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Randy Bass : Qu’est-ce que l’apprentissage nouvelle génération?

Cycle de conférences – L’avenir de l’université et de l’apprentissage

Lire la présentation de Randy Bass

Concevoir l’avenir de l’université

Réactions à la présentation de Randy Bass

Je vous remercie d’avoir invité un conférencier si intéressant et inspirant. J’ai beaucoup aimé la présentation de Randy Bass.

Je pense que sa conférence était très pertinente – nous devons réfléchir à notre offre et à la manière dont elle surpasse ce qu’on peut trouver sur le Web (j’ai d’ailleurs exprimé les mêmes idées dans ma réaction à la présentation de David Ward).

J’approuve également sa proposition d’intégrer les activités para-universitaires dans la structure de crédits. En effet, ces activités exigent actuellement une quantité de temps et d’énergie qui dépasse largement celle que l’on doit consacrer à l’obtention de 90 crédits. Or, leur inclusion dans la structure de crédits, comme l’a suggéré Randy Bass, permettra aux étudiants de s’y adonner davantage. En outre, l’université signalera ainsi qu’elle considère que ces activités – qui constituent essentiellement la formation d’un citoyen responsable –  possèdent une valeur égale à celle du développement de l’intellect et des compétences. J’avais déjà abordé mon point de vue à ce sujet avec Lisa Ostiguy, mais il était encourageant d’entendre Randy Bass défendre la même opinion.

Un autre point important qu’il a souligné concerne la manière dont nous structurons nos programmes d’études. Nous devons vraiment nous éloigner de l’enseignement cloisonné pour adopter une approche plus intégrée dans la présentation de la matière. C’est ce qui contribuera à nous distinguer des offres Web, dont chacune repose sur un sujet. Pour survivre, nous devons proposer un environnement enthousiasmant qui favorise une fertilisation croisée des idées en vue de résoudre divers problèmes mondiaux. Or, je trouve qu’il existe actuellement trop d’obstacles administratifs et physiques pour que cela se produise. Ce serait formidable d’avoir un espace (un peu comme les tableaux blancs de CTL) où professeurs et étudiants de diverses disciplines pourraient interagir et discuter de solutions à d’importants problèmes. On pourrait inviter la communauté à partager ses idées sur un « problème de la semaine » – que ce soit sur un tableau physique ou virtuel.

J’ai trouvé les idées de Randy Bass très stimulantes et j’ai quitté la présentation en pensant à toutes les avenues que l’université pouvait emprunter. Deux idées m’ont frappée lorsque j’ai repensé à la conférence.

1. Randy Bass a souligné la nécessité de fournir un « programme d’études intégrateur de grande portée » afin d’offrir des expériences d’apprentissage à la fois utiles, captivantes et pertinentes. Il a mentionné que ces pratiques aux retombées importantes sont souvent étroitement liées à la marque et à l’identité d’un établissement. Or, Concordia préconise un enseignement en phase avec le monde réel. Nous appliquons certainement déjà diverses pratiques de grande portée, mais le comité consultatif sur les vecteurs stratégiques devrait cerner les pratiques existantes, déterminer si et comment elles pourraient être améliorées ou augmentées, puis étudier et recommander des pratiques qui pourraient être adoptées. Cette tâche devrait être réalisée à l’échelle de l’université, des départements et des programmes ainsi qu’au sein de cours individuels. Je crois qu’une telle analyse nous permettrait de comprendre comment nous pouvons continuer à être fidèles à notre marque tout en répondant rapidement aux besoins changeants des étudiants.

2. Randy Bass a mentionné le besoin d’explorer diverses possibilités afin de repousser les limites tout en élaborant des concepts d’apprentissage axés sur les champs d’intérêt, non préparés, appuyés par les pairs, productifs, tendant vers un objectif commun, etc. L’utilisation de méthodologies axées sur la résolution de problèmes et l’apprentissage par le service ainsi que l’exploitation des technologies en ligne permettraient d’atteindre nombre de ces cibles, mais il importe également de répondre en temps opportun à des besoins en évolution constante. Le comité consultatif sur les vecteurs stratégiques devrait explorer la manière dont l’université peut adopter une approche préventive pour offrir aux étudiants une expérience d’apprentissage à la fois pertinente, stimulante et opportune. La participation du Centre de formation continue constituerait un moyen pratique de personnaliser les expériences d’apprentissage « sur demande », en proposant des compléments non crédités à un programme crédité officiel ou en permettant la mise à niveau des compétences et de l’expertise de professionnels. Les délais d’élaboration des cours seraient plus souples et l’apprentissage expérientiel pourrait être privilégié à l’importance des résultats. Nous devrions nous efforcer non seulement de fournir un enseignement en phase avec le monde réel, mais aussi d’enseigner les concepts du monde réel.

Je vous remercie d’avoir lancé cette discussion et je souhaite au comité beaucoup de succès dans son travail, au nom de la communauté universitaire tout entière.

