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Concordia publie le rapport définitif du groupe de travail du recteur sur le racisme contre les Noirs

L’Université présente également des excuses historiques pour sa mauvaise gestion des plaintes pour racisme formulées par des membres de l’effectif étudiant et de la manifestation étudiante de 1969 à la Sir George Williams University
28 octobre 2022
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De gauche à droite : Lynne Murray, Graham Carr, Angélique Willkie, Rodney John et Anne Whitelaw.
De gauche à droite : Lynne Murray, Graham Carr, Angélique Willkie, Rodney John et Anne Whitelaw.

Il s’agit d’un moment charnière dans l’histoire de l’Université Concordia, qui se dote d’une véritable feuille de route pour l’avenir. Le groupe de travail du recteur sur le racisme contre les Noirs a publié son rapport définitif et ses recommandations.

Un événement a eu lieu à cette occasion le vendredi 28 octobre. L’annonce historique s’est déroulée en présence de membres de la communauté de Concordia et de la communauté noire de Montréal, d’invités spéciaux, des membres du groupe de travail ainsi que de représentants des médias.

Points à retenir du rapport

La rédaction du document a nécessité deux ans de recherche, plus d’une centaine de réunions, la formation de six sous-comités et des discussions sans précédent à l’échelle de l’Université.

Adoptant une perspective fondée sur la théorie critique de la race, le groupe de travail a ancré son rapport dans les quatre principes fondamentaux de la Charte de Scarborough contre le racisme anti-Noir et pour l’inclusion des Noirs dans l’enseignement supérieur au Canada, publiée en novembre 2021 et dont Concordia est signataire. Ces principes sont l’épanouissement des personnes noires, l’excellence inclusive, la mutualité et la responsabilisation.

Bien qu’il prenne appui sur l’évaluation du système d’enseignement supérieur canadien réalisée dans le cadre de la Charte de Scarborough, le rapport du groupe de travail s’accompagne de recommandations solidement ancrées dans le contexte de Concordia.

Relevant de la vice-rectrice exécutive aux affaires académiques Anne Whitelaw, le groupe de travail formé à l’automne 2020 avait pour mandat de superviser et de coordonner les efforts nécessaires à la formulation de recommandations pour lutter contre le racisme systémique envers les Noirs dans le milieu universitaire.

Le groupe de travail a été mis sur pied en réaction aux appels à l’action lancés à l’échelle mondiale et au mouvement Black Lives Matter dans le sillage du meurtre de George Floyd, à la lumière desquels il devenait de plus en plus évident que tous les établissements, y compris Concordia, devaient offrir une réponse concertée au racisme systémique et ciblé.

Lynne Murray parle de la manifestation étudiante, de son arrestation et des répercussions Lynne Murray parle de la manifestation étudiante, de son arrestation et des répercussions.

Un processus empreint de tristesse, de joie, de frustration et d’espoir

Angélique Willkie, présidente du groupe de travail et conseillère spéciale en matière d’intégration des Noirs et de savoirs noirs auprès de la vice-rectrice exécutive aux affaires académiques, livre ses impressions au sujet du travail difficile qui a conduit à la publication du rapport. Elle appelle l’Université à assumer son passé pour concevoir un avenir différent.

« Le projecteur que nous avons braqué sur le racisme systémique dans l’ensemble de l’Université a révélé des vérités bouleversantes sur la façon dont les membres noirs de l’effectif étudiant, du personnel et du corps professoral vivent et conçoivent les perspectives, les espaces, les services et les systèmes de récompense et de reconnaissance pour leur travail et leurs recherches, souvent dans des réalités différentes de celles de leurs pairs », indique Mme Willkie.

« Les réflexions des membres de la communauté noire au sein de nos six sous-comités sont le point de départ de nos recommandations, qui visent à rétablir l’égalité des chances dans un monde construit il y a longtemps sur la base d’un racisme systémique. Les efforts que nous avons consacrés à la rédaction du rapport définitif ont été empreints de tristesse, de joie, de frustration et de l’espoir que cette fois-ci sera la bonne, que le travail profondément collectif et collaboratif des membres de notre communauté noire ne sera pas vain.

