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Une étude mondiale sur la COVID-19 révèle un lien étroit entre les messages de santé publique et les comportements

Des chercheurs montréalais affirment que ces données peuvent aider les autorités à rejoindre certains groupes afin d’améliorer l’adhésion aux directives sanitaires
15 septembre 2020
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Représentation graphique d'un large éventail de personnes portant des masques.
Simon Bacon : « Les gens veulent savoir que nous travaillons fort et que tous les sacrifices ne sont pas vains. »

Six mois après son lancement, l’enquête internationale sur les comportements liés à la pandémie de COVID-19 menée par des chercheurs montréalais produit des résultats tangibles et utiles. Elle met en lumière le large éventail de réactions observées depuis le printemps dernier, où la majeure partie de la population mondiale s’est retrouvée en confinement.

Les résultats sont globalement encourageants, selon Simon Bacon, professeur en santé, kinésiologie et physiologie appliquée à la Faculté des arts et des sciences et l’un des chercheurs principaux de l’étude avec Kim Lavoie, professeure de psychologie à l’UQAM.

Le Pr. Bacon indique que, dans la plupart des pays, la grande majorité des gens font le nécessaire, en respectant par exemple les directives du gouvernement et des autorités sanitaires visant à limiter la propagation du virus. « Les gens participent à l’effort requis. »

Il prévient cependant qu’après six mois de distanciation sociale, de télétravail et de port du masque, un relâchement se fait sentir dans la population. Les personnes interrogées avouent respecter les mesures de sécurité avec moins de rigueur. En outre, un certain nombre d’individus, entre 12 à 25 % des personnes interrogées, ne pratiquent pas l’isolement volontaire, même si elles croient ou savent qu’elles ont contracté le virus.

« Il s’agit plus souvent d’hommes que de femmes, généralement dans la vingtaine et au début de la trentaine, explique le chercheur. Il s’agit d’un groupe de personnes clés que nous devons sensibiliser ».

 Calvitie, homme souriant avec une chemise bleue et une veste noire. Simon Bacon, professeur en santé, kinésiologie et physiologie.

Un effort global qui requiert des messages variés

Les chercheurs croient que les messages ciblés sont essentiels pour amener la population à respecter les directives sanitaires entourant la COVID-19. Ainsi, les efforts déployés par les gouvernements pour encourager la population à adhérer à leur stratégie doivent être adaptés au groupe visé.

« Le message unique ne semble pas rejoindre tout le monde, explique la Pre. Lavoie, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en médecine comportementale à l’UQAM. Certains sont motivés par des préoccupations de santé, d’autres par des préoccupations économiques et sociales. L’idée est de déterminer quel message trouve un écho auprès de quel groupe de personnes, et de l’adapter en conséquence. »

Les résultats révèlent en outre que certains types de messages sont étonnamment plus efficaces que d’autres pour encourager la coopération. Ceux qui mettent l’accent sur les conséquences négatives qu’entraîne le non-respect des recommandations – une personne âgée de votre entourage tombera malade et mourra, par exemple – se sont révélés moins efficaces que ceux se concentrant sur les résultats positifs – par exemple : en respectant les mesures sanitaires, je participe à garder tout le monde en sécurité.

« Les gens veulent savoir que nous travaillons fort et que tous les sacrifices ne sont pas vains », ajoute le Pr. Bacon.

Le sondage a aussi révélé d’autres faits intéressants :

  • Si des personnes interrogées admettent se montrer plus laxistes par rapport à certaines directives, l’usage du masque a toutefois augmenté en flèche. Environ 55 % des personnes interrogées au Canada déclarent porter un masque la plupart du temps lorsqu’elles quittent leur domicile.
  • Les Québécois hors de la grande région métropolitaine, en particulier les francophones plus âgés, ont commencé à porter plus fréquemment le masque après avoir vu le premier ministre François Legault en porter un lors de la conférence de presse du 12 mai. Voilà qui met en évidence l’importance de l’exemplarité des dirigeants politiques.
  • Environ 12 % des Canadiens qui ont été infectés par le virus, ou croient l’avoir été, ne se sont généralement pas isolés volontairement.
  • Ce chiffre grimpe à 25 % en Australie.
  • La plus grande source d’inquiétude chez les personnes interrogées est l’impact économique du virus à l’échelle mondiale
  • Les répondants dont la principale préoccupation liée à la COVID-19 concerne leur santé ou la santé des autres sont plus susceptibles d’adopter les comportements préventifs recommandés.
Jeune femme souriante aux cheveux longs, bouclés et blonds. Kim Lavoie, professeure au Département de psychologie de l’UQAM.

Comprendre les tendances régionales

Le Pr. Bacon et la Pre. Lavoie ont lancé l’étude iCare (Évaluation internationale de la compréhension et des réactions par rapport à la COVID-19) en mars. Elle est chapeautée par le Centre de médecine comportementale de Montréal (CMCM), qu’ils ont cofondé. Il s’agit d’un centre de recherche et de formation universitaire conjoint du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, de l’UQAM et de l’Université Concordia. Quelque 150 chercheurs dans plus de 40 pays collaborent à l’étude.

« Grâce à la portée mondiale du sondage, nous pouvons regrouper les réponses d’un certain nombre de pays et les incorporer à des groupes continentaux ou sous-continentaux », explique le Pr. Bacon. Même si certaines données sont manquantes pour un pays, nous pouvons observer les tendances régionales et mesurer leur cohérence. Nous avons la possibilité d’explorer ces relations. »

Le sondage de 20 minutes est offert dans près de 40 langues. À ce jour, près de 70 000 personnes de 143 pays y ont répondu. Sa cinquième version est désormais disponible sur le site Web du CMCM.

L’étude iCARE reçoit l’appui des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du Fonds de recherche du Québec ­­– Santé et du Fonds de recherche du Québec – Société et culture. Les commanditaires de l’étude n’ont joué aucun rôle dans l’élaboration de la base de données et la collecte de données. 


Pour en savoir plus sur l’étude iCARE et répondre au sondage, consultez le site Web du
Centre de médecine comportementale de Montréal.



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