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Laura Magnusson:
Mon inspiration

Une femme vêtue d’un parka et portant des bottes d’hiver se déplace au fond de l’océan, résistant aux courants contraires. Elle fait de la plongée sous-marine, mais transporte sa bonbonne d’oxygène dans une main. De l’autre, elle tient un objet sculptural qui ressemble à une maison de poupée, entourée d’arbres miniatures. Elle chemine dans l’étendue bleu métallique de l’océan. Le tout crée une scène sous-marine surréelle et onirique. Photographie de plateau tirée de Blue (2019), court métrage expérimental de Laura Magnusson entièrement tourné à 20 mètres sous l’eau à Cozumel, au Mexique. Seule dans une « toundra » océanique, vêtue d’un parka protecteur évoquant une coquille de palourde, une femme avance péniblement à travers les séquelles de la violence sexuelle. Cinématographie par Liquid Motion Film.

De quelle façon la pratique artistique peut-elle communiquer les séquelles complexes de la violence sexuelle par des moyens affectifs, au-delà des formes verbales?

Ma recherche-création doctorale découle de mes propres expériences avec les systèmes institutionnels après avoir subi de la violence sexuelle. J’ai dû me « compartimenter » encore et encore pour rentrer dans les cases définies par le système, que ce soit dans ma déclaration à la police, lors de l’expertise judiciaire ou pendant mon témoignage en cour. Dans la quête des faits, on a activement fait fi de mon ressenti.

En tant qu’artiste, je me suis tournée vers des formes visuelles et matérielles susceptibles de communiquer et d’archiver le savoir incarné lié au traumatisme. Je me suis demandé comment les médiums artistiques pouvaient permettre à un tel savoir de circuler et d’être vu.

© Université Concordia