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Une classe du 1er cycle de Concordia plonge dans les archives du Centre communautaire des Noirs de Montréal

Conservé à la bibliothèque Vanier, ce fonds d’archives offre une fenêtre unique sur une communauté locale
29 septembre 2020
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Evelyn Sealy (crèche) et Linda Edwards Simpson animant un groupe d'enfants assis en cercle dans une pièce du Negro Community Center. | Photo : Graeme Clyke
Evelyn Sealy (crèche) et Linda Edwards Simpson animant un groupe d'enfants assis en cercle dans une pièce du Negro Community Center. | Photo : Graeme Clyke

Lors de la fermeture, en 1992, du Negro Community Centre (NCC) de Montréal, dans le quartier de la Petite-Bourgogne, berceau historique de la communauté noire, le sort que souhaitait réserver la collectivité à ses vastes archives est soudainement passé au premier plan.

L’Université Concordia a alors accepté d’entreposer soigneusement le fonds d’archives – une collection constituée de plus de 100 boîtes de documents – à la bibliothèque Vanier. La solution se voulait temporaire. Toutefois, en 2014, la communauté a décidé de déposer officiellement les archives auprès de la bibliothèque à titre de collection spéciale. Cette dernière porte désormais le nom de Fonds du Negro Community Centre – Charles H. Este Cultural Centre. La collection est aujourd’hui utilisée comme outil d’enseignement auprès d’étudiantes et d’étudiants du premier cycle. Ainsi, en scrutant les archives, ces derniers peuvent se plonger dans l’histoire vivante de la communauté noire anglophone montréalaise, peu étudiée.

Depuis 2017, sous la direction d’Alexandra Mills, archiviste des collections spéciales à Concordia, de Steven High, professeur d’histoire à la Faculté des arts et des sciences, et de Désirée Rochat, membre du Centre d’histoire orale et de récits numérisés (CHORN), des étudiants scrutent les archives dans le cadre d’un cours intermédiaire d’histoire. L’expérience de cette première cohorte a fait l’objet d’un article paru récemment dans la revue Archivaria, une publication de l’Association canadienne des archivistes.

Alexandra Mills : « C’est très rare que l’on puisse entretenir un lien entre une communauté source et les archives qui relatent son histoire. »

Une histoire vivante

Alexandra Mills travaille au fonds archivistique du Centre communautaire des Noirs depuis son arrivée à Concordia en 2014.

« Nous avions reçu plus de 100 boîtes de documents – des journaux, des textes, des rapports des photographies, même des objets », précise-t-elle. Alexandra Mills et ses collègues ont passé des années à cataloguer le contenu et à préparer des aides à la recherche pour les étudiants et les chercheurs.

À l’époque, Steven High menait déjà des études sur le Sud-Ouest montréalais, où se trouve la Petite-Bourgogne, et entretenait une collaboration avec Désirée Rochat, qui est aussi militante et organisatrice communautaire. Le trio a décidé d’élaborer un cours basé sur le fonds d’archives, spécialement à l’intention des étudiantes et étudiants du premier cycle, lesquels n’ont habituellement pas la chance d’étudier du matériel archivistique.

« J’ai beaucoup apprécié l’occasion de cultiver de nouvelles relations entre l’Université, l’équipe responsable du fonds et la communauté elle-même », fait remarquer Mme Mills. « C’est très rare que l’on puisse entretenir un lien entre une communauté source et les archives qui relatent son histoire. Il est important de souligner que ce fonds archivistique n’appartient pas à Concordia, mais plutôt à la communauté qui a créé les documents en premier lieu. »

Alexandra Mills mentionne que le fonds contient des documents non seulement sur le centre lui‑même, mais aussi à propos de ce qui se passait ailleurs dans le monde. « On y trouve quantité de documents à propos du rôle fondamental du NCC au sein de la communauté noire anglophone », explique-t-elle. « C’était un organisme qui englobait toutes les facettes de vie communautaire. »

Outre des dossiers concernant la Ville de Montréal, les établissements d’enseignement, les équipes sportives, les activités de tutorat ainsi que les programmes destinés aux adolescents et aux aînés, le fonds contient aussi des documents au sujet de la libération des Noirs, des droits civiques, des mouvements de décolonisation, ainsi que sur l’esprit communautaire et la place de la communauté noire montréalaise au sein de la collectivité internationale », ajoute-t-elle.

« C’était un petit organisme de quartier qui, en réalité, tenait lieu de fenêtre sur un monde beaucoup plus vaste », ajoute Steven High.

Photo : Graeme Clyke, 1981.

Une communauté unique, une occasion unique

Les enseignants ont conçu le cours de manière à encourager l’apprentissage autonome. Les étudiantes et étudiants choisissent une boîte d’archives et, durant les quatre premières semaines du cours, scrutent les milliers de pages qu’elle contient afin de construire leur base de connaissances. Dans le but de leur fournir un contexte critique et historique sur lequel s’appuyer dans leur tâche, de courts ateliers et des articles savants leur sont également proposés.

Dans le cadre de leurs travaux de cours, les étudiants doivent en outre produire un rapport d’analyse archivistique de trois pages sur la boîte de documents choisie et rédiger une courte légende explicative sur un document particulier de leur choix. Enfin, ils doivent mener un projet de recherche-création qui comprend un compte rendu de recherche et la participation à un événement public, le dernier jour de classe, en compagnie d’aînés de la communauté de la Petite-Bourgogne, dont beaucoup ont grandi alors que le NCC était encore en activité.

Cofondateur du Centre d’histoire orale et de récits numérisés, Steven High mentionne que le cours a été conçu expressément pour que les étudiants puissent développer leur propre base de connaissances à partir de leurs découvertes archivistiques.

« Au lieu d’adopter une approche descendante, leur apprentissage s’est fait de manière ascendante », explique-t-il. « Puis, ils ont mis en commun ce qu’ils avaient appris; ainsi, ils sont tous devenus des experts. Cette base de connaissances présente la particularité de s’élargir de manière organique, ce qui est bien différent de la production de connaissances que l’on observe normalement dans une université. »


Consultez l’article cité (texte intégral en anglais seulement avec résumé en français) : Telling stories form Montreal’s Negro Community Centre Fonds: The Archives as Community-Engaged Classroom.

 



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