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Les spécialistes des changements climatiques de Concordia prennent part à la COP26

« Il est important que nous ayons toutes et tous l’occasion de participer à la discussion. »
9 novembre 2021
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Ursula Eicker et Carmela Cucuzzella à la COP26. | Photos : Stephanie Gibson
Ursula Eicker et Carmela Cucuzzella à la COP26. | Photos : Stephanie Gibson

Ça chauffe! Littéralement. La hausse des températures mondiales constitue une menace croissante pour les êtres humains et la faune. Des populations sont déplacées, et presque tous les aspects de l’écosystème interconnecté de la planète – de l’agriculture à l’économie – sont touchés d’une manière ou d’une autre.

Alors que les changements climatiques sont au cœur des préoccupations internationales, des chefs d’État et des leaders d’opinion se sont réunis à Glasgow, en Écosse. Le Royaume-Uni accueille la conférence des Nations unies sur le changement climatique de 2021, la COP26 (la 26e « Conférence des Parties » annuelle).

Selon son site Web, cet événement de 12 jours est ce que « beaucoup considèrent comme l’ultime chance pour le monde de parvenir à maîtriser le changement climatique qui est en train de nous échapper. »

La conférence de cette année a lieu six ans après la COP21, qui a permis de consolider l’Accord de Paris. En vertu de cet accord, tous les cinq ans (ou, six, en raison de la COVID-19), toutes les nations revoient et, espérons-le, améliorent leurs engagements en matière de réduction des émissions de carbone. L’Accord de Paris amène les nations à travailler ensemble pour limiter le réchauffement de la planète à moins de deux degrés, et idéalement à 1,5 degré, à réagir et à s’adapter aux effets des changements climatiques, et à réserver des fonds à cet effet.

Les objectifs de la COP26 sont ambitieux. Il s’agit notamment de garantir la carboneutralité au niveau mondial d’ici le milieu du siècle et de surveiller l’augmentation de 1,5 degré, de s’adapter pour protéger les communautés et les habitats naturels, de mobiliser des fonds en demandant aux pays développés d’honorer leurs engagements en matière de financement climatique à hauteur de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 et de travailler ensemble pour les concrétiser.

Comme l’écrit Alok Sharma, président désigné de la COP, dans la publication COP26 Explained : « la COP26 doit être catégorique. L’admiration ou le désespoir des générations futures dépend entièrement de notre capacité à saisir ce moment. Saisissons-le ensemble. »

Concordia à la COP26

La délégation de Concordia à la COP26 comprend certaines des principales voix à l’avant-garde des discussions mondiales en matière de changements climatiques et de durabilité. Il s’agit de Matthias Fritsch, professeur de philosophie à la Faculté des arts et des sciences, d’Ursula Eicker, titulaire de la chaire d’excellence en recherche du Canada sur les collectivités et les villes intelligentes, durables et résilientes, et de Carmela Cucuzzella, titulaire de la chaire de recherche de Concordia en conception intégrée, écologie et durabilité du milieu bâti (Niveau 2). Damon Matthews, professeur au Département de géographie, urbanisme et environnement et titulaire de la chaire de recherche de l’Université Concordia en climatologie, durabilité, géographie, urbanisme et environnement, y participe quant à lui virtuellement.

Carmela Cucuzzella enseigne le design et les arts informatiques à la Faculté des beaux-arts. Selon elle, la dépendance du monde aux combustibles fossiles rend non seulement impossible le passage au scénario à 1, 5 degré, mais crée également des injustices sociales et de profondes inégalités, depuis leur extraction jusqu’à leur utilisation.

« L’écart entre les enjeux, les promesses, les personnes, les plans et les voies d’accès doit être examiné de manière très sérieuse par les Parties du monde. Nous entendons beaucoup parler à la fois de différents enjeux retrouvés et de nombreuses promesses faites dans plusieurs pays, notamment les pays riches, mais très peu des personnes, des plans et surtout des voies à suivre. Il faut un débat approfondi sur ces questions et chercher à davantage les comprendre », commente-t-elle.

Elle ajoute que ces éléments peuvent être conceptuellement considérés comme cinq facteurs clés et peuvent aider la société à réfléchir à des moyens réalistes de parvenir à la réalisation d’un scénario à 1,5 degré.

« Ne nous contentons pas de présenter les enjeux et les promesses. Il est encore plus important de s’attaquer à l’écart, et cela ne peut se faire qu’en parlant de personnes, de plans et de voies d’accès. »

Rencontre de la délégation québécoise avec François Legault

Aux côtés de la professeure Cucuzzella, Ursula Eicker est codirectrice fondatrice de l’Institut des villes nouvelle génération de Concordia. Cet institut réunit des chercheuses et chercheurs de plusieurs disciplines pour s’attaquer à certains des plus grands défis de la société en matière de durabilité, notamment les changements climatiques et la préservation des écosystèmes naturels.

Elle enseigne le génie du bâtiment, civil et environnemental à l’École de génie et d’informatique Gina-Cody et a récemment publié un texte d’opinion dans le quotidien Montreal Gazette dans lequel elle exhorte les municipalités à prendre l’initiative en matière de changement climatique.

