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RAPPORT FINAL DU GROUPE DE TRAVAIL SUR LE RACISME CONTRE LES NOIRS

À l’automne 2020, en réponse aux appels mondiaux au changement systémique et structurel face au racisme historique envers les personnes noires et à la suprématie blanche, le recteur de l’Université Concordia a mis sur pied un groupe de travail sur le racisme contre les Noirs. Le groupe de travail avait pour mandat de coordonner le travail nécessaire afin de formuler des recommandations ancrées dans les expériences vécues par les membres noirs du corps professoral, du personnel et de l’effectif étudiant sur les plans de l’embauche, des politiques et des pratiques d’enseignement et d’apprentissage, entre autres. Ce rapport historique est l’aboutissement de deux années de consultations des membres de la communauté, d’entrevues, de recherches archivistiques, de revues de la documentation, de discussions ouvertes et de conversations avec les intervenants, entreprises par quelque 50 membres du groupe de travail issus de la communauté noire de Concordia, et répartis, dans un premier temps, entre huit sous-comités, puis six.

Télécharger le rapport final (PDF)Excuses manifestation étudiante de 1969

Comité directeur de la West Indian Society dans l’album des finissants de la Sir George WilliamUniversity (1958). Source: Service de la gestion des documents et des archives de l’Université Concordia.




L’évolution parallèle de l’Université Concordia et de la présence de personnes noires en son sein

Afin de correctement mettre en contexte les recommandations, nous avons créé une frise chronologique retraçant l’histoire de Concordia en lien avec la présence de personnes noires en son sein, leur inclusion et la discrimination à leur encontre. La frise chronologique ne met pas seulement en évidence la longue histoire de la présence de personnes noires à Concordia, elle atteste également de la persistance du militantisme et de la lutte pour l’inclusion des personnes noires. Les événements mis en lumière dans la frise chronologique, ainsi que la présence de personnes noires à Montréal dans le contexte des établissements d’enseignement supérieur, témoignent des recoupements qui existent entre les réalités intersectionnelles de l’expérience noire à Concordia et à Montréal, et du travail qu’il reste à accomplir à Concordia, et envers lequel l’Université doit s’engager au moyen d’actions et de ressources spécialisées.

1889

 
 

Fondation du Loyola College, à titre d’établissement annexe offrant un programme d’anglais du Collège jésuite Sainte-Marie de Montréal.

Le programme de cours du soir pour adultes du YMCA de Montréal devient le Sir George Williams College.

 
 

1926

1947

 
 

Le Montréalais Harold Herbert Potter est embauché pour enseigner au Sir George Williams College, devenant ainsi le premier sociologue noir né au Canada à être embauché par un établissement d’enseignement postsecondaire au pays. Harold Herbert Potter obtient une promotion et devient professeur adjoint en 1949, avant de devenir professeur à temps plein en 1963.

Le Sir George Williams College est accrédité en tant qu’université et devient la Sir George Williams University.

 
 

1948

1953

 
 

La West Indian Society est fondée à la Sir George Williams University.

Le nombre de membres de l’effectif étudiant de la Sir George Williams University en provenance des Antilles augmente, notamment en raison de modifications aux lois en matière d’immigration.

 
 

1960s

1968

 
 

Avril : six membres noirs de l’effectif étudiant déposent officiellement une plainte auprès du directeur de la vie étudiante, Magnus Flynn, en raison du racisme dont ils ont fait l’expérience dans un cours de biologie à la Sir George Williams University.

Du 4 au 6 octobre : Une conférence intitulée « Problems of Involvement in Canadian Society with Reference to Black Peoples (Problèmes d’intégration des peuples noirs à la société canadienne) » se tient à la Sir George Williams University. Elle est organisée par le Canadian Conference Committee (anciennement le Caribbean Conference Committee), qui comprend des membres du corps professoral et de l’effectif étudiant de la Sir George Williams University.

Du 11 au 14 octobre : Une conférence intitulée « Congrès des écrivains noirs – Vers la seconde émancipation – Les dynamiques de la libération noire », se tient à l’Université McGill. Elle est organisée par des membres de l’effectif étudiant de l’Université McGill et de la Sir George Williams University, et des membres de la communauté.

Décembre : Un article de Phil Griffin intitulé « Black Students’ Association initiates studies program (L’Association des étudiantes et étudiants noirs lance un programme d’études) » paraît dans The Georgian, un journal étudiant de la Sir George Williams University. L’article parle de l’initiative et détaille le programme des interventions des conférenciers et conférencières invités. Les professeurs C. Davis, Leroy Bucher et Phil Griffin proposent au comité de programmes para-universitaires qu’un programme informel d’études des Noirs voit le jour.

