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Une nouvelle étude sur les adolescents atteints de troubles alimentaires examine la consommation de substances toxiques durant le traitement

La chercheuse de Concordia Linda Booij cerne les signes avant-coureurs qui pourraient aider les fournisseurs de soins de santé
30 avril 2019
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Linda Booij: « Les cliniciens pourraient tenir compte du fait que les patients atteints de troubles alimentaires qui consomment des substances toxiques sont plus portés à abandonner un traitement très tôt. »
Linda Booij: « Les cliniciens pourraient tenir compte du fait que les patients atteints de troubles alimentaires qui consomment des substances toxiques sont plus portés à abandonner un traitement très tôt. »

L’adolescence peut être un champ de mines pour ceux et celles qui la traversent. En plus de voir leurs corps changer, les ados doivent se débattre avec des pressions sociales qui mettent l’accent sur la minceur et d’autres normes arbitraires de désirabilité.

Cette période comporte des risques particuliers pour les jeunes nés avec certaines vulnérabilités génétiques. Combinées avec de mauvais mécanismes d’adaptation et une faible estime de soi, celles-ci peuvent en effet entraîner de graves troubles alimentaires comme l’anorexie et la boulimie. Étant donné ces facteurs de risques, les adolescents atteints de troubles alimentaires peuvent également être plus susceptibles de consommer des substances comme l’alcool, le tabac et d’autres drogues telles que le cannabis ou la méthamphétamine.

Dans un nouvel article publié dans la revue International Journal of Eating Disorders, des chercheurs ont étudié le lien entre les troubles alimentaires et la consommation de substances toxiques auprès de quelque 200 adolescents qui recevaient un traitement ambulatoire à l’Hotel Dieu Hospital de Kingston, en Ontario.

Linda Booij, professeure agrégée de psychologie à la Faculté des arts et des sciences de l’Université Concordia et chercheuse à l’Hôpital Sainte-Justine de Montréal, figurait parmi les auteurs. Ceux-ci voulaient savoir si les adolescents souffrant de troubles alimentaires qui consommaient des substances toxiques répondaient différemment au traitement ambulatoire par rapport à ceux atteints de troubles alimentaires qui ne consommaient pas de telles substances. La Pre Booij a corédigé l’article avec Ryan Kirkpatrick, étudiant des cycles supérieurs au Centre for Neuroscience Studies de l’Université Queen’s, ainsi qu’avec la professeure agrégée de psychiatrie

Sarosh Khalid-Khan et son équipe à l’Université Queen’s et à l’Hotel Dieu Hospital du Kingston Health Sciences Centre.

« Nous avons découvert que ceux et celles qui consomment des substances toxiques sont plus susceptibles de souffrir de boulimie ou du sous-type hyperphagie/purge de l’anorexie, affirme la Pre Booij, codirectrice du Centre de recherche clinique en santé. Nous avons également constaté que les adolescents qui consommaient des substances toxiques initialement – c’est-à-dire avant de commencer le traitement – manifestaient davantage de comportements autodestructeurs, comme les blessures volontaires. »

Les chercheurs ont toutefois noté que consommateurs et non-consommateurs présentaient aussi un certain nombre de points communs.

« Ils souffraient de troubles alimentaires de gravités similaires, affichaient le même niveau de dépression, d’anxiété et d’autres indicateurs de santé mentale, et présentaient la même santé physique au départ. »

Les troubles alimentaires comme l’anorexie ont des conséquences médicales qui peuvent comprendre des changements de pression artérielle, de fréquence cardiaque et de niveaux hormonaux ainsi que des variations des cycles menstruels, dont l’arrêt des règles. Les consommateurs et les non-consommateurs affichaient tous des niveaux comparables à ces égards.

La Pre Booij souligne que les troubles alimentaires peuvent avoir de graves effets néfastes à long terme sur de nombreux organes du corps, et que plus une personne souffrant d’un tel trouble attend pour recevoir un traitement, plus il lui est difficile de s’en remettre.

Consommer sans abuser

Linda Booij précise que les chercheurs tenaient à étudier des adolescents qui consommaient des drogues, du tabac ou de l’alcool socialement (par intermittence), sans développer une accoutumance ou manifester un comportement problématique.

« Les jeunes boivent, fument ou consomment des drogues en différentes quantités, et il en va de même pour ceux et celles atteints d’un trouble alimentaire », ajoute-t-elle.

Elle souligne toutefois que les adolescents souffrant de troubles alimentaires sont plus susceptibles de consommer des substances toxiques. L’étude montre en outre que les consommateurs de substances toxiques s’avèrent plus enclins à abandonner le traitement avant d’obtenir la guérison que les non-consommateurs.

Signes avant-coureurs pour les fournisseurs de traitements

Linda Booij espère que l’étude aidera les fournisseurs de traitements contre les troubles alimentaires à cibler les adolescents courant un risque accru d’abandonner un traitement ou nécessitant une forme particulière de traitement.

« Si l’on sait d’avance que les jeunes atteints de troubles alimentaires qui consomment des substances toxiques sont plus susceptibles d’abandonner, il serait utile de traiter la consommation de ces substances au début de la psychothérapie au moyen de techniques d’entrevue motivationnelle abordant l’ambivalence des ados », explique-t-elle.

« Les cliniciens pourraient tenir compte du fait que les patients atteints de troubles alimentaires qui consomment des substances toxiques sont plus portés à abandonner un traitement très tôt. »

L’étude a des implications importantes pour la conception et l’amélioration des traitements contre l’accoutumance ainsi que leur intégration aux services de traitement des troubles alimentaires fournis aux adolescents.

L’article se termine sur une note heureuse : pour les patients atteints de troubles alimentaires qui consomment des substances toxiques et réussissent leur traitement, « l’impact positif qui en résulte ne diffère pas de celui que ressentent les adolescents qui ne consomment pas de telles substances ».


Consultez l’étude citée : « 
Eating disorders and substance use in adolescents: How substance users differ from nonsubstance users in an outpatient eating disorders treatment clinic ».

 

Contact

Patrick Lejtenyi
Conseiller Affaires publiques 
514 848-2424, poste 5068 
patrick.lejtenyi@concordia.ca
@ConcordiaUnews



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