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Message de fin d’année du président

22 décembre 2023
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Chères Concordiennes,
Chers Concordiens,

Avec l’année qui touche à sa fin, nous conviendrons tous que le contexte particulier de cette année ne se prête pas aux habituels échanges de vœux et à un regard prospectif sur l’année à venir. C’est pourquoi, au lieu d’un message des fêtes conventionnel, j’ai décidé de revenir sur l’année écoulée et de vous faire part de quelques réflexions, préoccupations et espoirs. 

Une année sous le signe du succès 

Commençons par les aspects positifs. À bien des égards, 2023 a été une année charnière pour Concordia, une année de réalisations sans précédent.  

Le printemps dernier, nous avons lancé notre ambitieux projet de décarbonation, PLAN/NET-ZÉRØ, reçu la plus importante subvention de recherche individuelle de notre histoire et obtenu la plus importante subvention de recherche institutionnelle jamais accordée pour soutenir le leadership mondial de Concordia dans le domaine de l'électrification de la société. En octobre, l'initiative de recherche transformatrice, appelée Volt-age, a officiellement démarré.  

La cérémonie de collation des grades de l’été a été la deuxième plus grandiose que nous ayons jamais organisée, et environ 3000 diplômées et diplômés supplémentaires sont montés sur la scène lors de la cérémonie de l’automne.  

Pour la deuxième fois en trois ans, des étudiants de Concordia ont mérité des bourses Rhodes et Schwarzman. L’un de nos doctorants a fait partie de la cohorte inaugurale des récipiendaires de la bourse de recherche Lady-Mireille-et-Sir-Dennis-Gillings en santé publique mondiale, tandis qu’une étudiante internationale à la maîtrise en informatique a remporté le concours canadien Ma thèse en trois minutes. Une diplômée en thérapies par les arts dramatiques est devenue la première étudiante de Concordia à recevoir une bourse Mackenzie King accessible à tous, qui n’est décernée qu’à une seule personne par année au Canada. Un groupe de trois étudiants a gagné la médaille d’or en hockey aux jeux mondiaux de la Fédération internationale du sport universitaire . Une diplômée en création littéraire a remporté le convoité prix Giller de la Banque Scotia pour une œuvre de fiction et l’un de nos professeurs a été nommé personnalité de l’année par le magazine L’actualité. 

Nous nous sommes hissés au 387e rang du classement de QS des meilleures universités du monde, ce qui est un exploit digne de mention pour une université de moins de 50 ans. Concordia est l’une des trois seules universités québécoises à figurer parmi les 100 meilleures universités au monde dans le palmarès de 2024 de QS évaluant les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance, et nous nous classons même au huitième rang mondial dans la catégorie « Durabilité environnementale ».  

Et nous avons terminé l’année en concluant une entente relativement à la nouvelle convention collective de l’Association des professeurs de l’Université Concordia (APUC).  

Ces réalisations sont le fruit du travail d'innombrables membres de notre communauté, et nous devons tous être extrêmement fiers de nos succès collectifs 

Une période marquée par l’émotion et l’incertitude 

En contrepoint, les derniers mois ont été incroyablement pénibles et, à certains égards, ils figurent parmi les plus difficiles de l’histoire de notre université.  

La nouvelle que nous redoutions est tombée la semaine dernière. Le gouvernement du Québec mettra en œuvre ses politiques mal avisées relativement aux droits de scolarité applicables aux nouveaux étudiants internationaux et du reste du Canada. Dans toute notre histoire, nous n’avons jamais vu le gouvernement s’en prendre aussi délibérément aux universités anglophones. Nous sommes cependant déterminés à traverser cette tempête et à affirmer fièrement le rôle de Concordia en tant qu’université de classe mondiale qui croit en la diversité et qui s’efforce de positionner Montréal comme une destination pour les étudiants les plus talentueux du Québec, du Canada et du monde entier. 

Dans le même ordre d’idées, j’aimerais mentionner que notre conseil d’administration et le ministère de l’Enseignement supérieur ont tous deux approuvé notre plan de redressement, qui s’étale sur les cinq prochaines années. 

De surcroît, il est parfaitement évident que des facteurs à plus grande échelle — la pression de l’inflation, les perturbations découlant des grèves prolongées dans le secteur public du Québec, le conflit en cours au Moyen-Orient et d’autres crises qui font moins la manchette, mais qui sont malgré tout présentes — infligent beaucoup de douleur aux membres de notre communauté et ont souvent des conséquences néfastes pour la vie universitaire. 

