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L’étalement urbain demeure un concept obscur pour beaucoup de jeunes Montréalais, selon une étude de l’Université Concordia

L’étude montre qu’il suffit d’un peu de sensibilisation pour faire évoluer les mentalités et les préférences en matière de logement
7 mai 2025
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A view of Montreal from the Champlain Bridge

La banlieue, avec ses maisons unifamiliales, ses grandes cours et ses vastes possibilités de stationnement, continue d’exercer un attrait très puissant auprès d’une forte proportion de jeunes adultes, révèle une nouvelle étude interdisciplinaire de l’Université Concordia publiée dans la revue Géographies canadiennes.

Mais les zones urbaines denses, qui offrent une riche vie de quartier et des commerces de proximité tout en répondant à des impératifs écologiques, peuvent être très attirantes elles aussi.

Et cet attrait devient encore plus grand lorsque des concepts comme l’étalement urbain et la justice intergénérationnelle – soit l’idée selon laquelle nous devrions léguer aux générations futures un monde aussi bon, voire meilleur, que celui dans lequel nous sommes nés – se répandent et influent sur les décisions.

Il faudra toutefois certains efforts pour changer la donne : près du tiers des répondants à une enquête sur les préférences en matière de logement n’avaient jamais entendu parler d’étalement urbain avant de participer à l’étude.

Or, après avoir été sensibilisées aux concepts d’étalement urbain et de justice intergénérationnelle, ces personnes ont eu nettement tendance à préférer un milieu structuré et densément peuplé.

Selon Jochen Jaeger, professeur agrégé au Département de géographie, urbanisme et environnement et auteur de l’étude, ces résultats montrent qu’il est urgent de conscientiser les jeunes adultes sur ces questions.

« Les médias et les enseignants doivent répondre à un besoin criant d’information chez les jeunes et les moins jeunes, déclare-t-il. Si personne ne leur parle d’étalement urbain, comment pourront-ils savoir de quoi il s’agit? Nous devons les éclairer sur ce sujet. »

 Un homme vêtu d'une chemise et d'une veste bleues et portant des lunettes se tient près d'une fenêtre. « Si personne ne leur parle d’étalement urbain, comment pourront les jeunes et les moins jeunes savoir de quoi il s’agit? Nous devons les éclairer sur ce sujet », déclare Jochen Jaeger.

Léguer une ville durable

Âgés en moyenne de 22 ans, les 166 étudiantes et étudiants de premier cycle de Concordia qui ont participé à l’étude ont répondu à 40 questions portant sur la croissance des villes, leurs préférences en matière de logement et la justice intergénérationnelle.

On leur a demandé de classer les options de logement suivantes, par ordre de préférence sur une échelle d’un à cinq : grande maison unifamiliale de plusieurs chambres sans accès au transport collectif vers le centre-ville de Montréal (option 1), maison dans l’Ouest de l’île (option 2), condo dans la Ville de Mont-Royal (option 3), condo dans le quartier du Plateau-Mont-Royal (option 4) et condo d’une chambre au centre-ville (option 5).

On a également demandé aux personnes interrogées de répondre à des questions portant sur l’espace habitable, la possession d’une cour ou d’un jardin, la vie communautaire, les temps de déplacement, les conséquences environnementales, l’étalement urbain et le portrait de la ville dans 50 ans.

Les étudiantes et étudiants ont été invités à répondre deux autres fois aux mêmes questions, mais en se projetant aux âges de 30 ans et de 70 ans. On leur a aussi demandé ce qu’ils recommanderaient à une personne de 30 ans dans 50 ans d’ici.

Deux vidéos de cinq minutes ont été projetés entre les séries de questions. L’un de ces vidéos expliquait le concept d’étalement urbain et l’histoire de l’étalement urbain à Montréal tandis que l’autre présentait les principes de base de la justice intergénérationnelle.

« On a pu constater qu’après avoir vu les vidéos et saisi le concept d’étalement urbain, les étudiants accordaient plus d’importance à l’aspect environnemental lorsqu’ils se projetaient en tant que septuagénaires faisant des recommandations à de futurs trentenaires. »

La plupart ont convenu qu’il fallait léguer aux futures générations une ville moins tentaculaire et dotée d’un meilleur système de transport en commun qu’aujourd’hui.

« Cette étude est surtout utile parce qu’elle conscientise la population au fait que la ville que nous bâtissons aujourd’hui sera là pour des décennies sinon des siècles et que nous devons donc appliquer des principes de durabilité dès maintenant », estime le Pr Jaeger.

« Ce que nous construisons devient permanent. Si nous ne créons pas une ville durable dès maintenant, ce sont les futures générations qui en subiront les conséquences. »

L’étude est le fruit d’une collaboration interdépartementale entre des membres du Centre de recherche Loyola sur la durabilité et des membres du corps professoral des départements de géographie, urbanisme et environnement, de philosophie, de psychologie et du Collège Loyola pour la diversité et la durabilité.

L’article a été corédigé par Mirja Reid (B.A. 2022); Matthias Fritsch, professeur au Département de philosophie; Rebecca Tittler, professeure à temps partiel au Collège Loyola pour la diversité et la durabilité; Craig Townsend, professeur agrégé et directeur du Département de géographie, urbanisme et environnement; William Bukowski, professeur au Département de psychologie; et Ryan Persram, de l’Université métropolitaine de Toronto.

Lisez l’article cité : Sharing cities with the future: How concerned are young Montrealers today about the implications of their residential choices for future generations?



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