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Cigarette électronique et risques pour la santé : un étudiant à la maîtrise de Concordia en quête de vérité

Florent Larue veut que le public comprenne à quel point le vapotage demeure mal connu des chercheurs
4 juin 2020
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« Je trouve fascinant d’être à l’avant-garde de la recherche sur un appareil si largement utilisé, mais si peu connu », affirme Florent Larue.
« Je trouve fascinant d’être à l’avant-garde de la recherche sur un appareil si largement utilisé, mais si peu connu », affirme Florent Larue.

Depuis son apparition sur le marché au milieu des années 2000, la cigarette électronique est commercialisée comme une solution de rechange sans danger à la cigarette combustible. Or, si les fabricants continuent d’avancer cet argument, un nombre croissant de scientifiques le remettent en question.

Étudiant à la maîtrise au Département de santé, de kinésiologie et de physiologie appliquée de l’Université Concordia, Florent Larue travaille au Centre de médecine comportementale de Montréal (CMCM). Originaire de Montpellier, dans le Sud de la France, il est également médecin de famille.

Il s’intéresse aux impacts cardiovasculaires et respiratoires de la cigarette électronique, dans l’espoir de sensibiliser le public à ses risques réels.

« La cigarette électronique n’est pas aussi inoffensive qu’il n’y paraît »

Quel est le rapport entre cette image et vos travaux à Concordia?

Florent Larue : Cette image montre la salle du laboratoire du CMCM consacrée à la surveillance des réactions physiologiques découlant de la consommation d’une cigarette électronique. Nous disposons de nombreux appareils qui nous permettent de mesurer divers paramètres cardiovasculaires tels que la pression artérielle, la fréquence cardiaque et la cardiographie d’impédance.

Nous pouvons également mesurer des paramètres respiratoires comme la consommation de dioxyde de carbone et d’oxygène, la spirométrie, le niveau de monoxyde de carbone et ainsi de suite. Cette salle est essentielle à notre projet de recherche visant à évaluer l’impact physiologique du vapotage.

Quels résultats attendez-vous de vos travaux?

FL : Notre hypothèse est que la cigarette électronique n’est pas aussi inoffensive qu’il n’y paraît. Bien qu’elle semble être moins toxique que la cigarette combustible, nombre d’institutions et d’articles scientifiques ont souligné le manque de preuves quant à son innocuité. Les chercheurs ont déjà révélé certains impacts cardiovasculaires de même qu’une réduction de la fonction respiratoire après consommation.

Nous espérons confirmer ces premiers résultats, mais aussi aller plus loin en tentant d’évaluer les impacts potentiels de la cigarette électronique sur les paramètres inflammatoires, les marqueurs sanguins et le système nerveux autonome. Nous rechercherons une transformation sympathique semblable à celle observée après la consommation d’une cigarette combustible, qui est liée à une morbidité cardiovasculaire accrue.

Quels pourraient être les effets concrets de vos travaux dans la vie des gens?

FL : De plus en plus de gens choisissent aujourd’hui la cigarette électronique afin de réduire leur consommation de cigarettes combustibles, sans réaliser à quel point nous manquons d’information à son sujet. Ils considèrent cet appareil comme un meilleur moyen d’arrêter de fumer que les traitements classiques, même si nous n’avons pas de preuves de son innocuité.

Au contraire, un nombre croissant d’études scientifiques témoignent des effets physiologiques de la cigarette électronique. L’Organisation mondiale de la Santé a d’ailleurs signalé, dans un rapport paru en 2019, sa nocivité, dont les détails restent à préciser. Il est par conséquent crucial de cerner clairement ses impacts physiologiques potentiels et de prévenir les personnes qui souhaitent en faire usage.

Quels sont les principaux obstacles auxquels vous vous heurtez dans le cadre de vos travaux de recherche?

FL : Ils sont nombreux. L’un d’eux est le fait que nous devons tester des personnes qui n’ont ni antécédents de tabagisme ni maladies sous-jacentes, pour nous assurer que les effets que nous constatons ne sont pas liés à d’autres facteurs.

Nous devons également faire preuve de précision dans nos mesures, car les changements physiologiques observés peuvent être minimes, mais potentiellement importants et nocifs au fil des ans.

Enfin, lorsqu’il s’agit de mesurer l’impact de la cigarette électronique sur le système nerveux autonome (un paramètre crucial lié à une morbidité cardiovasculaire accrue quand le système de réaction au stress est activé), nous éprouvons des difficultés d’ordre technique. Il existe en effet de nombreuses façons d’évaluer cet impact, mais aucune d’entre elles n’est aisée. Par exemple, nous avons eu beaucoup de difficulté à obtenir un bon signal nous permettant de recourir à la cardiographie d’impédance.

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de vous pencher sur ce sujet?

FL : J’ai eu la chance de rencontrer Simon Bacon lors d’une conférence en France. Nous avons discuté des recherches qu’il menait et je me suis immédiatement intéressé à l’étude de la cigarette électronique comme problème de société.

En tant que médecin de famille résident en France, je rencontrais chaque jour des patients aux prises avec le tabagisme qui se demandaient si la cigarette électronique pouvait être la solution. Sachant à quel point il est important pour la santé – et ardu – de vaincre une dépendance à la nicotine, j’ai pensé qu’entreprendre des recherches sur cet appareil pourrait s’avérer fort intéressant.

Quel conseil donneriez-vous aux étudiants en STIM qui aimeraient s’investir dans ce champ de recherche?

FL : Le domaine évolue très rapidement, et j’aime beaucoup le fait qu’il concerne presque tout le monde. Je trouve fascinant d’être à l’avant-garde de la recherche sur un appareil si largement utilisé, mais si peu connu.

Enfin, le tabagisme est responsable de six millions de morts par an dans le monde entier. Travailler dans ce champ de recherche est donc un excellent moyen d’offrir aux gens une meilleure qualité de vie.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus à Concordia?

FL : Étudier à Concordia est intéressant pour la nouveauté des pavillons et la qualité de l’équipement. Les classes sont aussi de bonne qualité, et comptent peu d’étudiants par professeur. Enfin, j’ai eu la chance de bénéficier d’une bourse de recherche de l’Université, sans laquelle je n’aurais pas pu venir ici et apprendre autant de cette expérience.

Vos recherches bénéficient-elles du financement ou du soutien de partenaires ou d’organismes?

FL : Nos principaux partenaires sont Concordia et l’UQAM ainsi que le CIUSSS-NIM (Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal). Nous avons en outre la chance de recevoir un financement des Instituts de recherche en santé du Canada, du Fonds de recherche du Québec – Santé et de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC.


Apprenez-en davantage sur le
Département de santé, de kinésiologie et de physiologie appliquée de l’Université Concordia.
 

 



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