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Grand Concordien : Pan Bouyoucas, auteur et dramaturge

« Les tendances et les modes vont et viennent, mais si vous restez fidèle à votre voix, vous trouverez votre place. »
30 juillet 2025
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Par Ian Harrison, B. Comm. 2001


Pan a des cheveux gris et des lunettes. Il porte un pull bleu pâle sur une chemise noire. « Je suis toujours resté fidèle à ma propre vision. J’en suis fier. Et j’espère qu’au bout du compte, c’est cette vision qui trouve un écho ».

Auteur, dramaturge et traducteur, Pan Bouyoucas, B. Bx-arts 1977, explore par son travail la diversité culturelle, les enjeux sociopolitiques et le croisement des langues et des identités.

Né au Liban de parents grecs, Pan Bouyoucas immigre au Canada en 1963, où il fait face à la complexité d’être un étranger dans une société francophone. Il lui faut en outre faire ses études en anglais, malgré son amour pour la littérature française, lui qui a dévoré les œuvres de Molière et de Camus dans sa jeunesse.

Plus tard, cette expérience de déplacement culturel lui servira grandement de source d’inspiration créatrice. Pan Bouyoucas poursuit son parcours universitaire à l’Université Concordia, où il obtient un baccalauréat ès beaux-arts en théâtre et en cinéma, et où il développe sa voix d’écrivain et de critique.

Ses années à Concordia se révèlent formatrices et le poussent à explorer différents genres, du roman au théâtre, en passant par la nouvelle. Bien qu’il s’essaie d’abord à l’écriture collaborative de scénarios de films, il réalise que sa véritable vocation est d’écrire seul, afin d’exprimer pleinement sa vision personnelle.

Au cours de sa carrière, Pan Bouyoucas publie plus d’une douzaine de romans, de pièces de théâtre et de nouvelles ainsi qu’un livre pour enfants. Ses œuvres sont saluées sur la scène internationale, traduites dans différentes langues et couronnées de nombreux prix et nominations. Bien qu’à l’origine écrit en anglais, son roman L’homme qui voulait boire la mer (The Man Who Wanted to Drink Up the Sea) devient un succès de librairie au Québec et en France.

Dans ses textes, Pan Bouyoucas explore les thèmes du pluralisme culturel, de la transculturalité et des défis que vivent les personnes aux identités multiples. Ses expériences du Québec sous-tendent en grande partie son analyse des tensions entre les communautés linguistiques et culturelles, en particulier dans le contexte du fossé qui sépare le français et l’anglais au Québec.

Dans La vengeance d’un père (1997), Pan Bouyoucas met en lumière les complexités de la communauté grecque du Québec durant le référendum de 1995 sur la souveraineté; l’auteur y parle du terrain d’entente, souvent négligé, entre les identités culturelles et politiques.

Le Grand Concordien reste critique vis-à-vis des tendances actuelles de la littérature qui, selon lui, privilégient les récits autobiographiques et « sombres » au détriment de l’ironie et de la créativité. Tout en continuant d’écrire des pièces de théâtre et des romans, il reste convaincu que la littérature doit remettre en question les conventions, proposant une vision ironique et nuancée du monde.

Parmi ses récents projets, on compte la traduction anglaise de son roman Ari et la reine de l’orge (Ari and the Barley Queen) et l’écriture de trois pièces de théâtre satiriques durant la pandémie de COVID-19. Son prochain roman en français, une autofiction, s’articule autour du Mile-End, le quartier montréalais qu’il habite depuis des dizaines d’années.

Faisant le point sur sa carrière, Pan Bouyoucas tient à résumer sa philosophie de création : « Je suis toujours resté fidèle à ma propre vision. J’en suis fier. Et j’espère qu’au bout du compte, c’est cette vision qui trouve un écho ».

Qu’est-ce qui vous vient spontanément à l’esprit quand vous repensez à vos études à Concordia?

P.B. : L’environnement multiculturel, sans conteste. Je suis né au Liban dans les années 1940 et, à l’époque, c’était un pays vraiment cosmopolite.

Lorsque je suis arrivé à Concordia, j’ai retrouvé cette même ouverture et diversité. J’étais entouré de professeurs et d’étudiants du monde entier, et ce genre de contact immunise pour la vie contre les préjugés et l’étroitesse d’esprit. Ce contexte favorise la curiosité, élargit la vision des choses et permet d’apprécier toutes les cultures, langues et idées.

Pouvez-vous énumérer certains des facteurs qui ont contribué à votre réussite?

P.B. : Le talent, bien sûr – mais le talent seul ne suffit pas. Il faut de la ténacité, de la confiance en soi, de la discipline, de l’ambition et, surtout, de la curiosité. Je n’ai jamais cessé d’apprendre. Même après avoir fini mes études, j’ai continué à lire, à étudier et à explorer. Certaines de mes plus grandes joies dans la vie sont venues de la découverte de nouvelles idées et perspectives. L’écriture exige de la persévérance, en particulier en cas de rejet, mais j’ai toujours fait confiance à mon instinct et je m’en suis tenu à ce que je croyais être le meilleur.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiantes et étudiants qui souhaiteraient suivre vos traces?

P.B. : Faites confiance à votre instinct et poursuivez votre rêve – il vaut mieux essayer et échouer que de vivre avec des regrets. Comme le disait le philosophe stoïcien Épictète, « Attache-toi à ce qui te paraît le meilleur, comme si Dieu t’avait désigné pour ce poste ».

Si vous croyez en ce que vous faites, continuez, quels que soient les obstacles. Le rejet fait partie du processus créatif, mais cela ne signifie pas que vous vous trompez. Les tendances et les modes vont et viennent, mais si vous restez fidèle à votre voix, vous trouverez votre place.

Quel effet cela vous fait-il d’avoir été nommé Grand Concordien?

P.B. : Qui ne serait pas ému de voir son alma mater souligner sa réussite? C’est un incroyable honneur d’être reconnu comme une source d’inspiration pour la prochaine génération. Ayant moi-même cinq petits-enfants qui étudient à l’université, je trouve cette reconnaissance particulièrement gratifiante. Merci, Concordia!

Tirez fierté de nos Grandes Concordiennes et Grands Concordiens !



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