avec la paralysie cérébrale.
Si l’expérience vécue a joué un rôle important dans une contribution ou expérience particulière qui est pertinente pour votre projet de recherche – dans une collaboration axée sur une communauté, par exemple – il serait également approprié d’en parler dans la section « Contributions et expériences les plus importantes ».
De plus, l’expérience vécue peut bien sûr avoir un impact profond sur le mentorat et la supervision : la manière dont vous avez compris les besoins des étudiant·es, le mentorat de chercheur·euses en début de carrière ayant une expérience vécue similaire, et les activités de sensibilisation et de mobilisation qui découlent de votre expérience vécue en sont tous de bons exemples. Dans un tel cas, il serait également approprié de discuter de votre expérience vécue - ou d’y faire référence - dans la section « Activités de supervision et de mentorat ».
Pas nécessairement, et l’ordre dans lequel vous présentez votre parcours, vos contributions et vos expériences est susceptible de varier d’une section à l’autre.
Pour la première section (« déclaration personnelle » dans le CV des trois organismes ; « parcours et compétences » dans le CV du Fonds de recherche du Québec), l’ordre chronologique de vos expériences et de votre parcours professionnel peut sembler une façon naturelle de présenter, et ne doit pas être forcément évité. Il est toutefois important d’être sélectif·ve : un ordre chronologique ne veut pas dire que vous devez parler de toutes les expériences que vous avez vécues (il ne faut pas le faire !). Si vous êtes une chercheuse ou chercheur en début de carrière, par exemple, et que vous avez vécu des expériences particulièrement marquantes et déterminantes pour votre carrière, ou que vous avez apporté des contributions importantes pendant vos études de premier cycle et de doctorat, vous pouvez en faire mention chronologiquement sans nécessairement parler de vos expériences au cours de vos études de maîtrise.
Il existe cependant de nombreuses façons d’organiser la première section du CV descriptif autrement que par ordre chronologique. L’une d’entre elles consiste à commencer par noter les domaines d’expertise que vous possédez et qui sont pertinents pour votre projet de recherche, puis à expliquer brièvement comment vous les avez acquis. Dans ce cas, il peut être judicieux de classer ces domaines d’expertise en fonction de l’importance de chacun d’entre eux pour votre projet de recherche, plutôt que dans l’ordre chronologique dans lequel vous les avez acquis. La même approche pourrait également être utilisée pour organiser votre déclaration personnelle autour des domaines dans lesquels vos contributions ont eu un impact, et des postes de direction que vous avez occupés, par exemple. Ces éléments ne s’excluent pas mutuellement : l’expertise, l’impact et le leadership doivent tous figurer dans votre déclaration personnelle.
Pour la section des contributions et expériences, la pertinence de chaque contribution ou expérience par rapport à la recherche proposée, ainsi que son impact et son importance, doivent guider l’ordre de votre présentation.
Quel que soit l’ordre dans lequel vous présentez votre CV descriptif, n’essayez pas de tout raconter – choisissez ce qui est important pour la recherche proposée.
Pour répondre à cette question, il est important de faire la distinction entre : a) le nombre de citations reçue par une publication individuelle ; b) le nombre total de citations reçues au cours d’une carrière et l’indice h (« h-index »); et c) le facteur d’impact (« Journal Impact Factor ») :
- Le nombre de citations reçues par une publication individuelle est basé sur un seul article ou un seul livre. Il s’agit du nombre de fois où un article ou un livre est inclus dans la liste de référence d’autres articles ou livres.
- Le nombre total de citations reçues au cours d’une carrière et l’indice h sont basés sur de multiples articles ou livres et sont des indicateurs quantitatifs vagues et imprécis de par leur conception.
- Le facteur d’impact est basé sur les revues. Il propose de classer les revues en fonction de leur niveau d’impact supposé, calculé à l’aide de méthodes connues douteuses et de méthodes inconnues qui varient d’une revue à l’autre. Ce n’est pas un bon indicateur de la valeur ou de la qualité d’un article individuel publié dans une revue donnée, ni même un bon prédicteur du taux de citation d’un article individuel publié dans cette revue.