« Le courage, l’engagement émotionnel, le temps et les efforts de recherche investis par la communauté noire de Concordia représentent une dette que nous aurons pour toujours envers eux. Leur contribution a été inestimable pour l’Université, qui a ainsi pu tracer une nouvelle voie et marquer un tournant dans son histoire et ses relations avec les communautés noires. »

« Le rapport officialise nos engagements et nous oblige à rendre des comptes »

Mme Whitelaw a collaboré étroitement avec Angélique Willkie, Annick Maugile Flavien ainsi que le Caucus noir de Concordia et d’autres parties prenantes pour définir la structure et la composition du groupe de travail.

« À l’instar du plan d’action novateur sur les directions autochtones, le rapport du groupe de travail propose une série de mesures concrètes qui transformeront l’Université de l’intérieur en tenant compte des expériences propres à sa communauté noire ainsi que des structures et des pratiques qui entravent l’épanouissement des personnes noires », précise-t-elle.

« Je suis profondément reconnaissante envers Angélique et les membres du groupe. Sans leurs longues heures de travail, les conversations difficiles qu’ils ont dû avoir et leur volonté de fournir leur expertise, de témoigner de leurs expériences et de porter la charge émotionnelle que cela implique, le rapport n’aurait jamais vu le jour et nous n’aurions pas une voie claire pour l’Université.

« Il s’agit de questions complexes, et nous ne sommes qu’au début d’un processus qui exige un engagement continu de la part de tous les membres de la communauté universitaire. Le rapport officialise notre engagement, nous responsabilise et rend notre efficacité mesurable en mettant en évidence les domaines où il est impératif d’agir. »

De gauche à droite : Angélique Willkie avec Rodney John qui a partagé son expérience du racisme à SGWU. De gauche à droite : Angélique Willkie avec Rodney John qui a partagé son expérience du racisme à SGWU.

« Une étape nécessaire attendue depuis longtemps »

L’une des mesures suggérées par le groupe de travail était que Concordia reconnaisse le rôle du racisme dans la manifestation étudiante de 1969 à la Sir George Williams University et présente des excuses publiques pour la façon dont elle a géré ces événements.

Lors du lancement du rapport, le 28 octobre, le recteur de Concordia, Graham Carr, a présenté des excuses pour les événements qui ont conduit à la manifestation étudiante et les conséquences désastreuses qu’ils ont eues sur la vie des personnes étudiantes noires et caribéennes et de leurs alliés qui ont osé s’opposer au racisme systémique vécu à l’Université.

Deux invités spéciaux étaient présents à l’événement, soit Rodney John, qui a fréquenté la Sir George Williams University entre 1965 et 1969, et Lynne Murray, qui était étudiante au baccalauréat en 1969. Mme Murray a été arrêtée par la police le matin du 11 février.  M. Rodney faisait partie des étudiants ayant porté plainte contre leur professeur. Il est revenu à Concordia en 1972 et a complété un diplôme différent de celui qu’il avait préalablement commencé. 

« Pour Concordia, la prise de conscience au sujet de son rôle dans ces événements est une étape nécessaire attendue depuis longtemps », affirme M. Carr. « Mais il ne s’agit pas d’une fin en soi. Oui, ces excuses publiques découlent de notre besoin de remettre en question les idéologies et les actions du passé. Elles nous obligent à mieux agir et témoignent de notre engagement à nous efforcer, chaque jour, de former une communauté à l’égard de laquelle tous peuvent éprouver un sentiment d’appartenance, où les expériences de chacune et chacun sont considérées comme légitimes, et où, par conséquent, nous pouvons tous réaliser notre plein potentiel. »

« Le groupe de travail du recteur sur le racisme contre les Noirs a dressé une liste de mesures judicieuses et concrètes qui nous guideront sur cette voie à l’avenir, poursuit M. Carr. Ces deux dernières années, le groupe de travail a œuvré afin d’élaborer des recommandations ancrées dans les expériences vécues par les employés, professeurs, étudiants et diplômés noirs.

