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Les changements climatiques feront augmenter la consommation d’eau en milieu urbain, selon une étude de Concordia

Même au Canada, pays riche en eau, la demande accentuera la pression sur les urbanistes et les ressources naturelles
29 juillet 2020
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Samuel Li, Fariborz Haghighat et Niousha Rasi Faghihi.
Samuel Li, Fariborz Haghighat et Niousha Rasi Faghihi.

De longue date, l’accès à l’eau est un défi constant pour les autorités municipales du monde. En effet, l’urbanisation massive, les changements climatiques, et maintenant, la pandémie de COVID-19 font évoluer la demande imposée aux réseaux des villes, lesquelles doivent s’adapter en conséquence.

ans un article publié récemment dans la revue Sustainable Cities and Society, trois chercheurs de Concordia examinent la consommation d’eau dans la communauté urbaine de Brossard – banlieue de l’extérieur de l’île de Montréal, au Québec – et ses fluctuations saisonnières.

Fortes hausses en périodes de hautes températures

Les chercheurs ont mis en corrélation des données sur la consommation quotidienne d’eau de la ville de Longueuil – qui administre Brossard – avec les relevés quotidiens de la température de l’air à l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau et les relevés de précipitations. Ils avaient à leur disposition un large ensemble de données recueillies entre janvier 2011 et octobre 2015.

Au moyen de techniques statistiques bayésiennes, les chercheurs ont établi que la consommation d’eau à l’extérieur était plus grande quand les températures étaient élevées. Ils n’ont cependant observé aucun lien entre la température et la consommation d’eau à l’intérieur des habitations (quoiqu’ils aient tout de même noté une légère hausse les week-ends par rapport aux jours de semaine).

« Selon nos observations, quand la température de l’air s’élève au-dessus d’un certain seuil, la consommation d’eau augmente », commente Samuel Li, professeur au Département de génie du bâtiment, civil et environnemental de l’École de génie et d’informatique Gina-Cody. Il a rédigé le compte rendu de l’étude en collaboration avec Niousha Rasi Faghihi, étudiante à la maîtrise, et Fariborz Haghighat, professeur et titulaire de la chaire de recherche de Concordia de niveau 1 en énergie et en environnement.

Les chercheurs ont observé que la consommation moyenne d’eau par personne à Brossard était d’environ 300 litres par jour. « Mais durant les mois d’été, quand les gens arrosent leurs potagers, leurs pelouses et leurs fleurs, cette consommation peut augmenter de 65 pour cent. »

Un horizon prévisionnel de 30 ans

Une fois la corrélation entre température et consommation d’eau établie, les chercheurs ont évalué ce à quoi pourrait ressembler la consommation d’eau en 2050.

« L’infrastructure hydrique a une durée de vie d’environ 30 ans, après quoi il faut la mettre à niveau », précise Samuel Li. « Alors, à quoi peut-on s’attendre à cet égard dans une trentaine d’années? »

Tout dépend des modèles climatiques adoptés pour établir les prévisions. Les chercheurs se sont penchés sur 21 modèles climatiques différents, ainsi que trois scénarios possibles en matière de réduction des émissions de CO2 : un premier sans changement notable des émissions, un deuxième mettant de l’avant des mesures plutôt modestes de réduction des émissions, et un troisième préconisant des moyens plus draconiens.

« Dans tous les cas, nous avons observé une tendance à la hausse des températures et de la consommation d’eau; seule l’ampleur de cette augmentation pourrait varier », indique-t-il.

La pandémie en cours ajoutera une nouvelle dimension à leurs recherches sur la consommation d’eau en milieu urbain.

« Nous avons besoin de données à jour sur les fluctuations de la consommation d’eau du secteur manufacturier sous l’effet des fermetures et réouvertures d’installations, du secteur des services ainsi que des quartiers résidentiels, où la demande a sans aucun doute affiché un pic lorsque des milliers d’employés de bureau se sont mis à travailler de la maison. Nous pourrons ainsi élaborer des modèles de prédiction fiables de la demande en eau des zones urbaines », affirment-ils.

Ils ont également comme projet de concevoir un système de compteurs d’eau intelligents, le plus probablement une application mobile, qui recueillera des données en temps réel sur la consommation d’eau et d’énergie d’utilisateurs individuels. Cette information sera très précieuse, en particulier durant la saison chaude où les réseaux de distribution ne peuvent fournir les quantités d’eau nécessaires.

Cette étude a été financée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) du Canada.

Consultez l’étude citée : « Forecast of urban water consumption under the impact of climate change »



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