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Une relance verte n’a pas besoin du capitalisme pour être florissante, selon une chercheuse de l’Université Concordia

Bengi Akbulut croit qu’il faut explorer les solutions de rechange au système actuel pour sauver l’environnement
1 septembre 2020
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Vue aérienne de la forêt naturelle boréale en été, Québec, Canada.

Bengi Akbulut déplore une certaine inertie quant à la recherche d’autres solutions que celles du capitalisme de marché pour surmonter la myriade de problèmes environnementaux engendrés par la croissance économique rapide.

Dans un article récemment publié dans la revue Ecological Economics, Le Pre Akbulut, professeure adjointe au Département de géographie, urbanisme et environnement de l’Université Concordia, présente un plan de recherche explorant de nouvelles approches de durabilité environnementale faisant fi des contraintes liées aux pratiques traditionnelles encadrant la structure économique actuelle.

La chercheuse a coécrit cet article avec Fikret Adaman de l’Université du Bosphore, à Istanbul, en Turquie. Ensemble, ils abordent l’économie écologique (l’étude interdisciplinaire des liens entre l’activité économique humaine et les écosystèmes biophysiques) selon une approche axée sur l’avis des travailleurs, des consommateurs, des intervenants locaux et des intervenants sans personnalité morale.

De manière générale, ce concept de démocratie économique retire le pouvoir décisionnel du conseil d’administration d’une entreprise pour le donner à ceux, plus nombreux, qui seront directement touchés par les décisions.

« Pour ceux qui s’attardent aux enjeux de durabilité, le débat concernant la réponse aux changements climatiques ou aux autres catastrophes écologiques est en quelque sorte sans issue, car bon nombre de ces problèmes sont causés par le capitalisme », affirme la Pre Akbulut.

« Le capitalisme n’est pas aussi tout puissant qu’on le croit », explique Bengi Akbulut. « Le capitalisme n’est pas aussi tout puissant qu’on le croit », explique Bengi Akbulut.

Trois approches pour verdir l’économie

Les auteurs ont ciblé trois axes de recherche susceptibles d’avoir une incidence positive sur la création d’un système bien différent de celui que nous connaissons. Ceux-ci consistent à explorer les solutions de rechange aux marchés en tant que systèmes de distribution et d’échange des ressources, à la formule habituelle du capitalisme fondée sur la production et les investissements, et à la prise de décisions s’appuyant sur les intérêts personnels.

Les auteurs soutiennent que le marché, loin d’être un mécanisme de distribution efficace des biens et services, génère par défaut du gaspillage, même sans tenir compte de la valeur incalculable de la nature. Ils croient qu’un système coordonné négocié par des conseils d’intervenants pourrait réduire le gaspillage et permettre une gestion plus démocratique.

Les auteurs se sont ensuite intéressés à la coopérative en tant que solution de rechange aux grandes entreprises modernes. Plutôt que de donner le pouvoir à un conseil d’administration ou à de puissants chefs de la direction, la coopérative s’appuie sur un processus décisionnel démocratique, entre autres en ce qui concerne la production et les investissements.

Contrairement à une entreprise ayant des ressources et des contacts considérables, ce modèle permet d’intégrer un large éventail d’opinions et de points de vue au processus décisionnel global, en plus d’offrir une plateforme importante aux membres qui souhaitent faire valoir les préoccupations environnementales locales (comme une rivière polluée, l’exploitation minière d’une montagne ou une conduite qui fuit).

Pour conclure, les auteurs remettent en question la théorie largement répandue de l’homo economicus, selon laquelle les consommateurs sont naturellement rationnels et ne se soucient que de leurs propres intérêts. Bien sûr, s’ils sont isolés et laissés à eux-mêmes, ceux-ci ne se soucieront probablement que de leurs propres besoins, sans réfléchir aux conséquences.

Mais comme la Pre Akbulut le souligne : « Dans un contexte social, les gens acquièrent une rationalité sociale qui leur fait prendre conscience des effets de leurs actions et de leurs décisions sur ce qui les entoure, y compris la nature. »

La croissance au-delà du capitalisme

La chercheuse sait bien qu’une restructuration économique est une entreprise monumentale qui doit se faire graduellement. Elle est cependant persuadée que différentes approches économiques pourraient s’intégrer au système actuel.

« Le capitalisme n’est pas aussi tout puissant qu’on le croit, explique-t-elle. Nous sommes conditionnés à le penser, mais il s’agit d’une faiblesse acquise. Des solutions de rechange font d’ailleurs partie du capitalisme sans pour autant être capitalistes. En tant que chercheurs, nous pouvons utiliser notre formation analytique pour étudier ces solutions de rechange, en tirer des théories et commencer à répondre aux questions que nous nous posons, et cette démarche est tout aussi importante qu’une simple critique du capitalisme. »
 

Lisez l’article cité : « The Ecological Economics of Economic Democracy ».

 



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