Les nouveaux boursiers Trudeau de l’Université Concordia veulent faire connaître les expériences sous-représentées et leur donner une voix

Les doctorants Francesco MacAllister-Caruso et Pablo Gershanik utilisent tous deux une approche mixte pour faire connaître les expériences négligées et leur donner une voix. Ce sont les nouveaux bénéficiaires de l’Université Concordia du programme de bourses d’études de la Fondation Pierre Elliott Trudeau.
Ce programme récompense des doctorantes et doctorants exceptionnels en sciences sociales ou en lettres et sciences humaines dont les travaux de recherche s’inscrivent dans un de quatre thèmes suivants : les droits de la personne et la dignité humaine; la citoyenneté responsable; le Canada et le monde; et les populations et leur environnement naturel.
Francesco MacAllister-Caruso et Pablo Gershanik ont tous deux souligné l’importance de recevoir ce prix triennal, qui s’accompagne d’une formation au leadership, en cette période où la société est polarisée.
Francesco MacAllister-Caruso fait barrage aux récits négatifs
Candidat au doctorat en sciences politiques à Concordia, Francesco MacAllister-Caruso s’intéresse à la représentation des personnes bispirituelles, transgenres et non binaires (2S/TNB) sur la scène politique électorale canadienne.
« Au cours des dix dernières années, ce qu’on appelle la “représentation LGBTQ” a fait couler beaucoup d’encre, indique Francesco MacAllister-Caruso. Mais, dans ce domaine, la quasi-totalité de la recherche se concentre sur les minorités sexuelles. C’est problématique, parce qu’on suppose que, sur le plan politique, les personnes 2S/TNB vivent les mêmes choses que les personnes LGBQ, alors qu’elles ont des besoins distincts, souvent insatisfaits, comme l’accès aux soins d’affirmation de genre. »
Le projet de doctorat de Francesco, fondé sur des méthodes mixtes, vise à combler cette lacune, d’autant plus criante dans le contexte politique actuel.
« Il y a une montée rapide des politiques publiques transphobes, affirme Francesco MacAllister-Caruso. Ces derniers temps, nous avons été la cible d’un grand nombre d’attaques politiques. Le soutien que je reçois de la Fondation Pierre Elliott Trudeau revêt non seulement une signification particulière pour moi, mais c’est aussi un véritable porte-voix pour notre communauté. »
« C’est en participant à la démocratie que les personnes trans peuvent se rendre visibles et s’opposer aux récits qui nous présentent comme des menaces pour la société. Il s’agit d’un moment fort pour nous, et c’est un honneur pour moi d’en faire partie. »
Pablo Gershanik et la « blessure invisible »
Le projet de doctorat de l’acteur, metteur en scène et professeur Pablo Gershanik porte sur la construction de dispositifs artistiques dans le contexte de la post-violence. À titre d’artiste en résidence à Concordia, il a présenté des interventions artistiques sur la mémoire et la résilience.
« C’est le moment de susciter un dialogue, et les questions posées par cette fondation s’avèrent particulièrement pertinentes. L’ouverture d’un espace interdisciplinaire où l’on étudie diverses problématiques de manière transversale ou horizontale est une démarche judicieuse en ces temps où la spécialisation, la fragmentation et la polarisation font rage. Il faut imaginer des solutions, des points de vue différents, qui transcendent les frontières, les disciplines et les identités de genre. »
Le Laboratoire de Maquettes Intimes de Pablo Gershanik est né en 2019 d’un processus artistique personnel rattaché à ses propres expériences et à l’histoire de son pays d’origine, l’Argentine, où un terrorisme d’État a sévi dans les années 1970. Le projet s’est par la suite transformé en une quête pour exprimer les traumatismes des autres en transmettant leurs histoires et en y réagissant par les arts.
« Cette recherche se veut une réponse à ce que j’appelle la “blessure invisible”, explique Pablo Gershanik. Quand on gratte un peu la surface, la souffrance apparaît et, avec elle, la condition humaine. La pandémie nous a montré que nous ne pouvons pas relever nos défis seuls. Pour avancer, nous avons absolument besoin du lien social. Nous devons créer ensemble. Nous ne sommes pas des solistes; nous sommes un orchestre. »
Pablo Gershanik veut savoir quels outils les artistes peuvent utiliser pour aider un territoire, une ville, une communauté, un groupe de personnes ou une famille à mieux se comprendre.
« Recueillir ce qui a été dit, ce qui n’a pas été dit, les histoires personnelles, les histoires sociales – la matière première qui permet de créer des dispositifs artistiques et métaphoriques qui font entendre les victimes, et manifestent ces histoires dans l’espace communautaire –, voilà en quoi consiste ce projet. Parce qu’au fond, toute histoire personnelle est une histoire sociale. »
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