La West Indian Society devient la Caribbean Students Union.

17 janvier : Le premier programme informel d’études des Noirs est lancé par trois membres noirs du corps professoral, en collaboration avec des membres noirs de l’effectif étudiant. Dans le cadre de ce programme, des conférenciers et conférencières noirs des États-Unis sont invités à discuter de l’identité noire du point de vue de diverses disciplines. Il s’agit d’une collaboration croisée entre les disciplines de la Faculté des arts.

Du 29 janvier au 11 février : Des membres de l’effectif étudiant occupent le centre informatique et la salle des professeurs pour dénoncer des allégations de racisme à l’Université. Le 11 février, la police intervient et 97 membres de l’effectif étudiant sont violemment arrêtés. De longs procès s’en suivent pour les personnes arrêtées. La journée ayant précédé l’occupation, The Georgian a consacré l’intégralité de sa publication (12 pages) à la position défendue par les membres noirs de l’effectif étudiant ainsi qu’à la réponse de l’Université à l’égard de cette position.

7 février : Un article de Phil Griffin est publié dans The Georgian. Il est intitulé « SGWU and the Black Studies program “… unresponsive, apathetic, uninterested …“ (La Sir George Williams University et le programme d’études des Noirs “... insensible, apathique, indifférent...“) ».

5 novembre : Un article publié dans The Georgian rapporte un dessin humoristique raciste publié dans le journal étudiant The Paper par son rédacteur en chef et éditeur, Wayne Gray. La caricature fut qualifiée d’« exemple de racisme le plus offensant jamais publié à la Sir George Williams University » par le comité de direction de l’association de l’effectif étudiant, qui a officiellement porté plainte contre Wayne Gray pour violation du code de conduite35. Dans la caricature, deux hommes noirs pieds nus portent des lances et une pancarte sur laquelle on peut lire « Prépare ton sac de voyage Alfred, ils sont sur le point de lancer un programme d’études des Noirs à Sir George ».

Du 5 au 11 novembre : La Caribbean Students’ Society de Sir George publie un questionnaire dans The Georgian afin d’évaluer l’intérêt des membres de l’effectif étudiant à l’égard d’un programme d’études des Noirs à la Sir George Williams University.

12 novembre : Une tribune libre publiée dans The Georgian affiche un commentaire désobligeant à l’encontre des demandes d’un programme d’études des Noirs formulées par les membres noirs de l’effectif étudiant. Ce commentaire provient de l’étudiant John Sedley. Dans cet article, John Sedley déclare également « Negroes demand equal rights, well, let’s shit on them too (Les négros demandent l’égalité des droits, eh bien, chions-leur dessus aussi).

 
 

1969

Des étudiants manifestent devant le bâtiment de Concordia Hall au centre-ville de Montréal. À propos de l'image (haut): Manifestation étudiante contre le racisme à l’extérieur du pavillon Henry-F.-Hall de la Sir George Williams University (1969). Source: Service de la gestion des documents et des archives de l’Université Concordia.
Des étudiants manifestent devant le bâtiment de Concordia Hall au centre-ville de Montréal. À propos de l'image (bas): Débris à l’extérieur du pavillon Henry-F.-Hall après l’arrestation d’étudiants qui manifestaient (11 février 1969). Source : Service de la gestion des documents et des archives de l’Université Concordia

Fin
1969

 
 

La Black Students’ Association est fondée.

Janvier : Un rapport intitulé « Ethnic Groups at the University (Groupes ethniques à l’Université) » est préparé par James H. Whitelaw (coordonnateur de planification pédagogique, Sir George Williams University). Le rapport définit les divers groupes qui existent au sein de l’Université et insiste particulièrement sur le thème des études des Noirs. Il expose également l’évolution et la description des programmes d’études des Noirs au sein d’autres universités d’Amérique du Nord.

30 janvier : Un événement est organisé à la Sir George Williams University en compagnie du professeur Nathan Hare de la Howard University (État de Washington) et du Dr C.L.R. James de la Sir George Williams University afin de discuter des études des Noirs, des divers programmes d’études des Noirs et de la révolution noire.

 
 

1970

1972

 
 

4 février : Un séminaire afro-américain se tient à la Sir George Williams University en compagnie des professeurs Chris Lash, John Swede, Leon Jacobs et Norman Cook afin de discuter de l’histoire et de la culture noires.

