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Une équipe de recherche sur l’intelligence artificielle menée par l’Université Concordia obtient une subvention de près de 23 millions de dollars

Le programme international de recherche-création explore les façons dont les savoirs autochtones peuvent améliorer l’IA au bénéfice de tous
25 avril 2023
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Groupe de personnes assises en cercle « Nous nous proposons d’explorer un spectre plus large des comportements intelligents humains et non humains qui nous servent à comprendre le monde », explique Jason Edward Lewis.

Le professeur à l’Université Concordia Jason Edward Lewis et ses collègues ont obtenu une subvention de près de 23 millions de dollars du volet Transformation du fonds Nouvelles frontières en recherche. Le Pr Lewis est codirecteur d’une équipe internationale et interdisciplinaire d’experts qui explorera les avantages mutuels que l’enrichissement des systèmes de savoirs autochtones au moyen de technologies d’intelligence artificielle (IA) innovantes peut présenter tant pour les communautés autochtones que pour les scientifiques spécialisés en IA.

Le projet, intitulé Abundant Intelligences: Expanding Artificial Intelligence through Indigenous Knowledge Systems (« intelligences fondées sur l’abondance : élargir la portée de l’intelligence artificielle au moyen des systèmes de savoirs autochtones »), sera financé pendant six ans par le fonds Nouvelles frontières en recherche. Dirigé par des autochtones, il met à contribution 37 cochercheurs et collaborateurs, dont la majorité sont membres des communautés autochtones.

Huit universités et 12 organisations communautaires autochtones du Canada, des États-Unis et de Nouvelle-Zélande prennent également part au projet.

Le programme aura son siège au Centre de recherche sur les avenirs autochtones, dont Jason Edward Lewis est codirecteur.

L’IA est la simulation de l’intelligence humaine au moyen de systèmes informatiques. Elle est en passe de devenir une transformation technologique planétaire déterminante, d’une ampleur comparable à celle de l’invention d’Internet et de la révolution industrielle. Le financement de ce projet arrive donc à point nommé.

Jason Edward Lewis est titulaire de la chaire de recherche de l’Université Concordia en médias informatiques et en imaginaire de l’avenir autochtone et professeur au Département de design et d’arts numériques. Pour lui, un échange réciproque où les experts en IA collaborent avec les membres des communautés autochtones et apprennent au contact de leurs systèmes de savoirs est essentiel pour faire de l’IA une force planétaire au service du bien.

« La trajectoire actuelle du développement de l’IA accorde la primauté aux modes de pensée occidentaux sur les humains et notre monde. Aux yeux des développeurs, les personnes utilisatrices sont avant tout préoccupées par leur bien-être individuel et ne tiennent pas compte d’aspects vitaux de l’existence humaine comme la confiance, le soin et la communauté », observe-t-il.

« Nous voulons élargir la définition de l’IA à mesure que nous la concevons. Nous nous proposons d’explorer un spectre plus large des comportements intelligents humains et non humains qui nous servent à comprendre le monde. »

Intégrer l’abondance au développement de l’IA

Le projet oppose au modèle d’IA actuel un principe directeur axé sur les intelligences fondées sur l’abondance.

« Nous utilisons les intelligences fondées sur l’abondance parce que cette dernière suppose à la fois la diversité et des pratiques liées aux savoirs qui contribuent à la formation de réseaux d’existence florissants à l’échelle locale », explique Hēmi Whaanga, cochercheur principal et professeur à l’école Te Pūtahi a Toi sur les savoirs māoris de l’Université Massey, en Nouvelle-Zélande.

« Ces pratiques se fondent sur la régénération, la générosité et la réciprocité. L’abondance suggère une multitude d’avenirs possibles ainsi qu’un élargissement des définitions étroites de l’intelligence. »

Un projet fondé sur l’intégration, l’imagination et l’intelligence

Le projet Abundant Intelligences mobilisera une équipe internationale et interdisciplinaire d’experts. Les membres de l’équipe se regrouperont en unités locales qui collaboreront avec les communautés autochtones. Ainsi, chaque équipe apprendra auprès des gardiens du savoir autochtone afin d’acquérir de nouvelles perspectives qui serviront à transformer l’IA.

Le programme comporte trois principaux axes :

  • L’axe de l’intégration explore comment les systèmes de savoirs autochtones et les pratiques connexes peuvent être synthétisés et intégrés aux systèmes de savoirs courants employés par les chercheuses et chercheurs du domaine de l’IA.
  • L’axe de l’imaginaire génère des imaginaires futuristes et des conceptions spéculatives d’une IA autochtone qui servent de guides pour l’élaboration de systèmes d’IA inédits mieux à même de favoriser l’épanouissement autochtone.
  • L’axe de l’intelligence fait appel aux perspectives autochtones pour relever les défis d’ordre technique auxquels fait actuellement face la recherche dominante en IA. Il vise également à mieux comprendre comment traduire toute l’étendue de l’intelligence humaine en intelligence artificielle.

« Grâce aux concours du fonds Nouvelles frontières en recherche, nous favorisons la découverte et l’innovation à l’échelle mondiale et nous encourageons les chercheures et chercheurs canadiens à prendre des risques, à relever de nouveaux défis, à repousser les limites de leur discipline et à mener des projets transformateurs dans tout le pays et à l’étranger », affirme Ted Hewitt, président du Comité de coordination de la recherche au Canada et président du Conseil de recherches en sciences humaines.

Pour Dominique Bérubé, vice-rectrice à la recherche et aux études supérieures de Concordia, Abundant Intelligences est un exemple des efforts entrepris afin de décoloniser l’industrie et la recherche universitaire.

« Pendant beaucoup trop longtemps, les savoirs autochtones ont été passés sous silence ou rejetés. Je félicite Jason et toute l’équipe du projet Abundant Intelligences pour cette prestigieuse subvention », déclare Dominique Bérubé.

« J’espère que ce projet servira de modèle pour les recherches à venir. J’espère aussi que les savoirs autochtones seront appliqués de façon plus large ici à Concordia et ailleurs. »



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