« Les mesures proposées par le groupe de travail concernent la plupart des aspects de la vie universitaire. Elles visent à améliorer notre gouvernance et nos politiques, à promouvoir l’excellence universitaire, à favoriser une communauté universitaire au sein de laquelle les membres noirs de l’effectif étudiant peuvent s’épanouir, et à soutenir les membres noirs du corps professoral et du personnel. Elles visent en outre à valoriser les savoirs des personnes noires et à favoriser des relations mutuellement bénéfiques avec les communautés noires au-delà de l’Université.

« Nous nous attelons maintenant à la tâche considérable de me mettre en œuvre ces recommandations et de renforcer nos relations avec les communautés noires, sur le campus et à Montréal. Nous sollicitons aujourd’hui la participation de tous les membres de la communauté de Concordia à nos efforts pour bâtir une communauté plus équitable et plus juste. »

Lisez le texte complet de la déclaration d’excuses.

Quelles sont les prochaines étapes pour Concordia? 

Le travail de lutte contre le racisme contre les Noirs et de mise en œuvre des recommandations du rapport final sera la responsabilité collective de l’Université. En tant que conseillère spéciale en matière d’intégration des Noirs et de savoirs noirs auprès de la vice-rectrice exécutive aux affaires académiques, Angélique Willkie conseillera et guidera la vice-rectrice exécutive aux affaires académiques dans l’adoption des recommandations finales du groupe de travail.

Recommandations du groupe de travail :

  • Embaucher un membre du corps professoral pour diriger le développement du programme d'études sur les Noirs et la diaspora africaine dans le contexte canadien.
  • Promouvoir les perspectives noires dans la recherche et l’enseignement ainsi que les chercheurs noirs dans l’ensemble de l’Université.
  • Créer davantage de possibilités pour les étudiants des cycles supérieurs et les chercheurs noirs et mettre en place des programmes de recherche dans toutes les disciplines.
  • Création d'un centre de ressources et de réussite pour les étudiantes et étudiants noirs afin d’entrer en contact avec leurs pairs, créer des réseaux, trouver des mentors et recevoir un soutien ciblé.
  • Accroître les collections de la Bibliothèque de l’Université et d’autres ressources pour soutenir davantage la recherche et les programmes d’études.
  • Établir de nouvelles relations avec les communautés noires souhaitant former des partenariats.
  • Installer une plaque dans le pavillon Henry-F.-Hall et lancer une page Web commémorative pour faire en sorte que l’on se souvienne des manifestations étudiantes de 1969 et que les membres actuels et futurs de la communauté de Concordia connaissent cette histoire.
  • Lancer un projet à l’échelle de l’Université visant à renommer les principales installations en tenant compte de ses relations historiques avec les communautés noires et autochtones ainsi que de sa vision de l’avenir. Ce travail sera achevé à temps pour le 50e anniversaire de l’Université, en 2024.
  • Continuer à recueillir des données désagrégées en fonction des origines culturelles et ethniques pour permettre des décisions éclairées concernant la présence et les besoins des membres noirs de la communauté de Concordia.
  • Fournir une formation et un soutien en matière de lutte contre le racisme dans l’ensemble de l’Université, notamment en dotant les gestionnaires et les comités d’embauche d’outils permettant de lutter contre les préjugés implicites lors de l’embauche d’employés et de professeurs, et en fournissant une formation adaptée au contexte pour les unités de l’Université, y compris la haute administration.
  • Élaborer des modules de lutte contre le racisme pour soutenir des pédagogies plus inclusives et aider les membres du corps professoral à faire face aux incidents raciaux en classe.

 

Lisez le rapport définitif du groupe de travail du recteur sur le racisme contre les Noirs et les excuses du recteur pour la manière dont a été gérée la manifestation étudiante de 1969 à la Sir George Williams University.

Lisez le témoignage de Leon Jacobs, étudiant noir à la Sir George Williams University en 1969. (please link to Candace’s dad’s story)

 



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