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« Je souhaite inspirer d’autres personnes à suivre mes traces »

Isaac Blaise Djoko a obtenu son doctorat de Concordia en étudiant les interactions entre humains et éléphants dans son Cameroun natal
7 juillet 2022
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Un homme noir souriant portant un polo rayé. « J’ai beaucoup apprécié ces cinq dernières années à Concordia », affirme Isaac Blaise Djoko.

Obtenir son doctorat n’est pas chose facile, même dans les meilleures circonstances. Ajoutez-y une pandémie et plus de 9 000 kilomètres de distance, et la situation devient encore plus complexe.

Arrivé à l’Université Concordia en provenance du Cameroun en 2017, Isaac Blaise Djoko a entrepris un doctorat sous la supervision de Robert Weladji, professeur de biologie à la Faculté des arts et des sciences.

Cinq ans plus tard, l’étudiant est ravi d’aborder sa thèse, la manière dont Concordia l’a aidé à s’adapter à la vie à Montréal, et certains de ses projets d’avenir.

Des débuts auspicieux

Le parcours d’Isaac Blaise Djoko vers ses études doctorales a commencé au parc national de Campo Ma’an, dans le Sud du Cameroun, où il travaillait pour l’Unité technique opérationnelle du ministère des Forêts et de la Faune. À ce titre, il s’intéressait à la manière dont la faune, notamment les éléphants de forêt, interagit avec les humains dans cet environnement.

« En combinant relevés démographiques et observations in situ dans trois sous-divisions, j’ai d’abord évalué l’étendue des dommages causés aux cultures par la faune et cerné l’impact des activités humaines sur la faune », explique-t-il. Il a ainsi recouru à des pièges photographiques pour capturer les mouvements nocturnes et diurnes des pachydermes dans le but de comprendre leur comportement territorial et leurs habitudes de consommation.

M. Djoko connaissait déjà le travail de Robert Weladji et ses recherches sur les éléphants menées en partenariat avec le Zoo de Granby. Lorsqu’une possibilité s’est offerte à lui d’étudier au doctorat sous la supervision du chercheur à Concordia, il a « immédiatement sauté sur l’occasion ».

Le jeune homme a été admis, malgré une saine compétition de la part de ses collègues d’autres parcs au Cameroun et de candidats internationaux.

Un grand changement

Isaac Blaise Djoko a ensuite déménagé à Montréal, ce qui comportait pour lui certains défis. « Il s’agit d’un tout autre environnement culturel », explique-t-il. Comme l’anglais n’est pas sa langue maternelle (le Cameroun étant un pays bilingue), il tenait à améliorer ses compétences.

« J’ai assisté à des rencontres à cet effet, et Concordia m’a beaucoup aidé à m’exercer dans ma deuxième langue. »

M. Djoko a aussi beaucoup appris en vivant avec des colocataires, l’un canadien et l’autre marocain.

Un autre défi? L’hiver.

« Évidemment, on a peu d’expérience en la matière sous les tropiques, plaisante-t-il. Pour nous, au Cameroun, une température de dix degrés est froide. Alors au Québec, avec le mercure qui descend sous zéro, c’est une tout autre histoire. »

M. Djoko ajoute que lorsqu’il se préparait à son premier hiver montréalais, son colocataire canadien lui a demandé s’il avait neigé durant la nuit.

« Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il voulait dire, se souvient-il en riant. Tout cela était entièrement nouveau pour moi. »

Image infrarouge d'un éléphant errant la nuit sous un arbre fruitier Sacoglottis gabonensis. Image tirée d'une vidéo prise par Blaise d'un éléphant errant la nuit sous un arbre fruitier Sacoglottis gabonensis.

Des abeilles et des fruits

Les recherches d’Isaac Blaise Djoko montrent qu’il est possible d’éloigner les éléphants des terres agricoles et de les attirer vers des zones sécuritaires.

Pour éloigner les éléphants, la solution pourrait être aussi simple qu’une abeille. Malgré leur taille massive, les éléphants craignent en effet le petit insecte. L’installation de ruches autour des terres agricoles pourrait donc les repousser. Ce chapitre de la thèse de M. Djoko est d’ailleurs paru dans Oryx – The International Journal of Conservation.

Pour ce qui est d’attirer les éléphants vers des zones plus sécuritaires, le chercheur propose de planter leurs arbres fruitiers préférés à l’écart des terres agricoles dans le parc et des concessions forestières. Il se trouve que les éléphants sont gourmands et adorent les lieux riches en fruits.

Des adieux émouvants et de grandes ambitions

Isaac Blaise Djoko, qui achève à présent sa thèse, est très reconnaissant des opportunités qu’il a pu saisir à Montréal.

« J’ai beaucoup apprécié ces cinq dernières années à Concordia, affirme-t-il. J’ai énormément appris, puisqu’on fait les choses différemment au Canada et à l’Université que dans mon Cameroun natal. »

Il ajoute qu’il est particulièrement redevable à Robert Weladji et au Zoo de Granby de leur collaboration et de tout le soutien qu’il a reçu pour ses travaux durant la pandémie de COVID-19. Le protocole d’entente entre l’Université et le Zoo de Granby est d’ailleurs en voie d’être renouvelé pour cinq années supplémentaires, ce qui offrira aux membres de la communauté de Concordia d’autres occasions de mener des recherches sous les tropiques.

« Je les remercie pour leur soutien financier, matériel et intellectuel. Ma thèse n’a cessé de progresser durant cette période, et ce fut une merveilleuse expérience », se réjouit M. Djoko.

Après cinq années à Concordia, l’étudiant est aujourd’hui l’auteur principal de cinq articles scientifiques, dont deux déjà publiés (dans CatNews et Oryx), un sur le point de paraître dans l’International Journal of Biodiversity and Conservation, et deux en cours de révision.

« Je souhaite inspirer d’autres personnes à suivre mes traces. Je suis heureux et fier d’être un ambassadeur de Concordia. »

Quant à son avenir, Isaac Blaise Djoko aimerait beaucoup contribuer à orienter les décisions prises au ministère des Forêts et de la Faune dans son pays.

« Je rêve grand, alors pourquoi pas? », conclut-il en souriant.
 

Apprenez-en davantage sur le Département de biologie de l’Université Concordia.



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