Les trois organismes, tout comme le Fonds de recherche du Québec (FRQ), sont signataires de la « San Francisco Declaration on Research Assessment » (DORA), qui décourage fortement l’utilisation du facteur d’impact et d’autres indicateurs basés sur les revues dans l’évaluation des contributions des chercheuses et chercheurs. Bien que ces organismes n’interdisent ni ne découragent (au moment de la rédaction de cette foire aux questions, en avril 2025) la mention du facteur d’impact dans leurs CV descriptifs, il semble prudent de l’utiliser avec précaution.
DORA ne considère pas non plus le nombre total de citations reçues au cours d’une carrière comme un indicateur fiable et est encore plus sceptique quant à la valeur de l’utilisation de l’indice h dans l’évaluation de la recherche.
En revanche, DORA encourage l’utilisation responsable du nombre de citations reçues par une publication individuelle. Bien qu’il ne doive pas être utilisé à la place d’une discussion qualitative sur le contenu, l’impact et l’importance d’un article ou d’un livre dans le CV descriptif, il peut être utilisé à l’appui de cette discussion en tant qu’indicateur partiel. Utilisé de manière responsable – ce qui implique également de noter le rôle de la personne candidate dans la contribution – le nombre de citations reçues peut s’avérer très efficace pour compléter une description plus large et plus contextuelle d’une publication.
Cela dit, Letitia Henville donne des conseils avisés qui méritent d’être pris en considération concernant l’inclusion de chiffres tels que le facteur d’impact et indice h, dans un récent éditorial percutant de la revue Affaires universitaires (en anglais). Bien que ces chiffres « aillent à l’encontre de l’idée même du CV descriptif, écrit-elle, à court terme – jusqu’à ce que les évaluatrices et évaluateurs soient habitué.e.s à examiner des CV descriptifs – je vous suggére d’inclure ce genre de chiffres aux côtés de descriptions non conventionnelles ou qualitatives de l’impact. C'est ma conviction que le conservatisme du monde universitaire est en train de se manifester. Je conseille de se conformer aux normes existantes dans ce document : bien que la forme change bientôt, il faudra plus de temps pour que les normes suivent » (traduit de l’anglais, italiques ajoutés).
Il reste bien sûr essentiel de lire attentivement les consignes relatives au CV descriptif et les instructions relatives à la subvention particulière à laquelle vous postulez à chaque fois. Si, par exemple, les trois organismes ou le FRQ ne se contentent plus de désapprouver l’utilisation du facteur d’impact, en principe, mais l’interdisent en pratique, vous voulez le savoir ! Et si un tel changement se produit, il pourrait bien être mis en œuvre d’abord pour certaines demandes de financement particulières – et au même temporairement, uniquement pour les CV descriptifs joints à ces demandes – plutôt que pour tous les CV descriptifs en général.
Remarque: Le guide de DORA n’existe actuellement qu’en anglais : DORA. 2024. Guidance on the responsible use of quantitative indicators in research assessment. http://doi.org/10.5281/zenodo.10979644.
Il n’est pas obligatoire de discuter des interruptions ou retards dans la carrière dans votre CV descriptif. Au moment de la rédaction du présent document (en avril 2025), trois modules, liés au CV des trois organismes (CVTO) mais distincts de celui-ci, sont exigés, en plus du CVTO:
- les interruptions ou retards dans la carrière,
- l’historique des études et,
- les affiliations académiques.
Ces trois modules sont ensuite joints à votre CVTO à l’intention des évaluatrices et évaluateurs. Le module sur les retards de carrière est quantitatif, vous demandant de calculer un nombre total de mois de recherche pour tous les retards et interruptions admissibles que vous avez subis. Le FRQ n’a pas encore dévoilé sa méthode de collecte de ces informations pour le CV-FRQ.
