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Mise à jour sur le budget de 2023-2024

Lisez un message du recteur de l’Université Concordia, Graham Carr
15 novembre 2023
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Chères Concordiennes,
Chers Concordiens,

Les temps sont durs à Concordia et pour les établissements d’enseignement supérieur en général. Comme nous, bon nombre d’universités sont aux prises avec une tempête parfaite de pressions politiques et financières.

Le gouvernement du Québec a récemment annoncé une hausse des droits de scolarité pour les étudiants du reste du Canada ainsi que des changements à la formule de financement pour la plupart des étudiants internationaux. Outre l’incertitude et la confusion qu’elles suscitent, ces mesures auront de graves conséquences sur notre capacité future de recrutement et sur notre budget de fonctionnement.

Comme vous le savez, le 6 novembre, les trois universités anglophones ont soumis une proposition historique au premier ministre et à la ministre de l’Enseignement supérieur. Nous avons déclaré notre engagement à aider au moins 40 pour cent des étudiantes et étudiants non francophones du reste du Canada et de l’étranger à acquérir un niveau intermédiaire de compétence en français avant l’obtention de leur diplôme, ce qui facilitera leur intégration dans la culture québécoise et leur permettra de contribuer à la société et à l’économie dans l’avenir.

Depuis, les trois universités ont eu de nouveaux échanges avec la ministre. Ensemble, nous avons réitéré notre engagement en matière de francisation. Cependant, nous avons aussi indiqué très clairement qu’il ne nous sera possible d’aller de l’avant avec cette audacieuse initiative que si le gouvernement annule sa décision au sujet des droits de scolarité pour le reste du Canada et travaille de concert avec l’ensemble du secteur universitaire à l’examen de la structure des droits de scolarité pour les étudiants internationaux.

Dans l’intervalle, quel que soit le résultat de ces discussions, nous sommes déjà dans une situation financière très difficile en raison du déficit que nous avons accumulé au cours des trois dernières années. En mai dernier, nous avons présenté au conseil d’administration un budget en vertu duquel nous comptions clore le présent exercice avec un déficit de 19,4 millions de dollars. Ce déficit est essentiellement le résultat de trois facteurs convergents : un déclin sans précédent des inscriptions par rapport à l’année précédente accompagné d’une importante perte de revenus provenant des droits de scolarité et des subventions gouvernementales connexes liées aux inscriptions; les répercussions persistantes de la pandémie et une croissance marquée de nouveaux types de dépenses, par exemple dans les domaines de la transformation numérique et de la cybersécurité; ainsi que l’absence d’un réinvestissement majeur du gouvernement dans le secteur de l’enseignement supérieur. Durant la même période, l’inflation – comme nous le savons tous trop bien – a fait grimper le coût des biens, des services et de l’emprunt pour l’Université.

Malheureusement, en ce milieu d’exercice, nous sommes sérieusement à risque de ne pas atteindre notre déficit cible de 19,4 millions. Notre déficit actuel se chiffre plutôt à environ 35 millions. De plus, si nous nous fondons sur nos résultats finaux prévus pour 2022-2023 afin d’établir des prévisions concernant les années à venir – en prenant en compte les hausses salariales, l’inflation, une réduction des effectifs étudiants, une augmentation des taux d’intérêt et d’autres facteurs externes – nous estimons que le défi structurel futur auquel Concordia devra faire face se situera entre 65 millions et 75 millions de dollars.

Nous avons déjà mis en œuvre bon nombre de mesures rigoureuses pour réduire nos coûts, mais il ne fait aucun doute que nous devons immédiatement adopter une série additionnelle de douloureuses mesures de compression des coûts si nous désirons avoir la moindre chance d’atteindre notre objectif. Ces mesures seront décrites sous peu dans un second message du groupe de travail sur l’examen budgétaire, où sera présentée notre analyse complète des nombres d’inscriptions de cette année et des revenus qui en découlent.

