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Obésité et troubles alimentaires : à la recherche de nouveaux modes de prévention et d’intervention

Des chercheurs canadiens de toutes disciplines avancent des solutions révolutionnaires aux défis contemporains en matière de santé.


Les Canadiens n’ont jamais eu autant accès à l’information sur l’alimentation saine, la nutrition et les bienfaits de l’exercice. Pourtant, demeurer en bonne santé physique constitue un défi permanent pour une part importante de la population.

Selon l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé publiée par Statistique Canada en 2018, 60 pour cent des adultes canadiens sont en surpoids ou obèses. Et d’après l’organisme sans but lucratif National Initiative for Eating Disorders, approximativement un million de Canadiens répondent aux critères diagnostiques de l’anorexie nerveuse et d’autres troubles alimentaires – des maladies mentales pouvant entraîner des problèmes de santé mentale et physique qui durent toute la vie.

À une époque dominée par les médias sociaux, où les images corporelles irréalistes et les régimes à la mode abondent, maintenir un poids santé est devenu encore plus difficile. Par ailleurs, la population vieillit, ce qui exerce une pression accrue sur le système de santé.

L’amélioration des perspectives en santé exige une réflexion nouvelle génération. Or, des chercheuses et chercheurs de l’Université Concordia, à Montréal, examinent justement cet enjeu sous un angle inédit, abordant certaines des préoccupations les plus pressantes du pays en matière de santé à l’aide de concepts et d’outils de pointe. De plus, si ces travaux sont en partie menés en laboratoire, ils pourraient influer sur les diagnostics et les traitements en contexte réel dans un avenir proche.

Voici un aperçu de quelques-unes des recherches en santé les plus novatrices en cours à Concordia ainsi qu’une explication de leur importance.

L’obésité pourrait-elle être liée à l’âge?

En moyenne, les personnes obèses ont une espérance de vie plus courte d’environ sept ans que celles qui maintiennent un poids santé.

Sylvia Santosa, titulaire de la chaire de recherche du Canada en nutrition clinique à Concordia, propose que la communauté des intervenants en santé conçoive l’obésité comme un trouble lié à l’âge.

« Il s’agit d’une nouvelle façon d’envisager cet enjeu », affirme la chercheuse, qui est aussi professeure agrégée au Département de santé, de kinésiologie et de physiologie appliquée de l’Université.

Sylvia Santosa Sylvia Santosa, professeure à Concordia, espère influer sur la manière dont l’obésité sera évaluée et traitée dans l’avenir. © CONCORDIA

Elle note que l’obésité accentue en fait le processus de vieillissement. Par exemple, les enfants obèses sont plus susceptibles de développer un diabète de type 2 et une hypertension que ceux de poids normal. Historiquement, ces problèmes de santé n’apparaissaient que chez les adultes et étaient très rares chez les enfants. Avec le temps, l’obésité peut rendre même les adultes plus susceptibles de développer de telles maladies et d’autres, dont le cancer.

Selon l’organisme caritatif canadien Obésité Canada, les principales organisations vouées à la santé considèrent l’obésité comme une maladie chronique. Les travaux de la Pre Santosa pourraient toutefois changer la manière dont les médecins diagnostiquent et traitent les patients en surpoids et obèses au cours de leur vie.

L’approche élargie de l’obésité que privilégie la Pre Santosa est appuyée par ses autres recherches, qui portent notamment sur l’utilisation de l’imagerie par résonance magnétique pour analyser les effets des dépôts graisseux au fil du temps.

« Le gras ne se comporte pas de la même façon autour des organes, sous la peau ou dans le haut et le bas du corps », explique la Pre Santosa. La graisse ventrale, par exemple, est liée à des risques accrus pour la santé que la chercheuse tente d’appréhender sous un angle physiologique. Elle utilise actuellement l’imagerie pour examiner le gras situé autour des muscles des jambes.

« Nous cherchons à savoir comment le gras et le muscle communiquent », ajoute-t-elle.

 le diabète de type 2 L’obésité peut accroître le risque de développer des problèmes de santé comme le diabète de type 2 et l’hypertension. ISTOCKPHOTO/GETTY IMAGES

Comprendre l’obésité est une priorité en matière de recherche dans tout le pays. Selon Santé Canada, le gouvernement canadien investit en effet chaque année quelque 35 millions de dollars dans la recherche sur l’obésité et le poids santé. Ces travaux servent à prévenir l’obésité et à traiter les complications comme le diabète.

En se concentrant sur la science de l’obésité, Sylvia Santosa espère influer sur la manière dont l’obésité est traitée et dont les médecins évaluent le risque de maladie relativement à l’adiposité et à l’obésité. Elle avance que les travaux de son laboratoire pourraient contribuer aux traitements futurs en abordant l’obésité sous un angle plus sophistiqué.

