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Le chercheur engagé de l’Université Concordia Aristofanis Soulikias explore les possibilités qu’offrent les techniques d’animation artisanales pour la conception des villes

« Je souhaite que la ville demeure un endroit que nous, les êtres physiques, pouvons apprécier »
10 mars 2023
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Aristofanis Soulikias : « Il faut prendre conscience qu’il existe des façons de comprendre l’espace et les villes avec les mains. »
Aristofanis Soulikias : « Il faut prendre conscience qu’il existe des façons de comprendre l’espace et les villes avec les mains. »

Le chercheur engagé de l’Université Concordia, Aristofanis Soulikias (B. Bx-arts 2015), s’intéresse à l’influence du cinéma – en particulier celle des films produits au moyen de techniques artisanales – sur notre façon d’imaginer et de concevoir les villes. 

Dans un monde où le numérique occupe toujours plus d’espace, M. Soulikias se demande comment les images générées par ordinateur agissent sur notre perception du milieu bâti. En explorant divers thèmes urbains à l’aide de techniques d’animation artisanales, telles que le papier découpé ou le dessin, il espère démontrer qu’il existe des façons plus humaines de concevoir et de percevoir les villes. 

M. Soulikias est doctorant au Programme d’études individualisées, ce qui lui permet de mobiliser son expérience à titre d’architecte de même que ses compétences et sa formation en cinéma d’animation. 

Pendant ses études à l’École de cinéma Mel-Hoppenheim de Concordia, il a créé le documentaire d’animation Last Dance on the Main, qui a figuré au palmarès des dix meilleurs films canadiens du Festival international du film de Toronto (TIFF). Ce documentaire souligne la précarité des immeubles historiques de la Lower Main (le boulevard Saint-Laurent), à Montréal, et la résilience des communautés de ce quartier.

M. Soulikias a aussi bénéficié de la prestigieuse résidence d’artiste de la famille Jorisch à Salzbourg, en Autriche, en 2019. Là-bas, sur une tour néomédiévale, il a projeté un film d’animation « fait main » soulignant l’histoire et la matérialité du bâtiment. 

M. Soulikias dirigera une discussion avec des experts en animation et en art public et présentera diverses techniques d’animation dans le cadre d’une table ronde intitulée While the Animated City Still Breathes, qui aura lieu le 21 mars de 16 h à 18 h à l’ESPACE 4 de Concordia. 

Ses travaux de recherche sont financés par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH).

Aristofanis Soulikias assemble des silhouettes découpées dans du papier pour une scène de son film d’animation À l’ombre du mont Damavand. Aristofanis Soulikias assemble des silhouettes découpées dans du papier pour une scène de son film d’animation À l’ombre du mont Damavand.

« Nous nous sommes éloignés de notre milieu bâti et des modes de fabrication manuels »

Qu’espérez-vous accomplir par vos travaux de recherche? 

Aristofanis Soulikias : J’essaie de montrer que l’utilisation de modes de représentation manuels ou artisanaux peut avoir une incidence sur les milieux bâtis urbains. 

Depuis longtemps, les chercheurs croient que le cinéma est le moyen idéal d’illustrer l’animation, la matérialité et le rythme accéléré des villes modernes. De nouvelles études indiquent également que le dessin nous donne une meilleure idée de l’objet que nous concevons et de la façon de le construire. 

Donc, je suggère que les films dessinés méticuleusement image par image, à savoir les films d’animation, pourraient être le véhicule idéal pour bien saisir, exprimer et communiquer les villes. Bien qu’imparfait, le cinéma est une façon de faire différente, où le corps joue un rôle encore important dans un monde de plus en plus virtuel.

Nous nous sommes éloignés de notre milieu bâti et des modes de fabrication manuels. Nous faisons tout à l’ordinateur. En réalité, je crois que ce que nos villes sont en train de devenir pourrait être lié au fait que nous les concevons à l’ordinateur. Si nous revenons aux techniques artisanales pour illustrer ou dessiner nos villes, peut-être que celles-ci deviendront plus humaines et plus proches de nos corps. 

Quelles méthodes utilisez-vous pour vos travaux de recherche? 

A. S. : En ce moment, j’explore divers thèmes urbains comme le parc, le centre commercial et le festival. J’essaie d’utiliser les techniques d’animation artisanales, telles que le papier découpé, le dessin et le fusain. 

En explorant au moyen de ces différentes techniques, j’espère démontrer de nouvelles façons de concevoir, mais aussi de percevoir nos villes. En quoi un film d’animation réalisé en grande partie à l’aide de techniques artisanales peut-il nous montrer la ville sous un autre jour, par rapport à l’imagerie générée par ordinateur (CGI)? En raison de son exactitude et de son photoréalisme, la CGI suscite un grand engouement. La question n’est peut-être pas là. Il s’agit peut-être du sentiment viscéral que la ville suscite en nous et ce que la ville est concrètement. Le caractère manuel des images artisanales filtre jusqu’au spectateur. Je souhaite que l’on prenne conscience qu’il existe des façons de comprendre l’espace et les villes avec les mains. J’aime la ville. Je souhaite qu’elle demeure un endroit que nous, les êtres physiques, pouvons apprécier. 

Existe-t-il des idées fausses répandues sur vos recherches? 

A. S. : Certains pourraient m’accuser d’être un réactionnaire ou un nostalgique. Au contraire, je me tourne vers l’avenir et je considère la technologie non pas comme un obstacle, mais comme une façon de faciliter les techniques artisanales et, par extension, de faire valoir tout ce qui en vaut la peine dans ces structures à la fois organisées et chaotiques que sont les villes. La différence est que je souhaite me servir de la technologie comme outil, au lieu de la laisser amoindrir nos sens et, au final, notre sentiment d’appartenance au lieu.


Apprenez-en davantage sur le
Programme des chercheuses et chercheurs engagés.

Assistez à la table ronde While the Animated City Still Breathes, en personne à ESPACE 4 (1400, boul. De Maisonneuve Ouest) ou en ligne, le 21 mars de 16 h à 18 h.

 



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