Une chose est claire : contrairement aux années antérieures où Concordia s’est trouvée en situation de déficit, nous ne pouvons plus compter sur une hausse des inscriptions pour compenser la croissance de nos dépenses. Nos inscriptions diminuent depuis trois années consécutives, et les annonces du gouvernement au sujet des droits de scolarité feront chuter ces chiffres encore davantage en 2024.

Par ailleurs, ce défi ne concerne pas que l’année en cours. En effet, en vertu de la législation québécoise applicable aux établissements publics, Concordia doit maintenant soumettre à l’approbation du ministère de l’Enseignement supérieur un plan de redressement crédible lui permettant d’équilibrer son budget annuel de fonctionnement d’ici cinq ans. À défaut de présenter et d’exécuter un plan solide, nous nous exposons à une surveillance plus intrusive du gouvernement, situation qu’il nous faut éviter.

Il importe également de comprendre que le défi du retour à l’équilibre budgétaire constitue un enjeu distinct du problème de la dette accumulée avec lequel Concordia et la plupart des autres établissements publics sont aux prises. La dette accumulée de l’Université, qui se chiffre à environ 272 millions de dollars, représente le montant d’argent que nous avons emprunté afin de réaliser des projets majeurs tout au long de l’histoire de Concordia, de même que les intérêts sur ces emprunts. Dans le cas de Concordia, le montant de la dette accumulée est raisonnable compte tenu de la valeur de nos actifs. Cependant, la seule charge d’intérêts représente une dépense annuelle de 24 millions, que nous devons aussi payer à même notre fonds de fonctionnement. Ne pas le faire entraînerait une augmentation exponentielle de notre dette accumulée. Il en résulterait une hausse des taux d’intérêt qui nous sont imposés et une chute de notre cote de crédit, ce qui, à terme, pourrait réduire considérablement notre flux de trésorerie. C’est pourquoi il nous faut surveiller de près notre dette accumulée.

Inévitablement, vu l’ampleur du défi budgétaire devant nous, nous devrons en tant que communauté revoir nos priorités et de nombreux aspects de nos activités. Ainsi, il faudra entre autres prendre des décisions difficiles au sujet des programmes et des activités que nous n’avons plus les moyens de réaliser ou devrons reporter. Cela ne veut toutefois pas dire qu’aucun soutien ne pourra être accordé à des projets existants ou nouveaux. Au contraire, il sera essentiel d’investir dans certaines priorités stratégiques, telles que notre projet Volt-age, qui bénéficie d’une subvention du Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada, et d’autres initiatives en matière de durabilité afin de maintenir notre élan, d’honorer nos engagements et de cerner de nouvelles sources de revenus.

Le défi est énorme, et nous devons agir rapidement. Ensemble, nous devons imaginer comment cocréer le prochain chapitre de l’histoire de notre université en investissant d’abord et avant tout dans les domaines où cet effort contribuera le plus à la réalisation de la mission de Concordia et de ses priorités stratégiques ainsi qu’au maintien de sa réputation à l’échelle mondiale.

Je fais partie de cette université depuis plus de 40 ans et je sais qu’elle a vécu d’autres défis de taille dont j’ai moi-même subi les répercussions. Ce qui nous a permis de nous en sortir, c’est l’immense fierté que nous éprouvons toutes et tous à l’égard de Concordia, notre croyance commune dans les valeurs qui la définissent ainsi que notre détermination à accomplir nos missions d’enseignement et de recherche afin de soutenir nos étudiantes et étudiants et d’opérer un changement positif dans le monde.

Je sollicite donc l’appui, la patience et la compréhension de chacune et chacun d’entre vous durant cette période éprouvante. Ensemble, nous avons la responsabilité de nous assurer que Concordia reste en mesure de former les leaders de demain, de mener à bien des recherches porteuses de progrès et de bâtir des collectivités plus justes et prospères pour toutes et tous au Québec, partout au Canada et dans le monde entier.

Graham Carr
Recteur et vice-chancelier




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