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La chercheuse engagée de Concordia Arwa Hussain explore pourquoi les musulmanes de sa communauté choisissent de porter le hijab

« Le but de ma recherche est de briser les stéréotypes »
25 novembre 2022
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« Le port du hijab ne change pas notre personnalité, notre façon de penser ou la manière dont nous vivons notre vie », affirme Arwa Hussain.
« Le port du hijab ne change pas notre personnalité, notre façon de penser ou la manière dont nous vivons notre vie », affirme Arwa Hussain.

Arwa Hussain, chercheuse engagée à l’Université Concordia, veut que les gens sachent que pour la plupart des musulmanes, le port du hijab est un choix, et non une obligation. Par ses recherches, elle entend montrer que les musulmanes mènent des vies complexes et plurielles, et adoptent souvent diverses traditions religieuses.

La doctorante en études religieuses examine les raisons pour lesquelles les femmes d’une petite communauté islamique, les Dawoodi Bohras, choisissent de vivre religieusement et de porter un type de hijab appelé « rida ».

Le sujet touche personnellement Mme Hussain, qui est elle-même membre des Dawoodi Bohras. Son étude sera d’ailleurs la première en son genre à s’intéresser aux femmes de cette communauté.

Ses travaux sont appuyés par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture et Concordia.

Arwa Hussain abordera le rôle que jouent les médias sociaux à la fois dans l’autonomisation des musulmanes et leur exposition à la violence en ligne à ESPACE 4, le 8 décembre prochain. Le public est invité à assister à cette table ronde, Representation, Identity and Experience, en personne ou en ligne.

« Dans ma communauté, les hommes et les femmes sont considérés comme égaux »

Pourquoi vous êtes-vous intéressée aux raisons pour lesquelles les musulmanes choisissent d’adopter une identité religieuse?

Arwa Hussain : Je suis musulmane, je porte le foulard et je viens d’une petite communauté musulmane. Les gens m’ont toujours questionné à ce sujet et regardé en supposant certaines choses. Ils ne comprennent pas pourquoi une femme qui effectue un doctorat au Québec choisit tout de même d’arborer un symbole religieux malgré son éducation.

Mes travaux portent principalement sur les femmes de ma propre communauté musulmane, les Dawoodi Bohras. Le but de ma recherche est de briser les stéréotypes. Nous formons une communauté très éduquée et progressiste, où les femmes jouissent d’une grande liberté de choix – dont le choix de vivre religieusement et de porter des vêtements religieux.

« Le rida suscite beaucoup de curiosité, car il est très différent des autres hijabs. » | Photos : Arwa Hussain « Le rida suscite beaucoup de curiosité, car il est très différent des autres hijabs. » | Photos : Arwa Hussain

Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre communauté?

AH : Nous constituons une branche de ce qu’on appelle l’islam ismaélien fatimide, mais nous possédons notre propre culture, nos coutumes, notre mode de vie et notre langue. Notre branche compte environ un million de membres en Amérique du Nord, en Inde, au Pakistan et en Afrique.

Dans ma communauté, l’éducation revêt une grande importance pour les hommes et les femmes, qui sont considérés comme égaux. Notre esprit d’entreprise est très développé, et ce sont d’ailleurs souvent les femmes qui lancent et gèrent des entreprises, depuis la maison ou en ligne.

Le rida est un type de hijab propre à notre communauté, très distinct et généralement très coloré et embelli. Selon mon expérience personnelle, le rida suscite beaucoup de curiosité, car il est très différent des autres hijabs.

Comment menez-vous votre recherche?

AH : Comme les médias sociaux sont devenus un mode de communication incontournable, je les utilise pour contacter des membres de la communauté, avec qui je réaliserai des entrevues virtuelles.

Ma méthodologie est principalement axée sur les récits de vie. Je parlerai avec ces femmes des raisons pour lesquelles elles ont décidé de commencer à porter le rida – ce qui n’est pas obligatoire, puisque ce ne sont pas toutes les femmes qui le portent. Je m’intéresse aux femmes qui ont fait le choix délibéré de le porter à plein temps dans leur vie. Qu’est-ce qui les a menées à ce choix? Quelles sont leurs conceptions des rôles de genre, du mariage et de la maternité?

Quel genre d’incidence souhaitez-vous que votre recherche ait?

AH : Je tiens vraiment à entamer un dialogue sur la nécessité de faire entendre les voix des musulmanes. Nous sommes en effet si souvent effacées des conversations. Au Québec, la loi 21 témoigne sans aucune équivoque du fait que les musulmanes sont considérées comme dépourvues de pouvoir, même si nous ne cessons de proclamer que porter le hijab est notre choix.

Le port du hijab ne change pas notre personnalité, notre façon de penser ou la manière dont nous vivons notre vie. Mon intention est de montrer que nos vies sont beaucoup plus complexes et diversifiées que ce simple marqueur identitaire externe qui obsède les gens.


Apprenez-en davantage sur le
Programme des chercheuses et chercheurs engagés de l’Université Concordia.

Assistez à la table ronde Representation, Identity and Experience, qui aura lieu à ESPACE 4 (1400, boulevard De Maisonneuve Ouest), en personne ou en ligne, le 8 décembre prochain de 16 h à 17 h 30.

 



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