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Un pilote professionnel chercheur à Concordia applique la science psychologique aux protocoles de formation au pilotage

Samuel Clement-Coulson utilise des outils fondés sur des données probantes pour améliorer la performance des équipages et répondre aux exigences de l’industrie
9 septembre 2019
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« L’aviation a toujours été un catalyseur pour l’application de la recherche dans un environnement pratique », affirme Samuel Clement-Coulson.
« L’aviation a toujours été un catalyseur pour l’application de la recherche dans un environnement pratique », affirme Samuel Clement-Coulson.

Des voyages internationaux à la livraison des biens et des services essentiels, le transport aérien est indispensable au fonctionnement du monde moderne. Or, à mesure que l’industrie poursuit sa croissance, les aéronefs deviennent plus complexes. Le besoin de pilotes hautement qualifiés possédant une formation spécialisée augmente alors aussi.

Samuel Clement-Coulson (B.A. 2018) partage son temps entre ses travaux de maîtrise en science psychologique et son métier de pilote professionnel. Il espère combiner ces deux domaines en vue d’améliorer le matériel de formation au pilotage pour répondre aux besoins de l’industrie aérospatiale d’aujourd’hui.

Je veux rendre la formation au pilotage plus efficace, stimulante et agréable. 

Quel est le rapport entre ces images et vos travaux à Concordia?

Samuel Clement-Coulson : Ces images montrent une ambulance aérienne utilisée pour fournir aux communautés canadiennes éloignées des soins médicaux d’importance vitale. Les avions deviennent de plus en plus complexes pour répondre aux besoins de chaque mission. Par ailleurs, l’augmentation substantielle du nombre de postes de pilote de ligne force les petits exploitants de ligne aérienne à recruter des pilotes moins expérimentés. Or, ces exploitants sont souvent ceux qui desservent les communautés éloignées et servent des entreprises au profil de mission très précis.

La formation au pilotage doit évoluer pour préparer les pilotes des générations futures à chaque vol qu’ils effectueront. L’apport de mes recherches consiste à intégrer la science psychologique aux exigences de l’industrie pour concevoir des outils qui aident les pilotes instructeurs à fournir la meilleure formation possible.

Quels résultats attendez-vous de votre projet?

SCC : L’aviation a toujours été un catalyseur pour l’application de la recherche dans un environnement pratique. Or, il existe aujourd’hui un décalage considérable entre les scientifiques et les décideurs de l’industrie aéronautique. Au milieu du 20e siècle, la formation au pilotage est devenue un processus de plus en plus méthodique. Les plans de cours et les techniques d’instruction conçus à l’époque demeurent d’ailleurs importants à ce jour.

En parallèle, la seconde moitié du 20e siècle a vu la science psychologique accroître notre compréhension des processus d’apprentissage, surtout en ce qui a trait à l’expertise. Nous exigeons à présent des professionnels un niveau de performance constamment élevé, surtout dans l’aviation, où les petites erreurs peuvent s’avérer dangereuses.

Mes travaux visent à combiner les deux domaines en utilisant la science psychologique pour perfectionner les programmes de formation des équipages de conduite. La conception d’outils fondés sur des données probantes en vue de personnaliser la formation nous aidera en effet à améliorer la performance des équipages en rendant la formation beaucoup plus efficace, stimulante et agréable.

Quels pourraient être les effets concrets de vos travaux dans la vie des gens?

SCC : Le vol est devenu essentiel à la plupart des activités de notre vie quotidienne. Qu’il s’agisse de faire en sorte que votre achat en ligne vous parvienne en quelques jours ou de fournir aux communautés éloignées des soins médicaux d’urgence, des équipages du monde entier guident leurs aéronefs dans le ciel pour y arriver.

On prévoit toutefois une pénurie mondiale de pilotes compétents. Les prochaines générations d’aviateurs piloteront ainsi des aéronefs complexes et très performants avec beaucoup moins d’expérience que leurs prédécesseurs. J’entends donc joindre mes recherches aux efforts de l’industrie aéronautique pour répondre à la demande de formation au pilotage tout en appliquant une norme élevée en matière de sécurité et de performance.

Quels sont les principaux obstacles auxquels vous vous heurtez dans vos travaux?

SCC : La nécessité de demeurer à jour à la fois en tant que scientifique et que pilote professionnel – bien que ce soit aussi mon aspect préféré du travail! Mes recherches se situent au croisement de l’aviation et de la psychologie, ce qui signifie que je dois être compétent dans les deux domaines.