Mais si en revanche vous pensez que votre récit personnel doit être considéré qualitativement à la lumière des retards et interruptions dans la carrière que vous avez subis, et avec nuance, la première section – la « déclaration personnelle » dans le CVTO, la section sur les « parcours et compétences » dans le CV-FRQ – est le lieu où cela doit se faire. À l’exception des retards liés à COVID, personne ne devrait se sentir obligé.e de donner des détails sur les raisons des retards éligibles (tels que les congés parentaux, médicaux, de deuil et de soins familiaux, par exemple).
La première section est également le lieu idéal pour discuter de l’impact des retards qui ne sont généralement pas « comptabilisés », mais qui comptent : une chercheuse en début de carrière qui est la seule femme dans un nouveau département, et qui est donc invitée à siéger dans presque tous les comités de recrutement pendant plusieurs années, par exemple, peut trouver plus facile de qualifier l’impact de ce travail dans sa déclaration personnelle – à la fois en termes d’impact sur sa recherche et d’impact sur la croissance de son département. Il en va de même pour une chercheuse plus expérimentée qui occupe un poste administratif de haut niveau au sein du bureau de recherche d’une université pendant de nombreuses années, par exemple. Ou pour un chercheur noir dont le rôle de supervision et de mentorat auprès de nombreux étudiant·es noir·es prend un temps disproportionné et est exigeant sur le plan émotionnel, par exemple. Ou pour tout chercheur qui a assumé une surcharge d’enseignement tout en restant un chercheur actif. Dans de telles circonstances, il est essentiel de fournir des détails sur les raisons des retards de recherche subis par la personne candidate.
Oui, l’utilisation de tableaux et de graphiques est autorisée dans votre CV descriptif, et leurs normes de présentation sont différentes de celles du reste du CV des trois organismes. “Vous pouvez utiliser d’autres polices, tailles de police et couleurs pour le texte qui figure dans les tableaux, diagrammes, illustrations, graphiques et légendes, pourvu qu’il soit lisible lorsque l’affichage de la page est réglé à 100 %” (normes de présentations, IRSC).
N.b. Les instructions sur le CV-FRQ n’ont pas encore des consignes au sujet des tels éléments visuels.
Les tableaux, etc. peuvent être un outil très utile pour présenter un aperçu synoptique du contenu et/ou de l’impact d’une contribution, par exemple. Ils peuvent également permettre aux évaluatrices et évaluateurs de faire une pause visuelle par rapport à une description détaillée, ce que de nombreuses personnes seront heureuses d’apprécier.
Veillez à ne pas en arriver, avec des éléments visuels, à exiger davantage des évaluatrices et évaluateurs de votre demande, au lieu de faciliter leur lecture. Si vous notez dix contributions dans votre CV descriptif et que vous les accompagnez chacune d’un élément visuel, vous allez probablement trop loin. De même, si vous utilisez un tableau pour insérer des informations supplémentaires avec une police de caractères plus petite, les personnes chargées de l’évaluation n’apprécieront probablement pas, surtout s’elles ont déjà lu une douzaine d’autres demandes et les CV descriptifs correspondants (une table bibliographique à la fin, si vous en utilisez une, étant une exception). Veillez également à ce que les éléments visuels de votre CV descriptifs soient substantiellement différents de ceux que vous avez inclus dans votre proposition de recherche.
Inclure 2 ou 3 tableaux, illustrations, graphiques, etc. judicieusement construits est probablement une bonne idée, surtout si les conventions de votre domaine font que cela est attendu dans le cadre de la présentation d’une contribution à la recherche. Cependant, ne le forcez pas si ce n’est pas nécessaire.
Remarque: Veillez à ce que votre CV descriptif ne dépasse pas la taille de fichier autorisée lorsque vous ajoutez de tels éléments visuels. Actuellement (en avril 2025), les IRSC autorisent 30 Mo, le CRSH autorise 5 Mo, et le CRSNG et le FRQ n’ont pas encore annoncé la taille de fichier autorisée chez eux.
