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Une chercheuse engagée de l’Université Concordia dévoile l’impact de l’identité et du racisme contre les Noirs sur les campus canadiens

Dalia Elsayed explore l’intersection de la race, du genre et des récits communautaires
8 décembre 2023
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« Le féminisme noir dépend de la narration. Il dépend de la place centrale qu’occupent les femmes noires dans le récit », affirme Dalia Elsayed.
« Le féminisme noir dépend de la narration. Il dépend de la place centrale qu’occupent les femmes noires dans le récit », affirme Dalia Elsayed.

Pour Dalia Elsayed, chercheuse engagée de Concordia, le fait de déménager à l’autre bout du monde pour poursuivre son doctorat au Département des sciences de l’éducation de l’Université s’est avéré transformateur à plusieurs égards.

Mme Elsayed a grandi au Qatar, où elle a obtenu une maîtrise en études du Moyen-Orient et du genre à l’Université du Qatar. Ses recherches portaient sur les féminismes dans la région du Golfe, un sujet qu’elle comptait approfondir dans le cadre de son doctorat à Concordia.

Or, son expérience en tant que nouvelle arrivante au Canada – plus précisément en tant que femme noire – et son exposition au racisme envers les personnes noires dans le milieu universitaire canadien ont plutôt orienté ses recherches doctorales dans une autre direction.

Forte de cette nouvelle perspective, Dalia Elsayed examine la manière dont la race, le genre, la classe sociale et d’autres marqueurs d’identité et d’oppression impactent l’expérience des femmes noires sur les campus canadiens.

« La communauté constitue un facteur déterminant pour le bien-être des étudiantes et étudiants noirs aux cycles supérieurs. »

L’identité est au cœur de vos recherches. Quelles sont les différences entre le Canada et le Moyen-Orient en ce qui concerne la façon dont vous êtes perçue en tant que femme noire?

DALIA ELSAYED : Ayant grandi dans le Golfe, j’étais surtout intriguée par le rôle du genre et la manière dont il façonnait les relations sociales, la dynamique interpersonnelle et ma propre perception de moi-même.

Depuis mon arrivée au Canada, la race est devenue l’élément le plus visible sur lequel se fondent les interactions sociales. Par exemple, le stéréotype de la « femme noire en colère » est un exemple très clair de racisme contre les Noirs sur les campus canadiens. En d’autres termes, si les étudiantes noires expriment un désaccord ou un point de vue différent, elles risquent d’être considérées comme hostiles et agressives.

Ainsi, beaucoup de femmes à qui je parle se contrôlent et ajustent leur ton par crainte de passer pour hostiles.

Cette question a-t-elle été étudiée sur les campus canadiens?

DE : La communauté est au cœur du bien-être des femmes noires.

Dans mon travail, j’essaie de mettre en évidence le rôle de la communauté. Celle-ci constitue en effet un facteur déterminant pour le bien-être des étudiantes et étudiants noirs aux cycles supérieurs.

Je pense qu’il est important de pouvoir compter sur nos consœurs. Nous avons besoin de personnes qui peuvent comprendre les nuances particulières de nos expériences au sein du milieu universitaire.

Expliquez-nous comment la narration fait partie intégrante de vos recherches.

DE : Mes relations avec différentes femmes noires dans ma vie ont défini mon orientation et ma compréhension de ce que c’est que d’être une femme noire et de l’identité noire en général.

Je soutiens que l’expérience de l’identité noire est universelle, mais qu’elle se manifeste de diverses manières. Il n’existe en effet pas de culture monolithique des femmes noires, mais plutôt une multiplicité de cultures, chacune étant définie de manière unique par les circonstances de la race, du genre et de la classe, et chacune contribuant à la formation de la culture des femmes noires.

Le féminisme noir dépend de la narration. Il dépend de la place centrale qu’occupent les femmes noires dans le récit. C’est pourquoi je pense que nous devons connaître les particularités de ces expériences sur les campus canadiens. C’est d’ailleurs dans cette direction que j’entends orienter mes recherches.

Pour comprendre ce qu’est le racisme contre les Noirs, nous devons écouter ceux qui en font l’expérience afin d’en saisir les manifestations.

En fin de compte, comment aimeriez-vous que vos recherches soient utilisées pour améliorer l’expérience des femmes noires dans le milieu universitaire?

DE : Je tiens à ce que les récits soient considérés comme des données. Celles-ci peuvent contribuer à l’élaboration de politiques concrètes en matière d’équité, de diversité et d’inclusion [EDI].

On investit beaucoup dans l’EDI ces temps-ci, mais je ne pense pas que ces stratégies prennent toujours en considération les récits particuliers qui mettent en lumière l’expérience des femmes noires en matière de discrimination fondée sur le genre et la race. Nous devons tenir compte des nuances de l’identité noire et de l’expérience du racisme envers les personnes noires sur les campus.

Les récits et les enquêtes narratives offrent un cadre qui nous permet d’aborder et de traiter ces questions.


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