« Actuellement, lorsqu’une personne est obèse, la seule recommandation est la perte de poids. Mais certains régimes ou certaines approches favorisant la perte de poids pourraient être plus efficaces dans certains cas que dans d’autres, soutient la chercheuse. Nous ne parviendrons à trouver des traitements plus personnalisés et efficaces contre l’obésité que si nous comprenons comment ce trouble se manifeste différemment chez différentes personnes. »

Des indices sur le risque de troubles alimentaires dans les médias sociaux

Si les racines psychologiques des problèmes de poids corporel comme l’obésité demeurent indéniables, la santé mentale peut influer de manière tout aussi importante sur le bien-être physique. Les troubles alimentaires comme l’anorexie nerveuse et la boulimie peuvent ainsi être complexes, difficiles à traiter et parfois mortels.

Selon le National Eating Disorders Information Centre, les troubles alimentaires touchent environ 1,5 pour cent des femmes âgées de 15 à 24 ans au Canada (de même que les hommes, mais dans une proportion moindre). Chose terrible, l’anorexie nerveuse entraîne le plus haut taux de mortalité de tous les troubles psychiatriques. On estime en effet que 10 pour cent des patients meurent dans les dix années suivant l’apparition de la maladie.

L’anorexie nerveuse L’anorexie nerveuse se caractérise par de graves restrictions alimentaires et une peur intense de la prise de poids. ISTOCKPHOTO/GETTY IMAGES

Et si l’on pouvait détecter les signes avant-coureurs des troubles alimentaires dans les médias sociaux?

Pour aider les professionnels de la santé à intervenir plus tôt, Leila Kosseim, professeure à Concordia, a mis au point un outil d’intelligence artificielle qui permet de repérer les symptômes de l’anorexie dans les messages affichés sur les plateformes de médias sociaux comme Twitter, Facebook, Snapchat et autres.

La Pre Kosseim, qui enseigne à l’École de génie et d’informatique Gina-Cody de l’Université, a pris part au projet international eRisk, organisé par des chercheurs de trois universités européennes. Ceux-ci ont fourni un ensemble de données provenant du cyberforum Reddit dans le but d’identifier les membres susceptibles d’être anorexiques. L’équipe de Concordia, composée de la Pre Kosseim et de deux étudiants aux cycles supérieurs, a élaboré un algorithme d’apprentissage profond qui a examiné les caractéristiques linguistiques des messages affichés grâce à un processus appelé le traitement du langage naturel.

« Nous recherchions des indices dans la façon dont les gens s’exprimaient », explique la Pre Kosseim.

Leila Kosseim (au centre), professeure à Concordia, et son équipe Leila Kosseim (au centre), professeure à Concordia, et son équipe explorent les moyens dont les professionnels de la santé peuvent détecter les troubles de santé mentale dans les médias sociaux. © CONCORDIA

L’objectif du projet eRisk était de parvenir à une conclusion rapide, ce que l’équipe de Concordia a pu faire plus vite que les autres. « En situation réelle, si l’on attend d’avoir 100 messages, il peut être trop tard », explique la Pre Kosseim.

L’algorithme d’apprentissage profond s’est avéré si efficace que Leila Kosseim, son équipe et un chercheur d’une université partenaire collaborent avec un hôpital de Genève, en Suisse, à l’examen des données de ses patients. L’algorithme sera modifié pour rechercher, avec le consentement d’un groupe de patients qui utilisent la plateforme de messagerie sociale WhatsApp, des signes de comportement suicidaire.

« Les médecins pourraient bénéficier d’un tel avertissement », soutient la Pre Kosseim.

La chercheuse note que si l’intelligence artificielle peut déterminer quels aspects du langage révèlent un risque pour la santé mentale nécessitant des soins médicaux, l’algorithme n’indique pas aux chercheurs quels sont les signaux d’avertissement. « Je ne peux pas vous donner une liste de mots ou d’exemples », poursuit-elle.

Pour corriger cette situation, l’un des étudiants aux cycles supérieurs collaborant avec la Pre Kosseim vise à rétroconcevoir l’algorithme pour découvrir cette information, qui pourrait alors contribuer à d’autres recherches ou même servir d’outil de formation pour les professionnels de la santé.

« Les gens parlent de l’usage abusif de l’intelligence artificielle, mais [nous aimerions montrer que] celle-ci peut être au service du bien commun », conclut Leila Kosseim.

Pour en apprendre davantage sur les travaux menés par les plus éminents chercheurs et chercheuses du Canada en matière de santé, consultez la page du pôle d’innovation en santé de Concordia.

Article publicitaire réalisé par Globe Content Studio sans la participation du service éditorial du Globe.

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