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Une nouvelle recherche sur l’autisme affine notre compréhension des fonctions cognitives à l’âge préscolaire

Selon cette étude, les enfants qui répondent bien aux stimuli sociaux sont plus aptes à « lire dans les pensées »
27 novembre 2018
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Kimberly Burnside, doctorante en psychologie clinique à Concordia, est la chercheuse principale de l’étude.
Kimberly Burnside, doctorante en psychologie clinique à Concordia, est la chercheuse principale de l’étude.

Les spécialistes le disent : plus la détection d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) survient précocement, mieux c’est.

Dans cette optique, des chercheuses de l’Université Concordia ont entrepris de vérifier l’une des hypothèses liées au processus complexe que représentent la détection et le diagnostic d’un TSA.

« Selon la théorie de la motivation sociale, les personnes atteintes d’un TSA présentent des capacités déficitaires à cet égard », explique Kimberly Burnside, doctorante en psychologie clinique à Concordia et chercheuse principale de l’étude. « Elles montrent notamment des lacunes en matière d’orientation sociale, soit la préférence pour les stimuli humains et les interactions avec d’autres gens plutôt qu’avec des objets inanimés. »

« Nous considérons la théorie de la motivation sociale d’un point de vue complètement différent, poursuit-elle. Nous vérifions si elle s’applique aux enfants de deux à quatre ans dont le développement semble normal. »

Kimberly Burnside ne prétend pas que ses travaux constituent une étude sur la détection de l’autisme. Elle précise simplement qu’ils ont pour objectif de fournir aux spécialistes de la psychologie développementale de l’information complémentaire sur le déroulement du développement cognitif tant typique qu’atypique.

« Des résultats en aval pourraient permettre d’anticiper les interventions, indique la chercheuse. Du reste, les sujets que nous avons sélectionnés se situent dans le groupe d’âge où sont généralement diagnostiqués les TSA. En effet, c’est à cette période que les enfants commencent à manifester des symptômes caractéristiques. »

Les résultats de son étude – menée en collaboration avec Diane Poulin-Dubois, professeure de psychologie à la Faculté des arts et des sciences de l’Université Concordia et directrice du Laboratoire de recherche sur le développement de la cognition et du langage –  sont récemment parus dans Journal of Experimental Child Psychology (« revue de pédopsychologie expérimentale »).

Pour mener sa recherche, Kimberly Burnside a étudié la plus jeune cohorte à ce jour dans le domaine. Elle voulait vérifier si les compétences en matière d’orientation sociale d’enfants d’âge préscolaire représentatifs reflétaient leurs capacités sur le plan de la « théorie de l’esprit ». Ses travaux antérieurs portant sur des enfants atteints d’un TSA ont montré que ces sujets n’affichent pas de préférence pour les visages plutôt que les objets. De plus, ils ont de la difficulté à accomplir des tâches non verbales associées à la théorie de l’esprit.

La théorie de l’esprit en toute simplicité

La théorie de l’esprit, c’est la capacité de comprendre que les autres peuvent avoir des croyances et des pensées différentes des nôtres. Cette capacité peut être évaluée au moyen de l’exécution d’une tâche dite de « fausse croyance ». La prédiction par un spectateur de l’endroit où un sujet observé cherchera un objet après qu’il a été déplacé à son insu forme un exemple typique d’une telle activité.

Par exemple, Sally range une balle dans la boîte « A », mais son attention est détournée momentanément. Sans que Sally s’en rende compte, Anne prend la balle et la place dans la boîte « B ». Une personne dotée de capacités relatives à la théorie de l’esprit comprendra que, pour Sally, la balle se trouve toujours dans la boîte « A » – ce qui constitue une fausse croyance.

Les résultats

L’« orientation sociale » exprime l’un des concepts importants de l’étude. Cette notion fait référence à la préférence d’une personne pour les stimuli humains (par exemple, un visage) et les interactions sociales avec d’autres humains plutôt que pour des objets inanimés ou des passe-temps et divertissements solitaires.

Si un enfant manifeste de fortes préférences en matière d’orientation sociale, est-ce que cela laisse présager de ses capacités relatives à la théorie de l’esprit? Il s’avère que oui. L’enfant qui affiche une nette préférence pour les stimuli sociaux est plus susceptible de montrer de meilleures compétences sur le plan de la théorie de l’esprit.

Trente-quatre enfants, deux tâches associées à la motivation sociale et une tâche liée à la théorie de l’esprit

Kimberly Burnside a assigné deux tâches d’orientation sociale et une tâche de théorie de l’esprit à 34 bambins âgés de deux à quatre ans.

« Nous avons présenté à chaque enfant une image composite, affichée sur un moniteur, explique-t-elle. Un visage humain figurait d’un côté de l’écran, tandis qu’un objet domestique apparaissait de l’autre. Nous avons noté combien de temps l’enfant s’attardait à chaque image. Ensuite, l’écran fractionné a montré des points imitant le mouvement d’un marcheur, d’une part, et des points embrouillés aléatoirement, d’autre part. »

Au cours de ces deux tâches visant à évaluer l’orientation sociale, les sujets ont manifesté une préférence sociale. Autrement dit, les enfants ont passé plus de temps à regarder le visage humain et la personne en mouvement.

Dans le cadre d’un test associé à la théorie de l’esprit, des enfants d’âge préscolaire ont regardé une vidéo montrant une voiture être déplacée en l’absence de son propriétaire, puis remisée dans un autre garage. Le sujet a-t-il compris que l’automobiliste pensera que son véhicule se trouve toujours dans son propre garage? Voilà en quoi consiste le test.

 « Point plus important, la performance d’un enfant dans la tâche de préférence du visage laissait présager de son rendement dans la tâche de théorie de l’esprit, souligne la chercheuse. Nous avons eu là la première preuve du lien unissant motivation sociale et théorie de l’esprit chez les enfants d’âge préscolaire présentant un développement typique. »

« Les personnes autistes accusent un déficit au regard de la théorie de l’esprit, continue-t-elle. Elles éprouvent aussi de la difficulté à mettre les choses en perspective. Les capacités associées à la théorie de l’esprit s’acquièrent socialement. Les conclusions de notre étude montrent que les enfants qui ne manifestent pas d’intérêt sur le plan social, qui portent moins attention à leur univers social, ne réussissent pas aussi bien la tâche de la théorie de l’esprit que les enfants qui démontrent un intérêt social. Il se pourrait que les sujets prêtant moins attention à leur univers social n’acquièrent pas cette habileté sociocognitive fondamentale aussi rapidement que les autres enfants. »

Kimberly Burnside effectue toutefois une mise en garde : les résultats de son étude ne permettent pas de poser un diagnostic de TSA.

« Par contre, si un enfant ne porte pas attention aux stimuli sociaux, et plus particulièrement aux visages humains, ce comportement pourrait impliquer un risque de diagnostic ultérieur de TSA », conclut-elle.

La présente étude a bénéficié d’une subvention à la découverte du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.


Consultez l’étude citée : Social orienting predicts implicit false belief understanding in preschoolers (« chez les enfants d’âge préscolaire, l’orientation sociale laisse présager la compréhension implicite du concept de fausse croyance »).

 

Contact

Patrick Lejtenyi
Conseiller Affaires publiques 
514 848-2424, poste 5068 
patrick.lejtenyi@concordia.ca
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