Oui, vous pouvez inclure de telles listes, et interrompre occasionnellement la présentation narrative pour attirer l’attention sur de telles reconnaissances importantes – et pour permettre aux évaluatrices et évaluateurs de prendre un peu de repos dans le récit – peut s’avérer une stratégie efficace.
Il est important de trouver des moyens de ponctuer et d’accentuer les aspects et les impacts clés des contributions. L’un d’entre eux consiste à interrompre occasionnellement l’aspect descriptif du CV pour faire remarquer des faits significatifs, dans une brève liste. Mais n’en abusez pas !
Il s’agit d’une vaste question, à laquelle nous accordons une attention particulière à Concordia. Nous n’avons pas encore de réponse à cette question, mais nous avons identifié un aspect général positif et un aspect général négatif dans l’utilisation de l’IA générative pour les CV descriptifs :
- Aspect général négatif : La manière d’écrire n’est généralement pas convaincante. Elle est plate de manière intangible mais indéniable, même si vous demandez à l’IA de « la rendre plus convaincante ».
- Aspect général positif : il peut contribuer à relever un défi majeur en matière d’équité posé par un CV descriptif qui doit être rédigé en français ou en anglais – les candidates et candidats au Canada qui ne maîtrisent pas encore l’une ou l’autre langue peuvent potentiellement créer un CV descriptif qui soit passable avec l’aide de l’IA générative.
Nous reviendrons vers vous dès que nous aurons plus d’informations à vous offrir en matière d’outils et de conseils sur cette question. Nous espérons vivement pouvoir discuter de cette question et élaborer des conseils en collaboration avec toute personne intéressée. Veuillez nous envoyer un courriel à l’adresse suivante pour en discuter : impact@concordia.ca
N.b. Pour l’instant, n’oubliez pas que si vous utilisez l’IA générative pour tout élément de votre dossier de demande des trois organismes, y compris votre CV descriptif, vous devez préciser que vous l’avez fait et comment, dans votre dossier de demande. Le Fonds de recherche du Québec (FRQ), pour sa part, nous rappelle que « Les personnes candidates utilisant des outils d’IA générative dans la préparation d’une demande de financement devraient…le faire de manière responsable, notamment en se référant aux guides dans le domaine. Une attention particulière devrait être portée quant à la reconnaissance adéquate des contributions et au risque de plagiat ».
Oui. Le maintien d’un CV traditionnel reste impératif, tant pendant la période de transition vers le CV descriptif au sein des trois organismes et du Fonds de recherche du Québec (FRQ) que par la suite. Il y a plusieurs raisons à cela, notamment :
- Pendant la période de transition, de nombreuses demandes de financement auprès des trois organismes et du FRQ nécessiteront un CV traditionnel (CV commun canadien, CV du CRSH, etc.) au lieu d’un CV descriptif.
- Même après la transition vers le CV descriptif, lorsque toutes les demandes de financement auprès des trois organismes et du FRQ exigeront le CV descriptif, les chercheuses et chercheurs auront toujours besoin d’un moyen de suivre toutes leurs contributions au fur et à mesure qu’elles sont apportées. Le maintien d’un CV traditionnel est un bon moyen d’y parvenir. N’oubliez pas que le CV descriptif doit être adapté à chaque proposition de recherche : il est essentiel de disposer d’un registre complet de vos contributions individuelles lorsque vous modifiez ou réécrivez votre CV descriptif.
- En dehors des demandes de financement auprès des trois organismes et du FRQ, de nombreuses opportunités externes nécessiteront toujours un CV traditionnel, y compris notamment de la quasi-totalité des dossiers pour des prix externes, des candidatures à des sociétés prestigieuses (telles que la Société royale du Canada), des candidatures à des postes universitaires, et des postes d’examen par les pairs et de rédaction dans des revues.
Le maintien d’un profil ORCID est probablement le moyen le plus pratique de tenir votre CV traditionnel à jour. Cela présente l’avantage supplémentaire de rendre votre CV traditionnel accessible à tous les évaluatrices et évaluateurs qui pourraient le rechercher (l’évaluation des CV descriptifs présente des difficultés que de nombreuses évaluatrices et évaluateurs résoudront en se tournant vers des ressources en ligne telles qu’ORCID).
