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Du transport souterrain aux aliments-réconfort servis à hauteur de rue

Daniel Ferreira fait bon usage de ses connaissances en génie civil pour bâtir une entreprise de restauration à Copenhague
12 décembre 2024
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Par Wendy Helfenbaum


Daniel porte une casquette des Expos de Montréal et une chemise en flanelle alors qu'il tend de la nourriture à un client. Daniel Ferreira sert de la cuisine canadienne et américaine à son comptoir gastronomique de Copenhague. | Photo: Wendy Helfenbaum

Le hasard nous entraîne parfois sur des chemins inattendus. Pour Daniel Ferreira, B. Ing. 2018, tout a commencé par le virus du voyage, qui l’a piqué peu après l’obtention de son diplôme du programme de génie civil de l’Université Concordia.

Désireux de découvrir l’Europe, Daniel Ferreira a fait plusieurs demandes d’emploi avant de décrocher un poste dans le cadre du projet d’extension du réseau de métro Tunn3L, à Copenhague, en 2019.

« Étant Canadien, j’étais persuadé de pouvoir affronter l’hiver n’importe où. Copenhague est une ville sympa, dont j’ai apprécié les infrastructures cyclistes, mais pas la pluie, relate-t-il. De plus, la neige me manquait, ce que je n’aurais jamais cru m’entendre dire un jour! »

Daniel Ferreira a su mettre à profit les compétences acquises à Concordia dans le cadre du projet Tunn3L.

« Il y avait beaucoup de travaux d’infrastructures et d’excavation à effectuer, et ce que j’avais appris dans mes cours sur les fondations et la mécanique des sols m’a été utile : j’ai été en mesure de comprendre le jargon technique employé et le système de pilotis utilisé », explique-t-il.

« Le programme de génie de Concordia permet d’acquérir des connaissances pratiques en plus des notions théoriques, ce qui est très utile dans le monde réel. »

Sept mois plus tard, alors que la pandémie de COVID-19 prend de l’ampleur, Daniel Ferreira retourne à Montréal pour acquérir de l’expérience de travail au Canada. Il travaille pour un petit entrepreneur général, puis au service de la science du bâtiment de WSP, une importante société d’experts-conseils en génie.

Maïs, pancakes et poutine

Trois portions d'épis de maïs, de bœuf, de tacos et de frites sont présentées. L'une des portions contient un petit drapeau canadien en papier. « Je crois que nous sommes sur la bonne voie. Nous faisons à coup sûr quelque chose de bien », affirme Daniel Ferreira, qui régale les clientèles européennes de spécialités nord-américaines. | Photo: Wendy Helfenbaum

En mars 2022, Daniel Ferreira a envie de voyager à nouveau. Grâce à son réseau, il pense trouver facilement un contrat d’ingénieur à Copenhague. Faute de réussir et à la recherche d’un gagne-pain, il accepte un emploi à temps partiel à Keyser Social, un restaurant asiatique très fréquenté. Très vite, il tombe amoureux de la chef Shirley Kvistgaard, une Américaine qui s’était installée à Copenhague pour terminer ses études. C’est alors qu’ils envisagent d’ouvrir leur propre restaurant.

« Il faut aimer son travail, et pourquoi ne pas l’accomplir avec quelqu’un que l’on aime », raisonne Daniel Ferreira.

Le couple obtient un emplacement au marché alimentaire de Reffen, situé à Refshaleøen, une île anciennement vouée à la fabrication industrielle. Divers entrepreneurs y servent aujourd’hui une cuisine de rue multiculturelle préparée dans des conteneurs d’expédition reconvertis. Le marché, qui accueille environ un million de visiteurs par an, propose également des ateliers d’artistes, des concerts gratuits et des festivals.

En mars 2024, Daniel Ferreira et Shirley Kvistgaard inaugurent le restaurant Yankees & Canucks, qui propose des spécialités nord-américaines nappées de sauces maison et de sirop d’érable, notamment des bouts de côtes, du maïs rôti, des frites de patates douces, des macaronis au fromage, des sandwichs à la poitrine de bœuf fumée et des pancakes, sans oublier la poutine.

Lorsque Shirley Kvistgaard mettait au point sa recette de poutine, Daniel Ferreira faisait office de goûteur officiel chargé de déterminer si le plat était authentique. Il accueille les clients coiffé d’une casquette de baseball des Expos de Montréal, et on aperçoit, appuyée contre la vitrine, la fameuse main en mousse à l’index dressé des Canadiens de Montréal. Sous le comptoir de service se trouve une collection de plaques d’immatriculation américaines et canadiennes, dont une du Québec.

« Une fois de plus, mon expérience en ingénierie et en construction a été utile; j’aime mettre la main à la pâte, alors j’ai refait le plancher. Nous avons également dû peindre les murs et tout refaire à neuf, et ce fut un processus très agréable. Shirley est la maîtresse cuisinière et le génie qui conçoit le menu. Quant à moi, je suis le visage de l’entreprise et je m’occupe de l’aspect administratif. »

Le couple travaille six jours par semaine, et la clientèle voue au restaurant un véritable culte. L’été dernier, ils ont fait l’objet d’un mini documentaire télévisé, et leur Rib Dog a remporté le prix du public lors des prix d’Europe de la cuisine de rue.

« Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de Canadiens ici, mais ils viennent tous et n’en ont que pour la poutine! Et la première question que l’on me pose est toujours de savoir si nous avons du vrai fromage en grains. »

Après avoir essayé de le faire fabriquer localement, Daniel Ferreira importe maintenant du fromage en grains du Québec par l’intermédiaire d’une entreprise allemande.

Pendant les mois d’été, le couple vit dans un Kon-Tiki Express 1992, un véhicule récréatif de fabrication britannique. Ils prévoient se rendre au Portugal pendant la saison morte.

« Je crois que nous sommes sur la bonne voie. Nous faisons à coup sûr quelque chose de bien », se réjouit Daniel Ferreira.



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