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Une nouvelle exposition artistique se penche sur les effets néfastes des microplastiques dans l’environnement

The Synthetic Collective, un groupe multidisciplinaire dont fait partie Kelly Jazvac, professeure agrégée d’arts plastiques, explore les complexités et les écueils de notre dépendance aux matériaux d’origine anthropique.
9 septembre 2021
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White, transluscent and black plastic pellets
Photo courtoisie The Synthetic Collective

Peu d’industries jouent un rôle aussi vital dans notre quotidien que celle du plastique. Des jouets bon marché aux dispositifs médicaux à la fine pointe de la technologie, les plastiques font partie intégrante de presque tous les biens que nous achetons comme consommateurs.

Or, cette réalité a un prix. Les plastiques peuvent prendre des centaines d’années à se décomposer et engendrer des conséquences majeures sur la santé d’un écosystème. Une nouvelle exposition d’art expérimental qui affiche des liens étroits avec Concordia nous invite à réfléchir à notre rapport aux plastiques et à leur omniprésence dans notre culture et dans l’environnement.

Intitulée Plastic Heart: Surface All the Way Through, elle a été inaugurée le mercredi 8 septembre au Musée d’art de l’Université de Toronto. Cette création émane du Synthetic Collective, groupe multidisciplinaire composé d’artistes, d’historiens de l’art, de philosophes, de spécialistes des sciences de la Terre, de biologistes et de chimistes. Des œuvres de plus de 30 artistes, y compris de nouvelles commandes et des artefacts et objets historiques, y seront présentées dans l’optique de la fusion de la science, de l’art et de l’activisme.

Les granulés plastiques, aussi appelés larmes de sirène, sont au cœur de l’exposition. Les fabricants transforment ces microplastiques, qui mesurent généralement de un à cinq millimètres, en l’un ou l’autre des innombrables objets de plastique produits tous les jours sur la planète. Malgré leur grande utilité, ils constituent également une source majeure de pollution, particulièrement dans l’eau et près des plans d’eau.

« Cette exposition découle d’une vaste étude sur les granulés plastiques dans les Grands Lacs laurentiens entreprise en 2018 », explique Kelly Jazvac, professeure agrégée d’arts plastiques à Concordia et membre fondatrice du collectif. « Nous avons tous convenu du grand intérêt d’étudier le déversement dans les Grands Lacs des granulés plastiques industriels avant consommation. »

Woman with glasses and long hair smiling Kelly Jazvac : « Lorsque les artistes, les historiens de l’art, les philosophes et les militants participent à ces débats, les questions et leur formulation commencent à changer, et permettent l’élargissement du contexte. »

Le groupe a examiné 67 plages sur une période de dix jours durant lesquels elle a tamisé le sable et recensé le nombre de granulés récoltés. L’étude a mené à la publication d’un article scientifique dans la revue Science of the Total Environment l’an dernier.

« Cette exposition permet de présenter les données de l’article de façon plus visuelle et évocatrice à divers publics », souligne Mme Jazvac. « L’article se révèle également un outil pour les industries du plastique de la région des Grands Lacs. Elles sont ainsi en mesure de constater où se retrouvent leurs granulés, puisque nous avons visuellement décrit et catalogué chacun des granulés récoltés. »

Le paradoxe du plastique

L’œuvre conçue par Mme Jazvac dans le cadre de l’exposition s’inscrit dans sa pratique artistique à partir de plastiques récupérés et prend la forme d’un grand panneau publicitaire usé faisant la réclame d’une montre de luxe qui affiche un thème d’aventure sous-marine.

« J’ai déconstruit le panneau pour le suspendre comme un rideau allant du sol au plafond dans un couloir reliant une partie de la galerie qui est climatisée à une autre qui ne l’est pas », explique-t-elle. « Nous vivons sous un climat qui échappe à notre contrôle, tandis qu’au musée, le mandat donné est de préserver les objets à perpétuité en contrôlant leur environnement. Paradoxalement, les plastiques se décomposent spontanément dans les musées climatisés, mais persistent de façon problématique dans l’environnement en général. »

Mme Jazvac mentionne également les efforts du collectif pour monter une exposition qui soit la plus durable possible en recourant à des œuvres locales et en éliminant le lettrage en vinyle. Les vidéos sont également uniquement présentées sur des iPads à énergie solaire que possédait déjà le musée. Elle a elle-même conduit jusqu’à Toronto dans un véhicule électrique pour transporter son œuvre, l’infrastructure d’énergie solaire de l’exposition et les œuvres des artistes participants Nico Williams (M. Bx-arts 2021) et Hannah Claus, professeure adjointe d’arts plastiques.

Pour accompagner l’exposition, un site Web à bas volume de données alimenté à l’énergie solaire a été conçu par Nicolas Lapointe, Anna Eyler et Jean-François Robin, trois étudiants à la maîtrise ès beaux-arts de Concordia. Le site Web comprend un catalogue d’exposition intitulé A DIY Fieldguide for Reducing the Environmental Impact of Art Exhibitions. Quand le soleil brille à Montréal, vous pouvez consulter le site Web au www.plasticheart.solar et lire le manifeste du Synthetic Collective pour la création artistique en cette période de crise climatique.

« C’est facile de croire que l’artiste n’a pas sa place dans le monde de la science, mais c’est seulement parce qu’il n’y a pas été intégré », observe Mme Jazvac. « Lorsque les artistes, les historiens de l’art, les philosophes et les militants participent à ces débats, les questions et leur formulation commencent à changer, et leur contexte à s’élargir. Nous pouvons prendre du recul et commencer à réfléchir à des questions plus vastes : maintenant que la science a exposé les problèmes, comment devons-nous agir? »

En marge de l’exposition Plastic Heart, un dialogue public réunira en ligne des militants, des universitaires, des scientifiques et des experts en politiques le mercredi 15 septembre. La table ronde portera sur la mobilisation d’une résistance aux mécanismes de la pollution pétrochimique qui nuisent à la santé humaine et aux écosystèmes. Cliquez ici pour en savoir plus et vous inscrire au webinaire Zoom.

Visitez le site du Musée d’art de l’Université de Toronto pour en apprendre davantage sur l’exposition. Pour en savoir plus sur le Synthetic Collective, consultez leur site Web.

Apprenez-en davantage sur le Département des arts plastiques de Concordia.

Regardez une vidéo de Kelly Jazvac discutant de ses recherches : 

L'art et la pollution par le plastique, avec Kelly Jazvac, professeure agrégée d’arts plastiques


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