Cet articlé a été publié dans Le Devoir.
Nous, soussignés, professeurs dans les collèges et les universités du Québec, exprimons notre profonde inquiétude face aux récentes interventions de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, dans les affaires pédagogiques et administratives de certains établissements collégiaux.
En convoquant les directions de quatre cégeps montréalais pour remettre en question le contenu de cours abordant des auteurs palestiniens et en déclenchant une enquête ministérielle opaque sur le « climat tendu » dans les collèges Dawson et Vanier, citant des plaintes n’ayant jamais été portées à la connaissance des administrations concernées, Mme Déry pose un geste d’une gravité exceptionnelle. Cette enquête soi-disant « administrative », politique dans ses motivations, constitue une atteinte directe à l’autonomie des cégeps et du corps enseignant.
En s’immisçant dans le contenu des cours, la ministre contrevient également à l’un des principes fondamentaux de toute société démocratique : la liberté académique. En remettant en cause l’autonomie pédagogique des enseignants et en déclenchant de graves procédures d’ingérence, Mme Déry participe à l’inquiétant vent de répression politique et de censure idéologique qui traverse aujourd’hui nos sociétés.

La mission de l’enseignement supérieur ne peut être subordonnée à des intérêts partisans ni à une logique de contrôle politique. La liberté professionnelle des enseignants, tout comme la liberté d’expression et d’analyse critique en salle de classe, est essentielle à la formation intellectuelle et citoyenne des étudiants. En sapant ces fondements, la ministre mine la crédibilité et l’intégrité de l’ensemble du réseau collégial, sa légitimité en tant que ministre, la sécurité psychologique des professeurs ainsi que la confiance que le corps professoral devrait pouvoir lui porter.
Face à cette ingérence inacceptable, nous demandons donc :
- la démission immédiate de Mme Pascale Déry de son poste de ministre de l’Enseignement supérieur ;
- la fin immédiate de l’enquête ministérielle lancée par son cabinet.
Nous appelons également l’ensemble de la communauté collégiale et universitaire à se mobiliser pour défendre avec fermeté l’autonomie pédagogique, la liberté académique et la transparence gouvernementale, qui doivent être des piliers de l’enseignement supérieur et de la démocratie.