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Une artiste de Concordia collabore avec un groupe de jeunes femmes noires à la galerie Dazibao

Veronica Mockler, membre du Centre d’études sur l’apprentissage et la performance, travaille avec sept jeunes femmes à la réalisation d’un projet d’art participatif
14 juin 2023
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Groupes de femmmes « Les personnes qui participent à des projets artistiques collaboratifs sont souvent invitées à apporter une contribution, mais sont rarement incluses lors de la représentation devant public », note Veronica Mockler.

Veronica Mockler (B. Bx-arts 2015, M.A. 2022) est une artiste diplômée en beaux-arts de Concordia et membre du Centre d’études sur l’apprentissage et la performance (CEAP) de l’Université. En collaboration avec sept jeunes femmes actives dans la communauté du quartier de la Petite-Bourgogne, à Montréal, elle dirige un projet s’échelonnant sur deux ans dans le cadre du programme de médiation culturelle du centre d’art actuel Dazibao.

Veronica Mockler est adjointe de recherche du professeur Vivek Venkatesh, de Concordia, qui est cotitulaire de la Chaire UNESCO-PREV et directeur du CEAP. Le travail créatif qu’accomplit Veronica Mockler avec le Projet Someone dans le cadre du projet Pédagogie sociale innovante (PSI) vise surtout à favoriser des pratiques qui consistent à dialoguer avec les autres plutôt qu’à parler en leur nom.

Pour elle, cette démarche prend souvent la forme de projets communautaires dirigés par des femmes, politiquement collaboratifs et fondés sur le dialogue dont le but consiste avant tout à explorer des façons de favoriser une plus grande présence des personnes issues des classes populaires au sein des institutions vouées à l’art, à la citoyenneté et au savoir.

« En tant qu’artiste-chercheuse indépendante dans le cadre du projet PSI, j’ai la possibilité d’explorer les défis que présentent la participation et la collaboration dans le monde de l’art contemporain ainsi que dans le milieu de la recherche universitaire », explique Veronica Mockler.

« C’est une entreprise complexe que de donner la possibilité à des personnes qui ne sont pas considérées comme des artistes par le monde de l’art ou comme des chercheurs par le milieu universitaire d’avoir une existence structurelle pleine et entière dans ces institutions et de contribuer aux significations qu’elles contribuent à élaborer. Plus précisément, comment ces personnes peuvent-elles prendre part à l’étape suivante, où ces significations sont discutées et présentées à des auditoires et s’inscrivent dans l’espace public. »

D’une durée de deux ans, le projet s’aligne avec les objectifs de PSI, qui consistent à redonner une agentivité, une autorité et un pouvoir aux intervenantes et intervenants communautaires.

« Les personnes qui participent à des projets artistiques et de recherche collaboratifs sont souvent invitées à apporter une contribution en faisant partager leurs connaissances et leur expérience, mais sont rarement invitées à être présentes et à parler en leur propre nom lors de la représentation des résultats devant public », ajoute Veronica Mockler.

« Mon travail et mes recherches sont fortement inspirés d’une approche radicale de la performance, de l’éducation populaire et de l’histoire orale, pratiques qui m’ont permis de comprendre le potentiel et l’impact des échanges intergénérationnels directs et à valoriser l’expertise expérientielle. »

« Une approche très peu conventionnelle dans le monde de l’art contemporain »

Veronica Mockler est la conceptrice du projet d’art participatif intitulé À l’image – Takeover. Il s’agit d’une série constituée de huit « interventions » artistiques consistant, pour un groupe de jeunes femmes noires âgées de 13 à 21 ans, à réagir à chacune des expositions inscrites à la programmation de la galerie sur une période de deux ans; les jeunes participantes sont invitées à engager un dialogue critique autour des expositions et à donner leur point de vue sur les sujets abordés en ayant recours aux médias situés.

« Non seulement le projet permet de réagir aux idées et aux enjeux sociétaux abordés dans chacune des expositions, mais il sera également structurellement intégré à la programmation de Dazibao », précise Veronica Mockler. « Le projet est déjà en marche, et nous sommes actuellement sur le point d’entreprendre notre quatrième intervention. »

Lorsque la galerie Dazibao a invité Veronica Mockler à produire une œuvre présentant un aspect de médiation sociale, l’artiste a proposé un projet comportant plusieurs exigences axées sur l’engagement social qui brisaient les règles habituelles : une collaboration avec des jeunes qui n’avaient jamais mis les pieds dans l’espace de la galerie et qui recevraient une rémunération pour les heures passées à la galerie; Veronica Mockler demandait également que la galerie établisse un système d’autorité partagée entre elle-même, les collaboratrices et l’administration de Dazibao.

« Ces conditions bien précises sont très peu conventionnelles dans le monde de l’art contemporain en ce qui a trait aux programmes de médiation sociale offerts par les centres d’artistes. Au cours de mes sept années de pratique artistique professionnelle, j’ai rarement reçu des invitations à des projets de participation communautaire où l’expertise expérientielle des personnes participantes était reconnue et où celles-ci recevaient une rémunération », souligne Veronica Mockler.

« Par ailleurs, il est rare que la participation aille plus loin qu’un apport ponctuel, et ces projets se résument souvent à des collaborations symboliques plutôt qu’à de véritables occasions, pour différentes personnes ayant des expériences diversifiées, de contribuer activement à la création des discours et à la formulation des programmes à long terme. »

« Je vois maintenant les choses autrement »

Les collaboratrices de Veronica Mockler dans le cadre du projet sont les Montréalaises Destiny Gbaniyi, Isha Sheriff, Mei Gannon, Sanaa Bishop-Méus, Sasha Ferst, Shayah Corbin et Talayah Rattray.

« Je suis inscrite au programme d’art de mon école secondaire, et ma participation à Takeover m’a beaucoup apporté; j’ai un vocabulaire artistique plus riche, je vois le monde autrement et j’explore plus de choses et de points de vue différents », affirme Isha Sheriff, élève de 4secondaire. « Nous sommes sur la même longueur d’onde, nous mettons en commun nos idées et nous nous comprenons les unes les autres. »

Guidé par Veronica Mockler, le groupe est invité à dialoguer sur différents sujets comme le travail, la crise environnementale et l’anticolonialisme. Cette pratique vise à procurer aux participantes une agentivité professionnelle en matière d’art et à les aider à avoir confiance en elles dans la formulation, la représentation et la communication de leurs idées.

« Le projet m’a donné la possibilité de réfléchir à une foule de sujets différents, que ce soit dans le domaine scientifique, social ou politique », déclare Talayah Rattray, étudiante universitaire inscrite au baccalauréat en biologie et informatique.

« J’ai l’impression que chaque fois que nous entrons dans la galerie, un nouveau thème se présente à nous. Cela nous incite à réfléchir et à commenter des sujets qui ne sont pas nécessairement propres aux artistes qui les abordent, mais aussi à parler de la manière dont ces choses nous touchent et de notre rapport aux œuvres exposées. »

Pour voir les trois premières interventions de la série et vous tenir au courant des prochaines, consultez la page du projet sur le site Web du centre d’art actuel Dazibao.

Pour en savoir plus au sujet de Veronica Mockler et de son travail — notamment en regardant le documentaire qu’elle a réalisé avec des jeunes femmes de la Petite-Bourgogne, intitulé Stepping Into Halka —, consultez cette récente entrevue sur CTV, son blogue et son profil Instagram.

Apprenez-en plus sur le Centre d’études sur l’apprentissage et la performance de l’Université Concordia.

 



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