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Le Département de journalisme de Concordia s’investit davantage dans les études autochtones

Étudiantes et étudiants explorent notamment l’éthique du reportage au sein des communautés locales et le traitement des questions épineuses
26 mars 2020
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Steve Bonspiel l’affirme : nul besoin de connaître les méandres de l’histoire pour s’inscrire à ce cours – il suffit d’avoir l’esprit ouvert.
Steve Bonspiel l’affirme : nul besoin de connaître les méandres de l’histoire pour s’inscrire à ce cours – il suffit d’avoir l’esprit ouvert.

Les récentes descentes effectuées par la Gendarmerie royale du Canada en territoire wet’suwet’en de même que les vives réactions qu’elles ont suscitées ont fait les manchettes au Canada comme à l’étranger. Toutefois, de nombreux partisans des défenseurs de la terre du nord de la Colombie-Britannique dénoncent la subjectivité des médias et l’image déformée qu’ils donnent d’un débat de plus en plus polarisé.

Grâce à un nouveau cours thématique, les étudiantes et étudiants du Département de journalisme de l’Université Concordia peuvent maintenant approfondir le concept de l’éthique du reportage sur et dans les communautés autochtones. De fait, non seulement le cours Indigenous Journalism (« journalisme autochtone »; JOUR 498) aborde des sujets délicats, mais il met en exergue les différences entre journalisme autochtone et journalisme traditionnel.

Auparavant journaliste en résidence à Concordia et actuellement professeur à temps partiel au Département de journalisme, Steve Bonspiel a mis sur pied ce cours. Le Pr Bonspiel est par ailleurs rédacteur en chef et éditeur du journal communautaire de Kahnawake : The Eastern Door.

« J’ai toujours pensé qu’il fallait absolument offrir – sous une forme ou une autre – un cours sur le journalisme autochtone », explique le Pr Bonspiel.

« Selon moi, le temps était venu de le faire, poursuit-il. Nous nous sommes fixé pour objectif d’inciter d’autres étudiants à s’inscrire à ce cours et à élargir ainsi leurs horizons. »

Steve Bonspiel entre à Concordia au trimestre d’hiver 2018 après avoir été sélectionné pour occuper le poste de journaliste en résidence. Il donne d’abord un cours pilote sur le kanien’kéha, la langue mohawk.

De cette activité pédagogique naît un projet multimédia créé par le Pr Bonspiel en collaboration avec des étudiantes et étudiants en journalisme et intitulé Living the Language: The Mohawk Revival (« vivre la langue : la renaissance mohawk »). L’initiative retient vite l’attention des médias locaux.

Fort du succès de ce projet pilote, le Pr Bonspiel propose à David Secko, directeur du Département de journalisme, de créer un cours de dernière année consacré au journalisme autochtone. M. Secko soutient l’idée et laisse à son initiateur la liberté d’élaborer le cours dans le cadre de ses fonctions de journaliste en résidence.

« Pour le Département de journalisme, l’arrivée de Steve au poste de journaliste en résidence en 2018 s’est révélée un véritable coup de chance », affirme-t-il.

« Le travail qu’il a abattu, le cours pilote qu’il a donné à des étudiants en journalisme et l’expérience qu’il a acquise à The Eastern Door ont tous contribué au développement de ce nouveau cours axé sur le journalisme autochtone, continue-t-il. Nous avons ainsi comblé un réel besoin. À preuve, avant même que nous avisions la communauté étudiante de la disponibilité du cours, ses membres en étaient déjà informés et commençaient même à s’y inscrire! »

« Il y a beaucoup de points à décortiquer et à éclaircir »

« En quelque sorte, le cours montre aux étudiants que son thème fait désormais partie de leur cursus, indique le Pr Bonspiel. À mon avis, c’est une avancée significative qu’a réalisée Concordia. »

Le programme de cours soumis a été accepté; sa mise en œuvre a été fixée au trimestre d’hiver 2020.

« À vrai dire, c’est tout un processus, précise le Pr Bonspiel. Il y a beaucoup d’étapes à franchir. Cela dit, quel sentiment d’accomplissement on ressent quand le processus arrive à son terme! »

Dans le cadre du cours, les étudiants réalisent des reportages sur des communautés autochtones d’ici. Dans la foulée, ils apprennent à dénicher des sujets d’enquête et à connaître les gens du cru.

« La possibilité d’établir un plan constitue l’un des aspects les plus intéressants du journalisme, rappelle le Pr Bonspiel. Mais en réalité, les choses changent. Alors, le cours s’est adapté à cette évolution – un peu à la manière dont on suit une nouvelle-choc. »

Il affirme que les étudiants n’ont nul besoin de connaître les méandres de l’histoire pour s’inscrire à ce cours – il leur suffit d’avoir l’esprit ouvert et de comprendre les préoccupations des communautés autochtones.

« Il y a beaucoup de points à décortiquer et à éclaircir lorsqu’on enseigne le journalisme autochtone », signale-t-il.

« Je ne m’attends pas à ce que mes étudiantes et étudiants sachent tout, précise-t-il. Je leur demande simplement de faire preuve non seulement d’esprit critique, mais aussi de patience. C’est un point important à leur inculquer, car ainsi les erreurs du passé ne se répéteront plus. »

Par ailleurs, le cours initie les journalistes en devenir à l’art de réaliser un reportage au sein d’une communauté autochtone de même qu’à la prise en compte des différents protocoles à respecter avant d’entrer en contact avec celle-ci.

« Cette information n’est pas réservée uniquement aux journalistes; elle concerne tout le monde »

« On ne peut prétendre connaître l’histoire du Canada si l’on n’est pas familier avec le passé des Autochtones », fait ressortir le Pr Bonspiel.

« Selon moi, les gens doivent comprendre que le territoire où ils vivent ne leur appartient pas, poursuit-il. Il est lié à une histoire beaucoup plus ancienne qu’il leur faut apprendre. »

Le Pr Bonspiel insiste : pour être un reporter accompli, tout journaliste doit posséder ce savoir.

« Cela dit, je rappelle toujours à mes étudiantes et étudiants que cette information n’est pas réservée uniquement aux journalistes; elle concerne tout le monde », ajoute-t-il.

« Je leur dis de bien retenir les connaissances acquises dans mon cours, continue-t-il. En effet, peu importe le métier qu’ils choisiront, cette information leur sera utile. En outre, elle pourra leur servir à éduquer autrui. »

À mi-parcours dans le trimestre, le Pr Bonspiel espère que le cours sera donné de nouveau à l’avenir.

« Le Département de journalisme s’engage à aider étudiantes et étudiants à se familiariser avec les principes du journalisme autochtone, déclare David Secko. Le travail accompli dans ce domaine soulève notre enthousiasme. Nous entendons bien continuer d’offrir et de bonifier ce cours au fil des ans. »

Quant au Pr Bonspiel, il envisage l’avenir avec optimisme. Le cours, assure-t-il, ne lui appartient pas et il doit continuer à faire partie de l’offre curriculaire de Concordia.

« Les préoccupations des Autochtones ressemblent énormément à celles de madame et de monsieur Tout-le-Monde, confie-t-il. Nous aussi, nous voulons avoir accès à de l’eau potable. Nous non plus, nous ne souhaitons pas vivre dans une maison rongée par les moisissures. »

« En premier lieu, il faut nouer des liens, apprendre à mieux nous connaître, visiter nos communautés, développe-t-il. J’espère que les étudiantes et étudiants inscrits au cours retiendront une chose entre toutes : l’univers autochtone représente un autre monde à explorer. »


Apprenez-en davantage sur le Département de journalisme de l’Université Concordia.

 

 



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