Certains jours, je pilote le matin et je poursuis mes travaux de recherche l’après-midi. Lorsque je suis dans l’avion, je fais partie intégrante d’un équipage chargé d’une mission précise. Parfois, je n’ai que le bref trajet entre l’aéroport et le campus Loyola pour retrouver l’état d’esprit d’un scientifique. Cela m’apprend vraiment à être flexible dans ma façon de travailler.

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de votre sujet de recherche au départ?

SCC : J’ai toujours été passionné par le pilotage. Je me souviens encore de journées passées à voler en hydravion avec mon père quand j’étais plus jeune. Lorsque je suivais le programme d’aviation du cégep de Chicoutimi, je passais mes étés à enseigner aux cadets de l’Air à piloter. C’est là que j’ai commencé à comprendre les facteurs humains qui entrent en jeu dans le pilotage.

Le fait qu’on pouvait apprendre à quelqu’un à piloter un petit avion en 45 heures, soit la durée d’un cours de 1er cycle, me fascinait. Ces expériences d’enseignement m’ont amené à me poser des questions comme « qu’est-ce qu’un pilote expert? » ou « comment en former un? », qui constituent les fondements de mes recherches aujourd’hui.

Quel conseil donneriez-vous aux étudiants en STIM qui veulent se lancer dans ce type de recherche?

SCC : Il n’est jamais trop tard pour s’intéresser à la recherche, mais je n’aurais jamais pensé qu’elle ferait partie de mon parcours. Je m’y suis initié dans le cadre d’un programme d’échange à l’Université municipale de Hong Kong. J’ai créé un programme de recherche sur la fatigue des équipages de conduite qui examinait des lignes aériennes du monde entier.

De retour à Montréal, avec l’aide d’Aaron Johnson et de mes collègues des Laboratoires d’étude de la vision de Concordia, j’ai rapidement pu mener mon propre projet durant la dernière année de mon diplôme de 1er cycle.

N’hésitez pas à discuter de vos objectifs avec vos professeurs! Lorsque je suis revenu de Hong Kong, je savais que je voulais étudier les facteurs humains dans l’aviation. Il y avait pourtant très peu de recherches sur ce sujet à Montréal, malgré son statut de capitale mondiale de l’aviation. J’ai demandé conseil à l’un de mes professeurs, qui m’a vite dirigé vers mon superviseur actuel. Avec son aide, nous avons maintenant lancé un programme de recherche novateur et passionnant, ouvert à mes collègues de l’industrie.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus à Concordia?

SCC : Mes collègues du programme de maîtrise en psychologie ont des parcours et des objectifs tellement variés. On trouve toujours quelqu’un pour échanger des idées – ou procrastiner durant la pause café à l’occasion. Étant donné la diversité de nos domaines de recherche, nous pouvons collaborer avec d’autres départements ou disciplines pour maximiser l’impact de nos travaux.

Par exemple, nous collaborons avec le laboratoire de Catharine Marsden, titulaire de la chaire en génie de la conception aérospatiale du CRSNG, pour améliorer la façon dont les cockpits d’avions sont conçus grâce à nos méthodes de recherche axées sur les facteurs humains. Cela m’a beaucoup appris sur le processus de conception en génie tout en me permettant d’appliquer nos méthodes dans une autre discipline.

De plus, j’aime le fait que Concordia a adopté aussi rapidement cette idée de recherche inusitée. L’Université l’a en effet appuyée au moyen d’équipement et d’un mentorat de la part de collègues et de professeurs. Nous disposons maintenant d’un simulateur de vol facilement accessible pour de nombreux projets. Concordia m’offre en outre la flexibilité dont j’ai besoin pour combiner études supérieures et pilotage professionnel.

Vos recherches bénéficient-elles du financement ou du soutien de partenaires ou d’organismes?

SCC : Nous collaborons avec des lignes aériennes locales, des écoles de pilotage et des organismes gouvernementaux durant différentes phases de nos recherches. Ce soutien prend souvent diverses formes, telles qu’une expertise ou un équipement spécialisé, selon les besoins de chaque projet. J’ai bénéficié d’un financement interne de Concordia par l’intermédiaire de programmes comme les bourses d’excellence.

Par ailleurs, nos travaux au sein du laboratoire de la chaire en génie de la conception aérospatiale du CRSNG sur les variations de la charge de travail entre les vols à un ou deux pilotes étaient soutenus par la subvention de la chaire.


Apprenez-en davantage sur le Département de psychologie de Concordia.

 



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