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Fil conducteur célèbre le travail de cinq artistes autochtones contemporains spécialisés dans le perlage, originaires de l’Île de la Tortue

La nouvelle exposition de la Galerie FOFA présente Nico Williams ainsi que Carrie Allison, Katherine Boyer, Bev Koski et Jean Marshall
21 mars 2025
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La nouvelle exposition, Fil conducteur, de la Galerie FOFA. | Photo de la Galerie par Laurence Poirier
La nouvelle exposition, Fil conducteur, de la Galerie FOFA. | Photo de la Galerie par Laurence Poirier

Fil conducteur, une exposition de perlage autochtone contemporain, est présentée jusqu’au 23 mai à la Galerie FOFA de l’Université Concordia.

Il s’agit d’une exposition organisée conjointement par Nicole Burisch, ancienne directrice de la Galerie FOFA, et Nico Williams, boursier Bronfman et lauréat de l’édition 2024 du Prix Sobey pour les arts. Nico Williams se dit ravi d’exposer ses œuvres aux côtés de quatre « artistes au talent phénoménal » : Carrie Allison, Katherine Boyer, Bev Koski et Jean Marshall.

« Chaque œuvre dévoilée était à couper le souffle – ces nouvelles créations brillent de mille feux! »

Interior shot of a gallery exhibition.

Des rêves perlés

Cette exposition marque l’aboutissement de la bourse Claudine et Stephen Bronfman décernée à Williams en 2021, qui débouche généralement sur une exposition solo. Toutefois, désireux de répondre aux nombreuses invitations qu’il a reçues pour participer à des expositions présentées sur l’Île de la Tortue, Nico Williams a invité des artistes qui ont influencé ses œuvres ou qui ont interagi avec elles au fil des ans. 

« Je me souviens que Nicole affirmait que “tout est possible”, raconte-t-il. Nous avons donc repoussé les limites. Il y a une telle harmonie dans notre démarche : tous ces merveilleux et talentueux artistes spécialisés dans le perlage qui participent à cette exposition. »

Notamment, les cinq artistes participants ont également pris part à la récente exposition Radical Stitch – la plus grande exposition consacrée au perlage contemporain à ce jour.

« Je rêvais d’une exposition de perles, déclare Nicole Burisch. Je suis passionnée par le perlage depuis que j’ai vu l’exposition Beads, they’re sewn so tight, organisée par Lisa Myers, au Textile Museum.

« Cette exposition m’a ouvert les yeux, raconte-t-elle. Je me suis dit : “Bon sang, les gens créent des œuvres exceptionnelles avec ce matériau” ».

Nico Williams a également été très marqué par cette exposition. « Bev Koski nous honore de sa présence en participant à cette exposition. Je me souviens d’être allé au Textile Museum et d’avoir vu les petits aplats qu’elle avait créés. Ces tissus m’ont inspiré. »

« Je pense que nous rêvions tous les deux d’un tel projet depuis des années, ajoute Nicole Burisch. C’est super excitant de travailler sur ce projet avec Nico. »

<em>Bingo</em>, par Nico Williams, 2025. | Photo de Paul Litherland. Courtoisie de Nico Williams Studio Bingo, par Nico Williams, 2025. | Photo de Paul Litherland. Courtoisie de Nico Williams Studio

Un fil conducteur

Le nom de l’exposition, Fil conducteur, évoque non seulement une ligne directrice, mais revêt également une signification encore plus importante pour les coorganisateurs.

« Ce qui est bien avec ce terme, c’est qu’il a aussi un sens métaphorique en français, souligne Nicole Burisch. Il renvoie à un fil conducteur narratif, tout en évoquant une étincelle d’énergie. Il fait aussi penser à l’énergie qui circule à travers ce fil et qui alimente les pratiques. »

« Le fil représente quelque chose qui unit la communauté, explique Nico Williams. Personne ne veut qu’il se rompe. Nous ne faisons pas de nœuds sur le fil, car c’est lui qui tient les perles ensemble. »

Ce fil conducteur est d’autant plus important en période de dissension, alors que des expositions sont annulées au sud de la frontière dans le cadre des mesures s’opposant à la DEI mises en place par le gouvernement Trump.

Bev Koski fait partie des artistes dont les collaborations avec Andil Gosine devaient être exposées au Art Museum of the Americas ce mois-ci. « Andil y travaillait depuis des lustres, déplore-t-elle. Il s’agit d’une période vraiment étrange. »

Nico Williams est reconnaissant du soutien continu et engagé que lui offrent la bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain, la Galerie FOFA et le Conseil des arts du Canada, qui veillent tous à ce que des expositions comme celle-ci continuent d’être organisées sur des territoires autochtones non cédés. 

Depuis le fil qui sert de trait d’union entre les éléments jusqu’aux minuscules perles manipulées avec soin, cette idée de bienveillance se reflète dans tous les aspects de l’exposition.

« Je me souviens de l’attention que Bev portait aux perles en tant que matériau, raconte Williams. Elle triait soigneusement les perles de verre vénitien en écartant celles de mauvaise qualité et en nettoyant celles qui étaient impeccables. »

« C’est frustrant de retenir une perle qui risque de rompre votre fil, s’amuse Bev Koski. C’est la raison pour laquelle je faisais ça. »

« Il y avait tant de perles, répond Nico Williams. Sans parler du niveau de soin… c’est vraiment génial. »

Les plus grands succès (jusqu’à présent)

Cette exposition voit Williams bien entouré d’artistes talentueux spécialisés dans le perlage. C’est aussi l’occasion de présenter des œuvres perlées qui lui tiennent à cœur – ses archives d’objets trouvés, empreints de nostalgie, qu’il appelle ses « cadeaux ».

« Les œuvres de Nico sont souvent des reproductions d’objets existants, note Nicole Burisch. Le trompe-l’œil, le soin, la qualité et l’attention portée aux détails y sont extraordinaires. Le fait d’exposer des œuvres perlées à côté de certains objets réels est toutefois inédit.

« C’est l’occasion de dévoiler cet aspect de la pratique de Nico que les gens n’ont pas l’habitude de voir – c’est un grand collectionneur, qui a un talent pour trouver des objets et les transformer. »

« Vous y découvrirez tous les grands succès, fait valoir Nico Williams. Vous y trouverez un vêtement en flanelle, un ruban portant la mention “danger”, un ruban portant la mention “attention”, et toutes sortes de cassettes VHS. Ce sont tous les objets d’archives qu’il a initialement trouvés – toutes les feuilles de bingo. L’ensemble est très coloré. »

Nico Williams a exprimé sa gratitude à Nicole Burisch pour le travail colossal qu’elle a accompli pendant plus de deux ans en vue de préparer l’exposition.

« Nous accueillons vraiment des artistes venant de partout, du fin fond des bois à la ville, remarque-t-il. C’est très puissant de voir leurs créations exposées dans un endroit comme celui-ci. J’espère que cette exposition inspirera les futures générations d’artistes spécialisés dans le perlage ainsi que les gens qui écriront au sujet des perles ou ceux qui les utiliseront afin de créer d’autres objets. »


L’exposition
Fil conducteur est présentée du 17 mars au 23 mai à la Galerie FOFA de l’Université Concordia, située au 1515, rue Sainte-Catherine Ouest (EV 1-715).

 



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