En tant que responsable de la délégation de Concordia, la professeure Eicker a été invitée à rencontrer le premier ministre du Québec, François Legault, à la COP26, aux côtés d’autres délégués québécois. Il s’agissait d’une occasion unique pour elle d’aborder directement la façon dont le Québec contribue aux objectifs mondiaux en matière de changements climatiques. Elle a indiqué que M. Legault a discuté, lors d’un événement spécial organisé par le chef de la délégation québécoise, de l’atteinte par la province du plus faible taux d’émissions de carbone par habitant en Amérique du Nord.

Il a présenté l’électrification des transports, notamment des autobus et des transports publics, comme un domaine d’innovation majeur au Québec, même si, selon la professeure Eicker, les émissions de CO2 sont encore deux fois plus élevées qu’en Suisse, par exemple, avec 4,7 tonnes par habitant. Elle a pu lui demander d’où viendrait toute l’électricité verte pour le transport et le chauffage des immeubles, M. Legault mentionnant l’énergie éolienne comme une option.

« En prenant l’initiative de rencontres fortuites, il existe des occasions très intéressantes d’établir des contacts lors d’un tel événement », explique Ursula Eicker.

« En participant à de nombreux événements relatifs aux énergies propres, à l’abandon des combustibles fossiles et aux actions des villes, il y avait réellement des occasions d’exprimer son opinion et de faire connaître le travail que nous effectuons sur les villes de nouvelle génération à un large public international. »

Elle ajoute que son expérience en tant qu’observatrice à la COP26, qu’elle compare à une « grande foire commerciale », lui a donné un aperçu entièrement nouveau de la diplomatie internationale. Elle a également souligné l’importance des observateurs qui sont là pour maintenir un haut niveau de transparence et fournir un point de vue de la société civile sur le processus de négociation.

Les peuples autochtones

Le professeur Fritsch enseigne l’éthique environnementale à Concordia et est chercheur au Centre de recherche Loyola sur la durabilité de l’Université. À Glasgow, il a surtout cherché à apprendre des observateurs expérimentés de la société civile canadienne, comme le Réseau action climat Canada, une coalition de plus de 100 ONG, et à assister à des réunions et à des points de presse des peuples autochtones, des pays les moins avancés (PMA) et des petits États insulaires en développement (PEID).

Selon lui, les peuples autochtones représentent moins de cinq pour cent de la population mondiale, mais en dépit de l’héritage de la dépossession coloniale des terres, ils gèrent ou détiennent 25 % de la surface terrestre de la planète et abritent environ 80 % de la biodiversité mondiale.

« Compte tenu de leur connaissance de la terre et des enseignements intergénérationnels, les autochtones jouent un rôle central dans la préservation de la nature et la lutte contre les changements climatiques, sans compter qu’il est important de protéger leurs droits face aux entreprises minières et à l’industrie agricole mondiales », explique-t-il.

Il ajoute que les émissions de gaz à effet de serre sont mieux comprises comme un problème d’action collective, et que la meilleure façon de le résoudre est que toutes les parties s’entendent pour agir dans l’intérêt collectif. Selon lui, c’est la raison pour laquelle la COP est nécessaire, malgré les craintes d’obtenir seulement plus de « bla-bla ».

Matthias Fritsch souligne entre-temps que le point central de la COP26 pourrait être de donner aux pays principalement vulnérables aux changements climatiques une chance de confronter les principaux émetteurs et les pays en mesure d’assurer l’atténuation, l’adaptation et la compensation.

« Les principaux coupables doivent entendre parler des pires objectifs de leurs émissions dans un cadre délibératif en mesure de déboucher sur des accords exécutoires.

« Je n’ai que peu d’espoir de voir des progrès majeurs »

Pour sa part, le professeur Matthews, qui dirige le Laboratoire de modélisation, d’incidence et de scénarisation climatiques de Concordia, et qui a récemment été désigné comme l’un des 1 000 meilleurs climatologues au monde selon le palmarès Reuters Hot List, a coécrit 10 New Insights in Climate Science 2021, lancé au cours de la première semaine de la COP26. 

Il a suivi la conférence à distance et affirme que, malgré des avancées graduelles et encourageantes, il semble peu probable que le monde parvienne à réaliser le « saut quantique en termes d’ambition » nécessaire pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

« Je n’ai que peu d’espoir de voir cette conférence déboucher sur des progrès majeurs. Les progrès graduels sont bien sûr importants, mais ils ne permettront pas de résoudre le problème assez rapidement », déclare-t-il.

Il ajoute néanmoins qu’il est utile pour Concordia et d’autres voix extérieures de participer à des événements comme la COP26 pour s’assurer d’être inclus dans la discussion sur les changements climatiques.

« Comme pour tout défi mondial majeur, il est important que nous ayons toutes et tous l’occasion de participer à la discussion sur la recherche et la mise en œuvre de solutions », ajoute-t-il.

« La COP a ses défauts, mais ses réunions constituent d’importants lieux de discussion. »

La COP26 se déroule jusqu’au 12 novembre.


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