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La murale de deux étages de Deanna Bowen ornera la façade du Musée des beaux-arts du Canada

L’œuvre, composée de 17 panneaux, expose l’histoire du racisme anti-Noirs que la famille de cette professeure de l’Université Concordia et d’innombrables autres personnes ont subi dans le pays
13 juillet 2023
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Deanna Bowen, Les Canadiens noirs (après Cooke), 2023. © Deanna Bowen. | Avec l’autorisation de l’artiste et de MKG127
Deanna Bowen, Les Canadiens noirs (après Cooke), 2023. © Deanna Bowen. | Avec l’autorisation de l’artiste et de MKG127

L’artiste Deanna Bowen décrit son œuvre monumentale Les Canadiens noirs (après Cooke) comme étant « la chose la plus noire » que l’on ait jamais vue. Plus de 30 images sont placées « dans une mer de noir (pour ainsi dire) qui occupe les deux tiers de tout l’espace visible, » explique-t-elle lors d’une entrevue récemment accordée à la CBC.

Deanna Bowen est professeure adjointe en pratiques de création d’images 2D et 4D intersectionnelles, féministes et décoloniales et codirectrice de la grappe sur le traitement post-image de l’Institut Milieux de recherche en arts, culture et technologie de l’Université Concordia.

L’installation de l’œuvre de la Pre Bowen – la deuxième de la série Femmes en tête, créée par le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) à Ottawa  – a été achevée le 15 juillet. Cette murale haute de deux étages, la plus grande jamais exposée au MBAC, sera visible de loin et couvrira toute la longueur de la façade vitrée du musée donnant sur le parc Major’s Hill.

Le titre et l’une des photographies sont tirés d’un article de Britton Cooke dans le magazine Maclean’s en 1911, qui présentait ses arguments contre l’immigration des Noirs au Canada en provenance des États-Unis. Comme l’a fait remarquer la Pre Bowen lors de son entretien avec Hallie Cotnam, animatrice de l’émission Ottawa Morning à CBC Radio : « Il s’agissait d’un article incendiaire et profondément raciste affirmant essentiellement que les Noirs et les Autochtones noirs qui arrivent des États-Unis sont horribles et indésirables. »

Cela met en contexte la haine dont a été victime la propre famille de la Pre Bowen, descendante de deux familles noires pionnières ayant quitté l’Alabama et le Kentucky pour s’établir à Amber Valley et à Campsie dans les prairies de l’Alberta.

Depuis plus de 25 ans, Deanna Bowen crée des œuvres inspirées du vécu de sa famille dans une volonté d’autoguérison et comme moyen de surmonter un traumatisme générationnel et de survivre, a-t-elle déclaré dans l’entrevue accordée à la CBC. Inscrite dans une chronologie qui commence avec l’arrière-arrière-arrière-grand-père de l’artiste et se termine à la naissance de sa mère en 1943, Les Canadiens noirs (après Cooke) remonte le fil de son histoire familiale tout en retraçant l’histoire de la discrimination en Amérique du Nord.

Deanna Bowen : « Je voulais créer quelque chose qui ne passerait pas facilement inaperçu. » Deanna Bowen : « Je voulais créer quelque chose qui ne passerait pas facilement inaperçu. »

Une œuvre d’envergure

La Pre Bowen Bowen s’interroge à la fois sur l’envergure de l’œuvre et l’ampleur des discussions qui en découleront.

« Je voulais créer quelque chose qui ne passerait pas facilement inaperçu, » a-t-elle mentionné à Mme Cotnam, mais n’ayant jamais créé une œuvre de cette taille, elle s’est questionnée sur sa compréhensibilité. Elle a toutefois souligné que la taille monumentale de l’œuvre contribuera à susciter une discussion. Elle a aussi indiqué qu’elle travaille depuis longtemps à « reconstituer ce genre de chronologie » et qu’elle savait déjà « sur quels nerfs elle allait taper ».

Elle s’attend à ce que l’inclusion d’images de suprémacistes blancs et du Groupe des Sept parmi les 17 panneaux suscite beaucoup de mécontentement. Ironiquement, ce n’est pas le groupe qu’elle vise, mais un homme souvent remarqué en leur compagnie.

« Barker Fairly est la personne que je souhaite dénoncer »

Comme Deanna Bowen l’a indiqué à la CBC, Barker Fairly était un artiste, un historien de l’art et un fervent défenseur du Groupe des Sept. « En 1911, il a également signé une pétition réclamant l’interdiction de l’entrée des Noirs dans le pays, et les documents à l’appui de cette pétition allaient jusqu’à dire que si le gouvernement n’arrêtait pas, ils procéderaient à des lynchages, » a-t-elle déclaré lors de l’entretien.

« C’est donc Barker Fairly que je cherche à dénoncer. »

Six du groupe des sept, 1920. Barker Fairley, représenté dans la vignette, n'était pas membre. | Archives de l'Ontario Six du groupe des sept, 1920. Barker Fairley, représenté dans la vignette, n'était pas membre. | Archives de l'Ontario

Bien que la Pre Bowen comprenne à quel point tout cela peut être difficile pour le public, elle insiste sur le fait que la conversation doit avoir lieu. « Parce que cela a mis au jour beaucoup d’hostilité à l’égard de certaines personnes, comme les personnes racialisées et autochtones. Et c’est quelque chose que nous n’avons jamais voulu aborder de manière significative ».


Le 
vernissage de l’œuvre Les Canadiens noirs (après Cooke) de Deanna Bowen aura lieu au Musée des beaux-arts du Canada le mardi 1er août à 17 h, Jour de l’émancipation. Après une causerie avec Jonathan Shaughnessy, directeur des initiatives en conservation, la Pre Bowen signera des exemplaires de son livre le plus récent.

Les Canadiens noirs (après Cooke), œuvre de Deanna Bowen, sera inaugurée le 1er août au Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa.

Apprenez-en plus sur l’Institut Milieux de recherche en arts, culture et technologie de Concordia.

 



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