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Grande Concordienne : Barbara Kaneratonni Diabo, danseuse, chorégraphe et directrice artistique primée

« Les artistes autochtones représentent sur scène nos cultures avec authenticité. »
9 juillet 2025
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Par Ian Harrison, B. Comm. 2001


Une photo de tête de Barbara qui a de longs cheveux noirs et porte de grandes boucles d'oreilles en perles dorées. « La passion seule ne garantit pas la réussite; il faut aussi de la discipline et de l’endurance. Concordia m’a inculqué tout cela. »

Danseuse, chorégraphe et enseignante visionnaire, Barbara Kaneratonni Diabo, B. Bx-arts 1991, relie par son travail l’héritage autochtone et la danse contemporaine. Membre de la communauté Kanien'keha:ka (Mohawk) de Kahnawake, elle est directrice artistique et chorégraphe de Danse Théâtre A’nó:wara, et est reconnue pour ses contributions au milieu de la danse, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde.

Danseuse de ballet de formation classique, Diabo s’installe à Montréal à 18 ans pour étudier le théâtre à l’Université Concordia. Ses œuvres allient différents styles – enracinés dans son héritage autochtone – à des genres contemporains, comme le hip-hop et la danse moderne.

Elle se souvient qu’au début de sa carrière, les arts de la scène autochtones étaient bien moins compris et soutenus.

« Quand j’ai obtenu mon diplôme, j’ai été confrontée à de grandes lacunes dans les connaissances sur les productions autochtones, explique-t-elle. Il était difficile de faire valoir notre culture sur scène, et on m’a encouragée à trouver ma place dans une autre sphère. »

Elle a toutefois constaté depuis quelques années une évolution positive de la situation : « Les artistes autochtones sont aujourd’hui mieux soutenus, et peuvent ainsi représenter sur scène nos cultures avec authenticité, en restant fidèles à notre identité. »

Dans Danseurs du ciel, l’une de ses œuvres les plus personnelles et marquantes, Diabo propose un spectacle de danse multimédia qui rend hommage aux personnes disparues dans l’effondrement du pont de Québec en 1907. La tragédie a coûté la vie à 76 ouvriers, dont 33 ferrailleurs mohawks de Kahnawake, parmi lesquels l’arrière-grand-père de l’artiste, Louis D’Ailleboust.

Reconnue pour son talent artistique et son engagement à préserver la culture autochtone, Diabo a reçu de nombreuses récompenses, dont le Prix de la danse de Montréal 2021, catégorie Interprète. Sa chorégraphie pour le film de danse SMUDGE, coréalisé avec Pepper O’Bomsawin, lui a également valu des éloges, et Danseurs du ciel a obtenu en 2022 le prix Dora Mavor Moore, catégorie Meilleur spectacle en tournée, pour sa présentation au Harbourfront Centre de Toronto.

Outre ses réalisations artistiques, Diabo est une pédagogue passionnée qui s’efforce de créer un espace pour les jeunes artistes autochtones. Elle a collaboré avec plusieurs organismes, dont l’Indigenous Performing Arts Alliance et La danse sur les routes du Québec, où elle prône l’inclusion des voix autochtones dans les arts et appuie le développement des arts du spectacle autochtones partout au Canada.

La Grande Concordienne travaille actuellement à un nouveau projet de danse à grande échelle, Je rêve en Wampum, qui explore le futurisme autochtone.

« Je suis une mordue de science-fiction, confie-t-elle avec enthousiasme. Ce projet combine par conséquent trois de mes passions : l’art de la scène, ma culture et la science-fiction. »

Prévu pour 2026, le spectacle offrira une vision positive de l’avenir. Comme l’explique l’artiste, « notre peuple croit que nous venons des étoiles, du ciel. Je veux revisiter et explorer ce qui aurait pu se passer si la colonisation n’avait jamais eu lieu. À quoi ressemblerait le monde? En quoi serions-nous différents? »

Qu’est-ce qui vous vient spontanément à l’esprit quand vous repensez à vos études à Concordia?

Barbara Kaneratonni Diabo : Les liens incroyables que j’ai tissés avec des camarades étudiants et des membres du corps professoral. Ces relations durent depuis des années, et certaines d’entre elles continuent aujourd’hui de façonner ma vie.

Concordia m’a vraiment donné un sentiment d’appartenance à la communauté artistique, ce qui m’a beaucoup aidée. L’Université m’a aussi appris à rêver grand.

Venant d’une petite localité, je n’étais pas vraiment préparée à la vie dans une grande ville, mais grâce au cadre intime qu’offre le programme de théâtre de Concordia, j’ai compris que tout était possible dans le monde de l’art. J’ai appris à prendre des risques et à surmonter la peur du jugement. J’ai découvert que je pouvais créer sans limites et faire confiance à mon instinct – et cela m’a accompagnée tout au long de ma carrière.

Pouvez-vous énumérer certains des facteurs qui ont contribué à votre réussite?

BKD : Une passion insatiable pour la performance et la création. Pour moi, ce que je fais va bien au-delà du simple travail – c’est une nécessité.

Ma capacité à rester fidèle à moi-même dans le processus de création a été essentielle. Bien sûr, la passion seule ne garantit pas la réussite; il faut aussi de la discipline et de l’endurance. Concordia m’a inculqué tout cela.

Il faut aussi se montrer présent, rester organisé et être ouvert à apprendre. Cette approche est fondamentale. Il en va de même pour l’esprit communautaire, que Concordia m’a insufflé. Je venais d’un endroit où tout était petit, fait maison; mais j’ai vite constaté l’ampleur de tout ce qu’il fallait faire pour donner vie à un spectacle. Comprendre cette collaboration et apprécier les talents des autres fait désormais partie intégrante de mon travail.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiantes et étudiants qui souhaiteraient suivre vos traces?

BKD : Le plus important est de rester authentique. Il faut trouver son vrai soi et le mettre au service de son art, même si ce soi évolue au fil du temps. N’essayez pas d’être ce que vous n’êtes pas. Vous avez votre place dans les arts; c’est votre unicité qui vous permettra de vous démarquer.

La passion est primordiale, mais la persévérance est tout aussi importante. Le travail n’est pas toujours facile, mais le dévouement est payant.

La réussite ne se traduit pas toujours par l’obtention de prix ou d’une reconnaissance; elle peut simplement être synonyme de satisfaction du travail accompli. Et n’oubliez pas de toujours rester ouverts à l’apprentissage. Quelle que soit votre expérience, il y a toujours plus à découvrir. Restez humbles et ne laissez jamais votre ego mettre un frein aux nouvelles connaissances. La communauté artistique est plus forte quand ses membres partagent et transmettent ce qu’ils ont appris à la prochaine génération.

Quel effet cela vous fait-il d’avoir été nommée Grande Concordienne?

BKD : C’est un honneur. Honnêtement, je n’arrive pas à y croire. Concordia compte tant de diplômées et diplômés remarquables! Je ne tiens donc pas cette reconnaissance pour acquise.

C’est merveilleux de voir mes efforts reconnus. Parfois, dans le feu de l’action, il est facile d’oublier de souligner ses jalons, mais des moments comme celui-ci vous rappellent que vos efforts comptent. Être reconnue par mon alma mater est très gratifiant, et je suis vraiment reconnaissante de recevoir cette distinction.

Tirez fierté de nos Grandes Concordiennes et Grands Concordiens !



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