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Maurice Riley Case est le nouveau chef du Bureau des perspectives noires de l’Université Concordia

Il dirigera une équipe vouée au développement d’un sentiment d’appartenance à la communauté et au démantèlement du racisme envers les personnes noires
1 février 2023
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« Lorsqu’on songe intentionnellement aux personnes noires au moment d’établir une institution, tout le monde en bénéficie », affirme Maurice Riley Case.
« Lorsqu’on songe intentionnellement aux personnes noires au moment d’établir une institution, tout le monde en bénéficie », affirme Maurice Riley Case.

Le 16 janvier dernier, Maurice Riley Case est devenu chef du Bureau des perspectives noires (BPN) de l’Université Concordia.

Déjà reconnu comme concepteur pédagogique spécialiste de la formation inclusive au Centre d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage (CAEA), il compte par ailleurs des décennies d’expérience à Concordia dans les sphères de l’épanouissement des personnes noires et de la lutte contre le racisme envers elles en milieu universitaire.

« Les qualités de chef de M. Riley Case, sa vision nette de la situation et ses approches innovantes permettront aux personnes noires membres de l’effectif étudiant, du personnel ou du corps professoral de l’Université de profiter de toutes les occasions de réussite qui leur sont offertes à Concordia, souligne Lisa White, directrice générale du Bureau de l’équité. Bien sûr, l’attention qu’il porte à la diversité et à l’intersectionnalité des identités noires représente un formidable atout pour le BPN. »

« Ses connaissances et son expérience en matière d’épanouissement des personnes noires s’étendent aux processus d’admission à l’Université, au recrutement et à la fidélisation du personnel de même qu’aux environnements d’enseignement, d’apprentissage et de travail, poursuit-elle. Dès lors, M. Riley Case et le BPN seront dans une excellente position pour entamer des collaborations transdisciplinaires aussi passionnantes que diversifiées. »

Dans le cadre de ses fonctions au CAEA, M. Riley Case était expert-conseil en matière d’inclusion. Ainsi, il accompagnait les membres du corps professoral qui souhaitaient adopter des méthodes pédagogiques antioppressives et antiracistes dans les cours qu’ils donnaient et les recherches qu’ils menaient. En outre, il a mis au point des formations, dirigé des ateliers et animé des consultations individuelles avec des membres du corps professoral et du personnel de même qu’avec des étudiantes et étudiants des cycles supérieurs.

Avant de travailler à Concordia, M. Riley Case a été consultant indépendant en pédagogie antioppressive. Il a aussi occupé un poste cadre au conseil scolaire du district de Peel, en Ontario – plus précisément au sein d’une équipe responsable de l’équité et de la mise en œuvre des directives du ministère de l’Éducation ontarien relatives au racisme envers les personnes noires.

Toujours au conseil scolaire du district de Peel, il a auparavant enseigné à l’école secondaire Cawthra Park et exercé la fonction de coordonnateur-formateur en matière d’épanouissement des personnes noires au Service de soutien aux partenariats communautaires, à la lutte contre l’oppression et le racisme et à l’éducation autochtone. Titulaire d’un baccalauréat en éducation et d’un baccalauréat ès arts de l’Université de Toronto, M. Riley Case possède également une maîtrise en éducation de l’Université York.

« La diversité des personnes noires confère à leur épanouissement autant d’envergure que de profondeur »

Comment se définit votre philosophie de l’inclusion?

Maurice Riley Case : Mon engagement en faveur de l’inclusion tire son origine des expériences personnelles et professionnelles que j’ai vécues. Compte tenu de mon identité noire, queer et trans, je me suis souvent retrouvé dans des milieux qui, par leur conception même, m’excluaient. C’était tout particulièrement le cas des établissements scolaires que j’ai fréquentés. Nul doute, ce cheminement a nourri ma passion pour la création et la conservation d’espaces sûrs, inclusifs et propices à l’épanouissement des personnes noires. Selon moi, lorsqu’on songe intentionnellement aux personnes noires au moment d’établir une institution, tout le monde en bénéficie.

Les établissements d’enseignement reflétant l’ensemble des inégalités sociales, il faut absolument y promouvoir une culture institutionnelle valorisant aussi bien l’accessibilité que la lutte contre le racisme, l’oppression et le colonialisme. La manière dont un établissement d’enseignement peut se transformer d’un site d’oppression éventuel à un lieu favorable à l’émancipation m’intéresse tout particulièrement. Cependant, il faut pour cela que se dessine une évolution culturelle, où l’inclusion s’inscrit dans un projet, plus vaste, de changement transformationnel.