Les membres de l’équipe de direction de l’Université et moi-même avons rencontré et écouté de nombreux membres de notre communauté, et il est clair que la souffrance et le mécontentement ressentis par certains se manifestent aussi bien fortement que subtilement, de manière perceptible ou non et par du mutisme aussi bien que par des cris. Il peut s’agir par exemple du grognement sourd d’un estomac vide que l’on entend après avoir sauté un repas que l’on ne pouvait pas se permettre. D’autres se sentent frustrés de devoir composer avec les conséquences des grèves prolongées en éducation et en santé — sans parler des effets de nos propres compressions budgétaires et du gel des embauches. Certains membres de notre communauté ressentent de l’anxiété lorsqu’ils entendent ou voient sur le campus des choses qui les rendent physiquement ou émotionnellement vulnérables, les intimident, les ostracisent ou les mettent en danger. Toute personne attachée à la vie, à la paix et la dignité humaine est sans nul doute profondément angoissée par l’état du monde et elle peut se sentir impuissante, voire en colère. 

Notre rôle dans la société 

Notre diversité — de pensées, de connaissances, de cultures, de religions et de langues — est au cœur de ce qui fait de nous une communauté cosmopolite unique. La richesse et la beauté de notre université découlent de notre diversité. Or, quand le contexte mondial devient aussi tendu qu’en ce moment, nos différences peuvent bien entendu remonter à la surface et être source de division. 

Partout, les universités s’efforcent de répondre adéquatement aux crises qui se chevauchent et s'amplifient tant dans des pays lointains que dans leur propre milieu. On assiste à une augmentation marquée de l’antisémitisme dans la société et nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les conséquences de ce phénomène pour la vie universitaire, y compris à Concordia. On observe également une augmentation marquée de l’islamophobie dans la société et sur les campus. (Le fait que, pour certains il soit même offensant de faire référence à ces deux tendances dans des phrases consécutives montre à quel point les discussions à ce sujet sont devenues tendues et partisanes.) En réalité, nous essayons tous de composer au mieux avec une situation complexe dans le respect de notre mission et de nos valeurs en tant qu’établissements d’enseignement supérieur.  

Sauf lorsqu’il s’agit de questions touchant directement l’enseignement supérieur et les activités de notre université — comme le débat de l’an dernier sur la loi relative à la liberté académique ou les récentes mesures prises par le gouvernement du Québec concernant les droits de scolarité —, notre rôle en tant qu’établissement d’enseignement n’est pas d’intervenir sur le plan politique en faisant valoir nos opinions ou en prenant parti sur des sujets d’actualité. Au contraire, notre rôle est d’animer ces conversations dans notre communauté et, plus largement, dans la société dont nous faisons partie, d’être une source de discussions fondées sur des données probantes et un lieu d’enseignement et d’apprentissage sur le monde. 

Toutefois, pour que nous puissions remplir ce rôle, il faut que Concordia soit un lieu où les paroles et les gestes sont respectés et où l’on respecte les autres points de vue, aussi difficile et controversée que puisse être la question. Avançons même qu’en tant que communauté — et je pense ici à tous les membres de notre communauté —, nous devons ressentir et exprimer de la bonté, de la bienveillance, de la compassion et une empathie universelle les uns pour les autres. 

Un engagement pour 2024 

Je suis conscient qu’il m’est impossible de freiner l’escalade de tensions par moi-même. Étant donné que nous sommes tous concernés, je vous demande de profiter de la pause des fêtes pour réfléchir à ce que vous pouvez faire en tant que personne et au sein des unités, classes, associations et groupes sociaux dont vous faites partie pour améliorer la vie sur nos campus en 2024.  

Au début de l’année, nous vous ferons connaître certaines de nos idées pour réaliser cet objectif. Restez à l’écoute, car nous vous inviterons tous à présenter des suggestions pour faire de chacun de nous d’ardents défenseurs de la liberté académique et des ambassadeurs engagés en faveur d’un comportement et d’un dialogue respectueux. Nous avons l’occasion de créer collaborativement une approche propre à Concordia pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés. Si nous y parvenons, peut-être que nos conclusions et l’exemple que nous donnerons pourront constituer une autre contribution importante de notre université à la société montréalaise et québécoise. 

Si je ne suis pas un adepte des résolutions du Nouvel An, il est cependant certain que, cet hiver, je réitérerai mon engagement à faire tout ce que je peux pour que Concordia reste un lieu ouvert et accueillant pour tous, et j’espère que vous ferez de même. Ensemble, nous devons entretenir les conditions qui ont permis nos récents succès et qui peuvent ouvrir la voie à des réalisations encore plus admirables dans l’avenir. 

Pour l'instant, cependant, je pense que nous avons tous besoin d'une pause pour nous changer les idées. Peut-être, compte tenu de nos travaux sur l’électrification, devrions-nous par métaphore nous efforcer de recharger nos batteries. 

Sur ce, je vous souhaite à tous un temps des fêtes reposant. Puisse 2024 apporter plus de paix et de perspectives au monde ainsi que succès à Concordia. 

Graham Carr 
Recteur et vice-chancelier




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