Il faudra probablement beaucoup d’essais et d’erreurs pour déterminer comment les services de la recherche peuvent aider au mieux les chercheuses et chercheurs à élaborer leur CV descriptif.
Si l’on dispose du temps nécessaire pour travailler individuellement avec les chercheuses et les chercheurs à l’élaboration de leur CV descriptif, il semble judicieux de pouvoir se référer à leur CV traditionnel. Mais il serait également utile que quelqu’un qui n’a pas lu les CV traditionnels examine les CV descriptifs complétés. Cette démarche est importante car les CV descriptifs seront évalués de la même manière par les pairs et par des comités au cours de la procédure de sélection.
Cela souligne un défi auquel les services de la recherche des universités vont sûrement se trouver confrontés : le manque de temps. D’une part, dans un monde parfait, de robustes stratégies d'élaboration de CV descriptifs impliqueraient à la fois des ateliers et un travail individuel entre le personnel des services de la recherche et les chercheuses et chercheurs pendant plusieurs semaines. D’autre part, nous devons formuler des stratégies pour les occasions fréquentes où une conseillère en recherche ou un facilitateur de subventions doit examiner des dizaines de CV descriptifs - et les propositions de recherche qui les accompagnent - en l’espace de quelques jours seulement.
Compte tenu notamment du volume considérable que représentera la première grande vague d’élaboration de CV descriptifs, il pourrait être plus faisable pour les services de la recherche d’élaborer des stratégies individuelles de développement de ces CV, stratégies que les chercheuses et chercheurs pourront mettre en œuvre avec leurs collègues, tandis que les services eux-mêmes élaboreront et animeront des ateliers pour des groupes, ainsi que des outils asynchrones que les chercheuses et chercheurs pourront utiliser de manière indépendante et individuelle. Il semble également souhaitable d’avancer, peut-être considérablement, les délais internes d’examen des demandes par les services de la recherche, lorsque les demandes exigent des CV descriptifs.
Au fur et à mesure que nous développons des outils, il semble important de ne pas perdre de vue ni les défis ni les opportunités du CV descriptif, et d’essayer d’atténuer les premiers sans diminuer les secondes. Les modèles de CV peuvent s’avérer utiles, mais s’ils sont trop « à l'emporte-pièce », ils risquent de rendre la description aride et d’éclipser les opportunités offertes par la forme descriptive du CV – par exemple, la possibilité de présenter son travail, actuellement invisible, comme un élément essentiel de l’écosystème de la recherche.
À ce jour, il existe très peu d’outils disponibles en français pour aider les chercheuses et chercheurs à rédiger des CV descriptifs, mais il existe un certain nombre de très bons outils en anglais. L’un des plus pertinents et des plus faciles à utiliser est le Cadre d’impact pour la Recherche développé par Giovanna Lima et Sarah Bowman (2022). Le guide court, Récits des engagements et des retombées : un guide de réflexion et de rédaction, (Université du Québec 2024), en partie tiré et adapté du Cadre d’impact pour la Recherche, est également très utile.
Les questions incitatives nuancées semblent être une stratégie très prometteuse pour le CV descriptif. La création de ces questions nécessitera des essais et des erreurs, et une collaboration entre les services de la recherche universitaire au Canada faciliterait grandement l’élaboration d’une banque de questions de ce type, accessible à tous les chercheuses et chercheurs.
Des exemples de CV descriptifs bien conçus ne devraient pas tarder à être disponibles. Tout comme la plupart des chercheuses et chercheurs renvoient aujourd’hui à un PDF de leur CV traditionnel sur leur pages web universitaires, ils pourraient être encouragés (sans y être obligés, bien entendu) à renvoyer également à leur CV descriptif le plus récent, une fois qu'il aura été mis au point. Cela permettrait également de créer une banque d’exemples de CV descriptifs accessibles à toutes les personnes intéressées.