Pourquoi l’intersectionnalité représente-t-elle un élément crucial des perspectives noires?

M. R. C. : D’abord, l’intersectionnalité joue un rôle crucial dans toute initiative qui favorise les perspectives noires. En effet, la subordination des personnes noires se caractérise autrement – souvent en fonction de catégorisations sociales liées à la race, au genre, à la sexualité, à l’appartenance à une classe ou à la présence d’une incapacité; cela se répercute sur les expériences noires. Selon Kimberlé Crenshaw, si l’analyse d’un combat, quel qu’il soit, ne tient pas compte des facteurs intersectionnels, elle ne peut alors pas aborder d’importantes sources d’oppression.

Ensuite, les personnes noires ne présentent pas un profil monolithique. Du coup, les perspectives noires sont intersectionnelles. D’ailleurs, les gens s’identifient et s’expriment suivant des modes intersectionnels. Les personnes et les communautés noires se distinguent par leur caractère pluriel et dynamique. Les institutions occultent souvent ces précieux aspects. Pourtant, la diversité des personnes noires confère à leur épanouissement autant d’envergure que de profondeur.

Enfin, pour la penseuse bell hooks, les transgressions nous font franchir les limites de l’acceptable au moment de développer une vision. Par essence, l’intersectionnalité possède une dimension transgressive. En effet, elle nous oblige à dénoncer l’oppression et nous adjure d’élaborer de nouvelles visions pédagogiques intégrant l’épanouissement non seulement possible mais réel des personnes noires.

Que souhaitez-vous que les gens retiennent du concept d’épanouissement des personnes noires?

M. R. C. : Le rapport du groupe de travail du recteur sur le racisme contre les Noirs s’inspire de la Charte de Scarborough, dont l’un des principes fondamentaux est l’épanouissement des personnes noires. Réformer le racisme envers les personnes noires implique l’élimination des barrières institutionnelles et structurelles afin que se réalise complètement leur potentiel intrinsèque de réussite. En quelque sorte, l’épanouissement des personnes noires est le résultat positif de l’expression de leur plein potentiel.

Souvent, la société appelle les personnes noires à faire preuve de résilience. De fait, on nous prévient que notre présence risque de susciter l’opposition et on vante notre aptitude à résister à l’oppression. Mais qu’adviendrait-il si nous cessions de nous adapter aux obstacles systémiques et aux pires conditions qui soient et que nous consacrions plutôt nos réflexions et nos énergies collectives à leur élimination? Qu’adviendrait-il si nous célébrions les personnes noires qui se sont épanouies malgré tout? Quelle est l’ampleur des possibilités qui s’offrent à nous?

Dans votre travail de pédagogue, de concepteur pédagogique et de militant pour des environnements inclusifs, avez-vous constaté une ouverture accrue en matière de transformation institutionnelle?

M. R. C. : Le degré d’ouverture varie beaucoup. Je sais maintenant que l’ouverture d’une institution à se transformer découle souvent du savoir des personnes qui en font partie et de la position qu’elles y occupent. Pour moi, cette position traduit leurs expériences intersectionnelles de précarité ou de sécurité dans le contexte colonial et colonisateur de l’île de la Tortue. La volonté d’accomplir une transformation institutionnelle exige de toute personne qu’elle ait une conscience critique de sa positionnalité. Cela dit, cette prise de conscience ne suffit pas. Les changements systémiques requièrent un engagement profond pour l’action collective.

Fait de bon augure, les personnes noires et autochtones membres de l’effectif étudiant, du corps professoral ou du personnel de Concordia, de même que leurs alliés, discutent non seulement de la nécessité d’une transformation institutionnelle, mais aussi des moyens essentiels à sa réussite. S’inspirant notamment des mouvements sociaux, des plans directeurs ont déjà été conçus à l’échelle communautaire. Leur mise en œuvre dès maintenant faciliterait la pleine expression de notre humanité et porterait ses fruits à long terme. Si je me réjouis des progrès réalisés, je sais toutefois que beaucoup de travail nous attend.


Apprenez-en davantage sur le
Bureau des perspectives noires de l’Université Concordia.

 



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