Graham Carr à la CCMM : « Tout commence par le talent »

Pour Graham Carr, recteur de Concordia, tout commence par le talent.
« Pendant des décennies, nous – les universités, les entreprises et les gouvernements – avons construit une société prospère. Et une grande partie de cette prospérité réside dans notre capacité à attirer et à former des personnes talentueuses issues de tous les coins du monde. »
Graham Carr a livré ce message le 25 septembre dernier devant près de 500 chefs d’entreprise, lors d’une conférence prononcée à l’heure du dîner à l’invitation de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). Pendant 20 minutes, le recteur a expliqué pourquoi, selon lui, les récentes politiques gouvernementales affaiblissent le bassin de talents traditionnellement fort et diversifié de Montréal. Il a ensuite proposé quelques idées sur la façon dont les partenariats entre les universités et l’industrie pourraient contribuer à revitaliser la croissance économique de la ville.
Les universités sont toujours une « source d’espoir » pour bien des gens
Graham Carr a amorcé son allocution, intitulée « Au-delà du test de résistance : propulser les universités au cœur du Montréal de demain », en évoquant plusieurs bonnes nouvelles. Il a mentionné la réussite de la Campagne pour Concordia : Place à la prochaine génération, qui vient de prendre fin. Il a ensuite félicité la diplômée Jessica Lee Gagné (B. Bx-arts 2012) pour son prix Emmy, et rappelé que l’École de gestion John-Molson s’est classée première au Canada au palmarès de Bloomberg Businessweek pour l’enseignement de la gestion.
Enfin, il a salué le lancement historique de la fusée Starsailor par le Club spatial de Concordia, le qualifiant de remarquable réussite. Deux étudiants de l’équipe du lancement étaient présents dans la salle, et l’auditoire a applaudi avec enthousiasme lorsque Graham Carr les a présentés.
« Pour de nombreuses personnes, notamment nos donateurs, nos diplômés et nos étudiants, les universités représentent un espoir dans un monde en pleine turbulence, a déclaré Graham Carr. Elles ont la capacité unique de transmettre des connaissances, de stimuler l’innovation et de favoriser l’acquisition des compétences nécessaires pour relever les défis de l’avenir dans un monde en constante évolution. »
« Pendant encore combien de temps allons-nous tenir nos universités pour acquises? »
Après la cérémonie d’ouverture, Graham Carr a expliqué pourquoi il est de plus en plus difficile pour les universités de remplir leur mission et de mener à bien des projets ambitieux. Il a brossé un sombre tableau de la situation des universités québécoises, qui s’explique par un sous-financement chronique et par les récentes politiques gouvernementales ayant pour effet de réduire le nombre d’étudiants étrangers.
Dans ce contexte, selon le recteur, la réputation internationale de Montréal a été sérieusement mise à mal. L’auditoire a visiblement eu le souffle coupé lorsqu’il a annoncé qu’en 2017, QS avait nommé Montréal meilleure ville universitaire du monde, mais que cette année, la ville était arrivée ex æquo au 18e rang dans cette même catégorie.
« Combien de temps pourrons-nous tenir nos universités pour acquises avant de perdre notre avantage? » Vu la concurrence mondiale croissante pour attirer les meilleurs étudiants, Graham Carr est d’avis que Montréal a déjà atteint ce point critique.
Il s’est ensuite adressé directement aux entreprises. Il a prédit que, si les tendances qui nuisent actuellement à l’acquisition de talents se poursuivent, les difficultés qu’éprouvent aujourd’hui les universités se répercuteront bientôt sur les entreprises.
« Dans trois, quatre ou cinq ans, votre vivier de talents ne sera plus le même, a-t-il avancé. Il sera moins diversifié, moins multilingue, moins cosmopolite. »
Un appel urgent à la collaboration
Si Graham Carr n’a pas hésité à nommer des réalités difficiles, il a également évoqué une vision optimiste de l’avenir, un avenir où les universités et les entreprises pourront relever les défis actuels en renforçant les modes de collaboration éprouvés et en recherchant de nouvelles formes de partenariat.
« Et tout commence par le talent », a-t-il résumé.
Le recteur de Concordia a souligné l’importance que l’Université accorde à l’offre d’occasions d’apprentissage en milieu de travail. L’année dernière, 700 entreprises – grandes et petites, à Montréal et partout ailleurs au Québec – ont embauché plus de 2 000 étudiantes et étudiants de Concordia. Aux entreprises désireuses de renflouer leur bassin de talents, Graham Carr a suggéré que les partenariats avec les universités dans le cadre de programmes coop étaient le point de départ le plus logique.
Toutefois, compte tenu de l’ampleur des défis, le recteur estime que les programmes traditionnels ne suffisent plus. Selon lui, attirer, former et retenir les talents doivent constituer le principe directeur de toutes les initiatives prises par les universités et les entreprises.
Pour illustrer cette approche, Graham Carr a décrit le projet PLAN/NET-ZÉRØ, dont l’objectif est la décarbonation des campus de Concordia d’ici 2040. L’Université a lancé ce projet à la CCMM en 2023.
Dans le cadre de PLAN/NET-ZÉRØ, Concordia a établi un partenariat avec Énergir et Hydro-Québec pour mettre au point des solutions énergétiques durables sur le campus Loyola. De plus, l’Université a récemment attribué un contrat novateur à la société Johnson Controls, chef de file mondial dans le domaine des technologies des bâtiments intelligents. L’entreprise intégrera des activités de recherche et de formation en temps réel au processus de rénovation d’un pavillon administratif du centre-ville.
Selon Graham Carr, ces deux projets illustrent la manière dont Concordia transforme ses campus en « laboratoires vivants » où le talent peut s’épanouir « grâce à l’innovation conjointe et à la recherche appliquée réalisées dans le cadre d’une collaboration entre les étudiants, les chercheurs, les partenaires de l’industrie et les communautés ».
Graham Carr a conclu son discours en lançant « un appel urgent au retour de la collaboration ». Il a pressé les universités québécoises et le secteur privé de s’appuyer sur leur longue histoire de partenariats fructueux afin de préserver la prospérité de Montréal.
« Nous devons endiguer la perte de talents, reprendre notre élan et redonner à notre ville la place qui lui revient, celle d’un pôle d’attraction pour le monde entier », a-t-il affirmé tandis que l’assistance se levait pour applaudir.
Conversation entre Concordiens
À la suite de son allocution, Graham Carr s’est entretenu avec Isabelle Dessureault (M. Bx-arts 1999), présidente et chef de la direction de la CCMM.
Les deux Concordiens ont notamment discuté du rôle de l’Université en tant que partenaire essentiel dans la promotion de la langue française et dans l’intégration des étudiants étrangers et non francophones à la société québécoise. Graham Carr a souligné l’énorme avantage que représente, pour les étudiants de Concordia, le fait « d’apprendre en anglais tout en vivant en français ».
De temps en temps, a poursuivi Graham Carr, une étudiante ou un étudiant de Concordia connaît le succès sur la scène internationale. C’est d’ailleurs ce qui allait se produire quelques jours plus tard. En effet, le 27 septembre, Alexandra Tessier (B.A. 2017, B. Comm. 2019), capitaine de l’équipe canadienne de rugby, a mené ses troupes à la finale de la Coupe du monde de rugby féminin.
Graham Carr a affirmé ne pouvoir imaginer de meilleure ambassadrice pour Montréal et le Québec, terminant son discours en lançant « Go Stingers! Et go Canada! ».
Lisez le texte intégral du discours livré par le recteur Graham Carr devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.