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La COVID-19 n’est pas la grippe, mais elle apporte des enseignements sur la façon de combattre celle-ci, affirment des chercheurs de Concordia

L’absence d’une saison de la grippe en 2020-2021 révèle toute l’efficacité de simples mesures de santé publique pour limiter la transmission du virus
11 mai 2021
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Image of the novel coronavirus
Image du coronavirus - Centers for Disease Control and Prevention sur Unsplash

Si vous n’avez pas attrapé la grippe cette année – et les chances que vous ayez été épargné sont énormes – vous devez votre bonne fortune à la COVID-19.  

Voilà une mince consolation, compte tenu du caractère hautement perturbateur de la pandémie. C’est tout de même sur ce sujet que se sont penché deux chercheurs de l’Université Concordia et leurs collègues dans le cadre d’une étude dont le compte rendu a récemment été publié dans la revue Frontiers in Public Health. Ensemble, ils ont examiné les données de 2020 sur la grippe au Canada, aux États-Unis, en Australie et au Brésil. Les auteurs ont montré qu’il existe un lien clair entre l’établissement des mesures d’atténuation de la COVID-19, comme le lavage des mains, le port du couvre-visage et la distanciation physique, et la propagation annuelle de la grippe au sein de la population.  

Selon eux, ces mesures préventives ont pour ainsi dire éliminé la grippe dans les pays où celle-ci tue normalement des dizaines de milliers de personnes par année, et ce, malgré la flambée des cas de COVID19. 

« Concurremment à la mise en place des mesures d’atténuation de la COVID-19, nous avons observé une chute abrupte des cas de grippe dans les pays de l’hémisphère nord », affirme Jovana Stojanovic, boursière postdoctorale au Département de santé, de kinésiologie et de physiologie appliquée et auteure principale de l’article.  

« Par la suite, nous avons également constaté que pendant qu’augmentaient et diminuaient les cas de COVID-19 selon différentes tendances, la grippe, elle, restait essentiellement absente de l’hémisphère nord comme de l’hémisphère sud. Cela en dit long sur le haut degré de contagiosité de la COVID-19, comparativement à la grippe. » 

Simon Bacon, professeur au Département de santé de kinésiologie et de physiologie appliquée, a cosigné l’article en collaboration avec Vincent Boucher et Kim Lavoie de l’UQAM, ainsi que Jacqueline Boyle et Joanne Enticott de l’Université Monash, en Australie.

Young smiling woman with brown hair, black jacket, blue shirt Pour Jovana Stojanovic, auteure principale de l’étude, « la recherche en dit long sur le haut degré de contagiosité de la COVID-19, comparativement à la grippe. »

Aucun pic; uniquement des creux

Au départ, les chercheurs s’étaient fixé deux objectifs, le premier étant d’utiliser des données tirées de FluNet, l’outil de surveillance virologique de l’Organisation mondiale de la santé sur la grippe. Ils souhaitaient voir comment le profil épidémiologique grippal de 2019-2020 se dessinait en relation à la mise en place de mesures publiques d’atténuation de la COVID-19 au Canada, aux États-Unis, en Australie et au Brésil. 

Leur deuxième objectif était de combattre la mésinformation et la diffusion dans le monde de propos trompeurs voulant que la COVID-19 soit comparable à la grippe. Les graphiques ci-après qui figurent à l’origine dans leur article montrent clairement la différence marquée entre la grippe et le nouveau coronavirus sur le plan de la transmissibilité.

« Au départ, les courbes des cas de grippe et de COVID-19 dans l’hémisphère nord se chevauchaient », fait remarquer Simon Bacon. « Or, après l’adoption de mesures d’hygiène de base comme le lavage des mains, la distanciation physique et le port du couvre-visage, la grippe a presque totalement disparu, alors que les cas de COVID ont continué d’augmenter. »

Accessibles en anglais seulement, ces graphiques ont été publiés à l’origine dans la revue Frontiers in Public Health.

Faisant état de la situation au Canada et aux États-Unis, les deux premiers graphiques montrent une nette diminution des cas de grippe comparativement aux moyennes observées au cours des quatre années précédant le moment de la mise en place des mesures d’atténuation (indiqué par la ligne pleine noire). En effet, la saison de la grippe – qui a cours habituellement d’octobre à mai – a pris fin un mois plus tôt au Canada et presque deux mois plus tôt aux États-Unis. Le nombre de cas était encore presque nul au début de la saison de la grippe de 2020 dans les deux pays, laquelle coïncide approximativement avec la deuxième vague de COVID-19.

Les deux derniers graphiques – qui font état de la situation au Brésil et en Australie – révèlent des chiffres similaires. La saison de la grippe dans l’hémisphère sud va de mai à novembre. Toutefois, dans le cas de ces deux pays, on n’a pas observé de pic de grippe en mi-année comme à l’habitude, alors que la deuxième vague de COVID19 approchait de son sommet. Le nombre de cas de grippe est demeuré presque nul jusqu’à la fin de l’année.

Man in checkered shirt Simon Bacon, professeur en santé, kinésiologie et physiologie.

Des mesures faciles à appliquer

Alors que nous voyons poindre la fin de la pandémie et entrevoyons l’avenir après la COVID, ces résultats recèlent des enseignements pour les autorités sanitaires publiques, souligne Simon Bacon.

« Nous savons que la grippe est particulièrement problématique pour les personnes âgées et celles qui ont des troubles respiratoires ou autres », explique-t-il. « Quand nous interagissons avec les gens qui font partie de ces populations à risque élevé, nous devrions maintenir certaines mesures sanitaires comme le lavage des mains, le port du couvre-visage et la distanciation physique. Nous y sommes désormais habitués. Alors, les maintenir est probablement une bonne idée. »

Lisez l’article cité (en anglais seulement) : COVID-19 Is Not the Flu: Four Graphs From Four Countries.



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