La présentation de Randy Bass était l’une des tentatives les plus éclairées de comprendre comment se dessine l’avenir des universités que j’ai jamais eu le privilège d’observer. Son explication des trois volets de la mission universitaire (la formation des hommes et des femmes, la création du savoir par l’érudition et la recherche ainsi que le travail pour le bien public et commun) est nécessaire en cette époque aliénante où les individus sont déconnectés. Les étudiants ont besoin d’un mentorat et d’une formation pour comprendre la valeur de l’apprentissage en tant que cheminement. C’est pourquoi les apprentissages mixte et expérientiel gagneront en importance à l’avenir. Aucun CLOT ou « cours Google » imaginaire ne peut remplacer de bons enseignants dans le monde réel. L’enseignement réel en phase avec le monde réel demeure solide, fondé, conversationnel et collectif, et Concordia peut certainement apprendre des modèles de Georgetown.

Oui, accordons une plus grande place à l’enseignement et au rayonnement communautaire dans notre mission.

La présentation de Randy Bass m’a impressionné. Il m’a persuadé d’être plus ouvert d’esprit quant aux possibilités que certaines innovations peuvent créer. J’ai en effet tendance à être un peu de la vieille école dans mon enseignement. Lorsque j’ai l’impression qu’on me presse d’introduire de plus en plus de technologies en classe, j’aimerais parfois avoir une chanson-thème et des feux d’artifice, mais outre l’utilisation du courriel et l’affichage des travaux sur le site Web des cours, je ne suis généralement pas convaincu que les gadgets améliorent la pédagogie. Je reconnais toutefois qu’une certaine adaptation est nécessaire et potentiellement avantageuse. Tout comme un groupe ethnique minoritaire court à sa perte s’il refuse obstinément de s’adapter à la culture dominante – tout autant qu’il le ferait s’il choisissait de s’assimiler complètement –, la salle de classe moderne ne peut ignorer les changements technologiques, mais elle ne devrait pas non plus simplement s’y soumettre. Les technologies qui respectent et améliorent la façon dont les humains apprennent devraient être envisagées. Ce serait par contre une erreur de supposer que les nouvelles technologies génèrent de nouveaux modes d’apprentissage et de leur permettre de dicter la manière dont nous tentons d’enseigner en fonction de leur promesse non éprouvée.

Le point le plus important à retenir de la présentation de Randy Bass est le suivant : si les universités croient qu’elles peuvent se préparer aux exigences de l’avenir en se concentrant toujours plus sur la livraison de contenu et la formation à l’emploi, elles ne feront alors que garantir leur obsolescence. Les universités dépendent de professeurs qui veulent enseigner et d’étudiants qui veulent apprendre pour demeurer des établissements dotés d’une raison d’être distinctive. Le caractère personnel de l’éducation, qu’il réside dans la relation entre enseignants et étudiants ou dans l’épanouissement des étudiants, ne saurait être aboli. Les universités devraient s’efforcer d’être des milieux propices à la formation des étudiants en tant qu’êtres humains complexes plutôt que simples réceptacles de connaissances et exécuteurs de tâches. Si l’on peut tout apprendre sur tout en naviguant sur Internet et que l’université ne devient plus qu’une marque bonne à délivrer des diplômes, sa valeur déclinera. Peut-être est-ce déjà le cas qu’une personne motivée et dotée de certaines aptitudes peut apprendre seule presque tout ce qu’un programme d’études de 1er cycle propose en allant en ligne, mais il en a toujours été de même pour les bonnes bibliothèques publiques. Et pourtant, les Will Hunting sont rares. La plupart des gens, voire la plupart des gens brillants, ont besoin d’une interaction personnelle avec de bons enseignants pour pouvoir apprendre et s’épanouir. La présentation de Randy Bass a souligné diverses manières dont les universités pourraient revitaliser cet aspect de l’expérience universitaire plutôt que de l’éliminer, et ce, pour prospérer au lieu de disparaître dans les décennies à venir. J’espère que ses idées sur le rôle de l’université dans la formation des étudiants ne seront pas jugées sans importance, difficilement applicables ou même sectaires. Malheureusement, j’imagine que nombre de ses propositions sont plus facilement mises en œuvre dans les établissements privés de type américain où les droits de scolarité sont élevés. Donner à chaque étudiant une attention personnalisée n’est en effet pas bon marché

En savoir plus sur Randy Bass

D’après Randy Bass, notre compréhension de l’apprentissage devance de loin nos pratiques d’enseignement, ce qui contraint les universités à remettre en question la manière dont elles organisent l’expérience éducative des étudiants.

Selon le chercheur, la pression sur le statu quo provient de deux directions : « D’un côté se trouve un ensemble croissant de données sur la puissance de l’apprentissage expérientiel dans le cadre d’un programme para-universitaire; de l’autre se trouve le monde de l’apprentissage informel et la culture participative d’Internet. » Cette pression double signale l’avènement d’une « ère post-cours » où l’on ne peut supposer que l’apprentissage le plus important a lieu sous forme de cours autonomes.

