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Une nouvelle exposition de la Galerie Leonard & Bina Ellen réimagine les archives comme outils de solidarité anticoloniale

Six artistes présentent des approches personnelles et des récits politiques liés à des séquences documentaires, à des images et à des objets
15 février 2023
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Un homme assis à un bureau dans une bibliothèque et lisant un livre de poche.
Bring breath to the death of rocks, 2018, par Louis Henderson. | Image fournie par l'artiste

De la même façon que les sédiments révèlent des histoires géologiques détaillées, les archives ouvrent une fenêtre sur des récits humains complexes. Une nouvelle exposition commissariée par Denise Ryner invite le public à voir dans les documents d’archives des résidus semblables à ceux qui se transforment lentement pour constituer le fonds rocheux du plancher océanique.

L’exposition Sédiment : les archives comme base fragmentaire a été inaugurée un peu plus tôt ce mois-ci à la Galerie Leonard & Bina Ellen et se poursuit jusqu’au 1er avril. Elle offre une vision élargie des notions traditionnelles entourant les archives et leurs fonctions.

L’exposition présente les œuvres de Sandra Brewster, de Justine A. Chambers, de Filipa César, de Louis Henderson, de Pamila Matharu et de Krista Belle Stewart. Pour ces artistes, on peut réimaginer les archives pour en faire des outils de solidarité anticoloniale et des preuves de résilience.

Denise Ryner était auparavant directrice de l’Or Gallery de Vancouver et conservatrice adjointe de la Haus der Kulturen der Welt (HKW, maison des cultures du monde) de Berlin. L’idée de Sediment vient de Michèle Thériault, directrice de la Galerie Leonard & Bina Ellen, qui a invité Denise Ryner à approfondir le travail réalisé à la HKW.

Dans son poste précédent, Ryner explorait la façon dont les documents d’archives peuvent être détournés de leur usage prévu. Au lieu d’être des instruments de réglementation culturelle et de colonialisme, par exemple, elles peuvent devenir des outils d’affirmation personnelle et culturelle.

Une invitation à élargir notre vision des archives

L’exposition présente des enregistrements vidéo et audio et des impressions photographiques, documents d’archives formant une couche de sédiments sur laquelle se fondent les cinq artistes pour créer de nouvelles identités, guidés par des réflexions sur des récits personnels et politiques.

« L’exposition invite le public à élargir sa vision de ce que pourraient être les archives, explique Denise Ryner. Elle nous encourage à réfléchir au-delà de nos idées conventionnelles, en particulier au sujet des archives revêtant un caractère officiel et de ce qu’elles racontent sur les peuples colonisés. »

Un écran devant un bureau avec deux images, une image d'archive d'une femme dans un escalier, et une femme plus âgée avec des lunettes parlant à quelqu'un hors caméra. À gauche : Seraphine Stewart dans un documentaire de 1967 de la CBC en tant que jeune élève infirmière et survivante des pensionnats autochtones. À droite : Seraphine Stewart lors de l’enregistrement de son témoignage en 2013 devant la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

Au fil de l’exposition, les archives cessent d’être des reliques et deviennent des pierres de touche pour le présent. Elles relient les gens à leurs ancêtres et à leur passé, ou agissent comme outils d’autonomisation.

Dans Seraphine, Seraphine (2015), Krista Belle Stewart explore les non-dits des archives en les mélangeant avec des séquences de sa mère, Seraphine Stewart. Celle-ci apparaît en effet dans un documentaire de la CBC de 1967 ainsi que dans un témoignage effectué en 2013 devant la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

« L’idée est de remettre en question ce qui se trouve dans les archives pour affirmer sa souveraineté, poursuit Denise Ryner. Il est important de le faire à partir d’archives, car les cultures colonisatrices comme celle du Canada se fondent sur des archives institutionnelles, qui comprennent des documents ou des images créées par les gouvernements ou les institutions d’enseignement. »

Une grande feuille de projecteur tendue dans un décor extérieur avec des personnes debout autour, et représentant, en noir et blanc, des chevaux dans l'herbe longue. Spell Reel, 2017, par Filipa César | Image fournie par l'artiste

Dans Spell Reel (2017), Filipa César examine les frontières flexibles entre le cinéma et l’état de spectateur. L’artiste a organisé, souvent à l’extérieur, des projections communautaires publiques de films d’archives du Mouvement de libération africaine en Guinée-Bissau. Elle a ensuite interviewé les documentaristes guinéens qui avaient réalisé les séquences afin qu’ils ajoutent leurs commentaires et parlent de leurs souvenirs lors des projections.

L’œuvre qui en résulte superpose ces réactions contemporaines aux films d’archives.

Chorégraphe, danseuse et enseignante, Justine A. Chambers explore le rôle de document d’archives que joue le corps en emmagasinant des expériences et de l’information. Elle présentera Heirloom le samedi 11 mars à 15 heures dans la vitrine avant de la galerie, face à l’atrium.

« J’aimerais que cette exposition ouvre l’esprit des gens au sujet des documents d’archives, de ce qu’ils pourraient être et de l’utilisation que nous pourrions en faire », conclut Denise Ryner.

L’exposition Sédiment : les archives comme base fragmentaire sera présentée à la Galerie Leonard & Bina Ellen (1400, boulevard De Maisonneuve Ouest) jusqu’au 1er avril.

 



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