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De l’observation d’étoiles à la fusion de l’avenir

Le scientifique Bedros Afeyan est reconnaissant à Concordia d’avoir nourri sa passion pour la physique, les lasers et la découverte des mystères de l’univers
20 juillet 2022
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Par Alexander Huls


Originaire d’Arménie, Bedros Afeyan, B. Ing. 1980, a grandi à Beyrouth au début des années 1970. Dès son jeune âge, lorsqu’il contemplait les étoiles, il ne se contentait pas d’en admirer la beauté : il y voyait une énigme qui lui inspirait le désir de mieux comprendre le fonctionnement de l’univers. Adolescent, il consacrait ses temps libres à étudier la physique, l’énergie nucléaire, la thermodynamique absorbée, le calcul et l’algèbre linéaire. « Mon souhait de devenir un scientifique remonte à l’enfance », affirme M. Afeyan, aujourd’hui président et chef de la direction de Polymath Research, entreprise établie dans la région de la baie de San Francisco et membre d’un réseau mondial croissant de sociétés vouées à la conquête d’une source énergie propre – la fusion nucléaire commercialisable.

Parcours vers une carrière de rêve

En 1975, Bedros Afeyan et sa famille – dont ses jeunes frères Levon et Noubar (ce dernier allait plus tard cofonder la société Moderna) – quittent Beyrouth pour Montréal afin d’échapper à la guerre civile au Liban. Il commence alors à fréquenter l’école secondaire Loyola, où son rêve d’une carrière scientifique se précise. « Je souhaitais devenir physicien », raconte-t-il. Or, un obstacle allait se dresser sur son chemin. Lorsque vint le moment de s’inscrire au Loyola College – l’un des établissements fondateurs de l’Université Concordia –, M. Afeyan a dû se résigner à choisir un programme de génie pour être admis. Ses parents, d’ailleurs, préféraient cette discipline aux sciences : « Pour eux, la physique s’apparentait davantage à la poésie », se souvient-il. Il a donc décidé de poursuivre un baccalauréat en génie électrique, la spécialisation la plus étroitement liée à la physique, qui lui a en outre permis de se familiariser avec des sujets qui l’intéressaient, comme l’électromagnétisme, la matière condensée et les lasers.

Toutefois, Bedros Afeyan n’avait pas renoncé à son rêve de devenir physicien. Un jour, alors qu’il fréquentait le Loyola College, les étudiants en génie électrique se sont vu proposer un cours interdisciplinaire de chimie physique. Le jeune homme a sauté sur l’occasion, qui allait l’amener à découvrir de nouvelles matières comme la mécanique statistique et la mécanique quantique. Impressionné par son intelligence et son humour, le professeur responsable du cours l’a invité à participer à un voyage scolaire aux laboratoires de Chalk River, centre fédéral de recherche nucléaire situé au nord d’Ottawa. « J’étais le seul étudiant d’une discipline autre que la chimie à pouvoir prendre part à ce voyage », raconte-t-il.

Cette expérience s’est révélée déterminante et a permis à M. Afeyan de se frayer un chemin vers la carrière de ses rêves. Il a travaillé à Chalk River les deux étés précédant l’obtention de son diplôme, puis s’est s’inscrit à l’Université de Rochester, où il s’est intéressé de plus en plus aux instabilités du plasma laser, et ce, pour une raison toute simple : « J’aimais les lasers lorsque j’étais étudiant; j’ai donc poursuivi dans cette voie, explique-t-il. Je cherche toujours à faire ce que j’aime. Ce faisant, j’ai toujours mené une vie épanouissante. »

Admis à Rochester en 1980, il y a obtenu une maîtrise en sciences, puis un doctorat. Après avoir travaillé à l’Université du Maryland, au Lawrence Livermore National Laboratory et à l’Université de la Californie à Davis, Bedros Afeyan a fondé Polymath Research. Cette société se consacre à la recherche sur les interactions laser-plasma liées à la fusion, une source d’énergie inépuisable que les scientifiques cherchent à produire sur Terre depuis des décennies.

Pour le chercheur, cette quête remonte à son enfance à Beyrouth, lorsqu’il observait le ciel nocturne. « Toutes les étoiles sont alimentées par la fusion, note-t-il. Le soleil n’est qu’un réacteur à fusion ». Voilà comment il se plaisait à imaginer l’univers lorsqu’il était enfant.

« Améliorer les choses, encore et toujours »

Alors qu’ils pavaient la voie pour l’exploration de nouvelles techniques de fusion, Polymath Research et Bedros Afeyan ont également signé des contrats avec le ministère américain de l’Énergie et le ministère de la Défense, tout en nouant des partenariats de recherche avec des établissements de premier plan comme Los Alamos National Lab, Sandia National Laboratories et l’Université Stanford.

Parallèlement à sa carrière scientifique, M. Afeyan est aussi artiste. Au fil du temps, il a cultivé de nombreuses passions créatives, notamment la poésie, la musique et la peinture, ainsi que la critique littéraire. Ces exutoires artistiques l’aident à mieux endurer l’attente des « moments eurêka », qui tardent souvent à venir dans le monde de la recherche scientifique – tout particulièrement lorsqu’il s’agit de fusion.

 

« En science, lorsque vous créez, vous ne savez jamais quand [votre travail] sera suffisamment abouti pour que vous en tiriez satisfaction, n’est-ce pas?, expose M. Afeyan. J’ai aussi besoin d’exprimer ma créativité à court terme. »

Non pas que le chercheur soit incapable d’attendre le long terme, étant donné le caractère insaisissable de la fusion.

« On nous promet l’avènement de la fusion depuis 70 ans », plaisante M. Afeyan. Or, comme le chercheur et son entreprise ont choisi de se fixer également des objectifs à court terme, cette attente semble désormais plus supportable. « Je ne cherche pas des schémas de fusion à proprement parler, mais je m’inspire de ce concept. Je tente d’éliminer certaines difficultés pour faire en sorte que la fusion soit possible », explique-t-il.

Encore aujourd’hui, Bedros Afeyan n’a rien perdu de cet esprit curieux qu’il a nourri durant toute sa jeunesse à Beyrouth. « Plus vous progressez, plus les questions surgissent, dit-il. Vous êtes constamment à l’affût d’idées nouvelles pour améliorer les choses, encore et toujours. »

« Si vous voulez rester jeune, faites carrière dans les sciences pures. »



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