Janvier : Le Black Studies Centre est fondé par Dr Clarence Bayne, un professeur adjoint de méthodes quantitatives ainsi que par Adrien Espinet et Leighton Hutson. Il s’établit dans un premier temps à l’Université Concordia. Cette initiative se développe grâce au travail d’un groupe qui s’impliquera dans l’institut de recherche de la ligue nationale des Noirs du Canada entre 1971 et 1974.

 
 

1973

1974

 
 

L’Université Concordia née de la fusion du Loyola College et de la Sir George Williams University.

4 février : 125 membres de l’effectif étudiant, du corps professoral et administrateurs de l’ensemble de l’Université se rassemblent pour une série spéciale de séminaires intitulée Roadblocks to Education (Obstacles à l’éducation), afin de discuter des principaux enjeux auxquels doivent faire face les membres de l’effectif étudiant de l’Université. À travers leurs demandes, beaucoup de membres de l’effectif étudiant soulignent la nécessité d’un programme d’études des Noirs.

 
 

1977

Un étudiants discutent d'un projet. Étudiants en génie dans l’album des finissants de l’Université Concordia (1979). Source: Service de la gestion des documents et des archives de l’Université Concordia.

1982

 
 

26 mars : Un article de Rob Clément à propos du « racisme à Concordia » est publié dans The Link, un journal étudiant de l’Université. L’article dénonce les diverses formes de racisme que subissent les membres de la communauté noire de Concordia.

Esmeralda Thornhill élabore le contenu du premier cours accrédité en études des femmes noires au Canada, et l’enseigne à Concordia. Le cours, intitulé Black Women: The missing pages from Canadian Women’s Studies (Femmes noires : Les pages manquantes des études des femmes canadiennes), est offert à l’Institut Simone de Beauvoir et reçoit le soutien du comité régional de Montréal du Congrès des femmes noires du Canada, au sein duquel Esmeralda Thornhill est une membre active.

 
 

1983

1985

Un homme blanc plus âgé en costume serrant la main d'un étudiant athlète noir. À propos de l'image: Sylvia Sweeney, joueuese de basketball olympique de Concordia (1985). Source: Service de la gestion des documents et des archives de l’Université Concordia.
 
 

3 octobre : L’Association des étudiants et étudiantes de l’Université Concordia lance une série de conférences sur les droits de la personne. Les deux premières semaines sont consacrées aux discussions sur le racisme. Harry Edwards, médaillé d’or olympique ayant été à la tête d’une manifestation au cours des Jeux olympiques de 1968, ouvre la série. Son intervention est suivie d’une discussion en compagnie du professeur Leonard Jeffries, directeur des études des Noirs au City College de New York, invité pour l’occasion. Dans le cadre de la portion de la série consacrée aux droits des femmes, une conférence est donnée par Betty Shabazz, militante des droits de la personne et femme de Malcolm X.

Le Congrès des femmes noires de l’Université Concordia est créé.

Septembre : La ligue des femmes noires s’associe à l’Institut Simone de Beauvoir pour organiser une conférence à propos de l’expérience noire dans un contexte féministe en compagnie d’une invitée de marque, bell hooks47.

21 novembre : Quatre groupes étudiants de Concordia participent à la marche pour dénoncer l’assassinat d’Anthony Griffin, un homme noir âgé de 19 ans qui ne portait pas d’arme, abattu par le policier Allan Gosset devant un poste de police dans le quartier de Notre-Dame-de-Grâce à Montréal.

 
 

1987

1989

 
 

Février : Le groupe de travail sur le multiculturalisme est constitué par le vice-recteur Maurice Cohen.

L’African Students Association of Concordia est fondée.

 
 

Fin des années
1980s

1991

Un étudiant noir portant un manteau. Article sur les études des Noirs paru dans The Link (18 février 1992, p. 7).
 
 

Septembre : Le rapport intitulé « Balancing the Equation: Cultural Diversity at Concordia » (Trouver un équilibre : diversité culturelle à Concordia) (ci-après désigné le rapport Cohen) est publié. Ce rapport est émane du groupe de travail sur le multiculturalisme, établi deux ans plus tôt.

La chaire conjointe en études interculturelles et interraciales de l’Université Concordia et l’Université du Québec à Montréal est établie.

18 février : Un article rédigé par Colin Dennis intitulé « Concordia Black Studies far from being programmed (Études des Noirs à Concordia loin d’être programmées) » est publié dans The Link.

13 mars : Un second article rédigé par Colin Dennis intitulé « Fighting for Black Studies (La lutte pour les études des Noirs) » est publié dans The Link.

Mai : Un Comité spécial sur