Dans ce contexte, demande Randy Bass, comment les universités doivent-elles adapter leurs structures et leurs pratiques étant donné qu’une si grande proportion de l’apprentissage se déroule hors du programme d’études officiel?

Randy Bass est vice-recteur adjoint à l’éducation à l’Université de Georgetown. Il y dirige un processus de visualisation d’avenir dans le but de concevoir une approche éducative holistique à l’ère numérique. Dans le cadre de cette initiative, l’établissement lance une série d’expériences curriculaires visant à repenser la manière d’offrir une éducation de grande portée. On estime que les décisions prises dans les deux ou trois prochaines années pourraient tracer le parcours de l’établissement pour les 20 à 30 prochaines années.

Disrupting Ourselves: the Problem of Learning in Higher Education (« dérangeons-nous : le problème de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur »)

Educause Review (mars-avril 2012)

Dans un diagnostic concis de l’apprentissage à l’âge numérique, Randy Bass nous accueille dans l’« ère post-cours » de l’enseignement au 1er cycle. Selon lui, une si grande proportion de l’apprentissage se déroule hors des cours officiels qu’il ne nous faut rien de moins qu’un « programme d’études recentré ». Les cours ne disparaîtront pas, concède-t-il, mais la « signification imaginée » que nous leur attribuons devrait probablement s’effacer.

Le chercheur cerne deux pressions importantes qui s’exercent sur le programme d’études officiel axé sur les cours; celles-ci proviennent « de l’ensemble croissant de données sur la puissance de l’apprentissage expérientiel dans le cadre d’un programme para-universitaire, et du monde de l’apprentissage informel ainsi que de la culture participative d’Internet ».

Un programme d’études recentré répond à ces pressions en intégrant les formes d’apprentissage plus expérientielles et participatives dans le programme d’études officiel. Les nouvelles technologies d’apprentissage peuvent grandement faciliter ce mouvement, car elles permettent de reproduire certaines caractéristiques de l’apprentissage informel à grande portée au sein même des cours et des salles de classe.

Les approches de l’enseignement axées sur le travail d’équipe – qui exigent une planification des cours et des programmes d’études en conjonction avec les fournisseurs de services de soutien universitaire hors des salles de classe – favorisent une cohérence et un alignement accrus entre les enseignants et les nombreux autres intervenants qui appuient l’apprentissage des étudiants sur le campus.

Pour Randy Bass, « la relation entre la pensée intégrative, ou l’apprentissage expérientiel, et le réseau social, ou la culture participative, n’est plus accessoire par rapport à notre entreprise, mais constitue le lien qui devrait guider et refaçonner nos programmes d’études dans ce moment de rupture que traverse l’enseignement supérieur ».

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Randy Bass est vice-recteur adjoint à l’éducation et professeur d’études anglaises à l’Université de Georgetown. Durant 13 ans, il a été directeur général fondateur du Center for New Designs in Learning and Scholarship (CNDLS) de l’établissement, où il demeure chercheur principal en études pédagogiques. Le CNDLS appuie le travail du corps professoral dans les nouveaux milieux d’apprentissage et de recherche à l’échelle du campus.

Œuvrant depuis 20 ans au carrefour des nouvelles technologies médiatiques et de la recherche en enseignement et en apprentissage, Randy Bass a notamment été directeur et chercheur principal du Visible Knowledge Project. Cette initiative de recherche en enseignement et en apprentissage de cinq ans rassemblait quelque 70 professeurs issus de 21 collèges et universités.

En janvier 2009, il a publié un recueil d’essais et de synthèses de résultats du Visible Knowledge Project, intitulé « The Difference that Inquiry Makes: A Collaborative Case Study on Technology and Learning, from the Visible Knowledge Project » (codirigé avec Bret Eynon), dans la revue numérique Academic Commons (janvier 2009 : http://academiccommons.org).

De 2003 à 2009, il a été chercheur consultant auprès de la Carnegie Foundation for the Advancement of Teaching, où il a également été Pew Scholar et Carnegie Fellow en 1998-1999. En 1999, il a remporté la Medal for Outstanding Achievement in Technology and Undergraduate Education décernée par EDUCAUSE.

Il est l’auteur et le directeur de publication de nombreux ouvrages, articles et projets électroniques, dont Disrupting Ourselves: the Problem of Learning in Higher Education (Educause Review, mars-avril 2012) et Border Texts: Cultural Readings for Contemporary Writers (Houghton Mifflin, 1998, 2002). Il a également codirigé, avec Bret Eynon, la publication d’Intentional Media: The Crossroads Conversations on Teaching and Technology in the American Cultural History Classroom (numéro double de la revue Works & Days, 1998-1999). Il est actuellement chercheur principal à l’American Association for Colleges and Universities.

Randy Bass possède une maîtrise (1987) et un doctorat (1991) en littérature anglaise et américaine de l’Université Brown. Il a aussi obtenu un baccalauréat en études anglaises et histoire de l’Université du Pacifique.

Sources:

http://explore.georgetown.edu/people/bassr/  

https://blogs.commons.georgetown.edu/bassr/bio/

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